Loi de 1905. Dévoyer la laïcité pour guerroyer contre l’islam

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Le conseil des ministres proposera le 9 décembre 2020, date anniversaire de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État, un texte « confortant les principes républicains ». Sous couvert de défendre la laïcité, il s’inscrit en faux contre la lettre et l’esprit de la loi de 1905, marquée par un libéralisme assumé par son promoteur Aristide Briand. Et bien étranger à l’idée d’expulsion du religieux de l’espace public que préconisent les campagnes actuelles contre l’islam et les musulmans.

« Il y a le fanatisme religieux et le fanatisme irréligieux, et le second est aussi mauvais que le premier. » Au milieu des éclats de rire, Jules Ferry s’adresse, le 19 avril 1881, au second congrès pédagogique des instituteurs et institutrices publics de France<a href="https://orientxxi.info/magazine/loi...aicite-pour-guerroyer-contre-l-islam,4343#nb1" rel="appendix" title="Cité par Guy Gauthier et Claude Nicolet, La Laïcité en mémoire, Edilig, 1987">1</a>. Ces propos du fondateur de l’école publique en France éclairent une réalité effacée : la lutte pour la laïcité en France s’est menée sur un double front. D’abord, prioritairement, contre l’Église catholique, une force pesante, arrogante et antirépublicaine qui ne voulait rien céder de ses prérogatives. Mais aussi à l’intérieur du camp républicain, contre ceux qui voyaient dans la laïcité une arme pour détruire non pas le cléricalisme, mais les religions.

Or, à chacune des deux étapes décisives de la longue marche vers la séparation des Églises et de l’État entamée après la naissance de la IIIe République — la laïcisation de l’enseignement, la loi de 1905 —, les gouvernements successifs ont préféré le compromis à l’intransigeance, le dialogue aux invectives, l’évolution des esprits à la guerre civile.

Des croix dans les écoles​

Entre 1882 et 1886, plusieurs lois vont organiser la triple « laïcisation » de l’école : celle des programmes, celle des locaux et celle des enseignants ; mais jamais n’est évoquée la laïcisation des élèves. Avec la loi du 28 mars 1882, l’enseignement primaire devient gratuit et l’instruction obligatoire, tandis que l’enseignement religieux est interdit dans les écoles primaires d’État<a href="https://orientxxi.info/magazine/loi...aicite-pour-guerroyer-contre-l-islam,4343#nb2" rel="appendix" title="Il s’en est fallu de peu que l’Assemblée ne vote le droit d’utiliser les&nbsp;(…)">2</a>.

La transition vers l’école publique se fit fermement, mais en douceur, comme en témoigne l’affaire des crucifix. Fallait-il retirer ces signes religieux des écoles publiques ? Les circulaires ministérielles appelèrent à appliquer la loi « dans l’esprit même où elle a été votée, dans l’esprit des déclarations réitérées du gouvernement, non comme une loi de combat dont il faut violemment enlever le succès, mais comme une des grandes lois organiques qui sont destinées à vivre avec le pays, à entrer dans les mœurs, à faire partie de son patrimoine »<a href="https://orientxxi.info/magazine/loi...aicite-pour-guerroyer-contre-l-islam,4343#nb3" rel="appendix" title="Sauf mention contraire, les citations sont tirées de Alain Gresh, L’Islam,&nbsp;(…)">3</a>). On décida donc de ne plus installer de croix dans les bâtiments qui seraient construits, de les décrocher là où cela ne posait pas problème et de les maintenir là où les enlever pouvait créer des troubles. Leur élimination complète allait prendre près d’un siècle..............

 
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