Ce que l'on sait de l'interdiction d'ordinateurs en cabine

thitrite

Contributeur
Contributeur
Ce que l'on sait de l'interdiction d'ordinateurs en cabine


Les vols EgyptAir sont impactés par la décision des Etats-Unis et du Royaume-Uni (image d'illustration).Amr Abdallah Dalsh / Reuters

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont décidé ce mardi de l'interdiction des ordinateurs portables et tablettes en cabine sur les vols en provenance de plusieurs pays arabes et de Turquie.

Washington et Londres ont décidé mardi d'interdire ordinateurs portables et tablettes en cabine, sur les vols en provenance de plusieurs pays arabes et de Turquie. Voici ce que l'on sait:


Ce qui est interdit

- Selon la décision américaine, tous les appareils électroniques plus gros qu'un téléphone portable seront interdits en cabine à compter de samedi et devront être mis en soute. Cela concerne les ordinateurs portables, tablettes, consoles de jeux, liseuses, lecteurs de DVD, appareils photos…

- Pour les vols directs des compagnies concernées à destination du Royaume-Uni, Londres a décidé d'interdire en cabine "tout téléphone, ordinateur portable ou tablette plus grand qu'un téléphone portable de taille normale (longueur 16 cm, largeur 9,3 cm et épaisseur 1,5 cm)".

Les pays concernés
- Les Etats-Unis vont appliquer ces mesures à partir de samedi à huit pays, tous alliés ou partenaires des Etats-Unis: la Jordanie, l'Egypte, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Maroc.



- Le Royaume-Uni applique immédiatement ses restrictions à la Turquie et cinq pays arabes: le Liban, la Jordanie, l'Egypte, la Tunisie et l'Arabie saoudite.

Les compagnies aériennes touchées
- Une cinquantaine de vols quotidiens de neuf compagnies aériennes (Royal Jordanian, EgyptAir, Turkish Airlines, Saudi Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways) sont affectés par la décision américaine.

- La décision britannique concerne 14 compagnies: British Airways, EasyJet, Jet2.com, Monarch, Thomas Cook, Thomson, Turkish Airlines, Pegasus Airways, Atlas-Global Airlines, Middle East Airlines, Egyptair, Royal Jordanian, Tunis Air et Saudia.

Pourquoi ?
- Les Etats-Unis ont invoqué un risque d'attentats. "L'examen de renseignements indique que des groupes terroristes continuent de viser le transport aérien et cherchent de nouvelles méthodes pour perpétrer leurs attentats, comme dissimuler des explosifs dans des biens de consommation", a expliqué un responsable américain.

D'après la télévision CNN, citant un cadre de l'administration de Donald Trump, cette décision serait liée à une menace émanant d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), la branche du groupe jihadiste au Yémen.

- A Londres, le ministre des Transports Chris Gayling a parlé, dans une déclaration écrite au parlement, de "menace terroriste en constante évolution". Le porte-parole du gouvernement s'est contenté d'invoquer "la sécurité des voyageurs", sans plus de détails.

Les pays pouvant suivre
- La France réfléchit: un porte-parole de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a déclaré à l'AFP que pour l'instant, "rien n'a été décidé ni arbitré pour ce qui est de la France. Il y a une analyse du risque qui est en cours par les services compétents en matière de sûreté aérienne, et également des discussions interministérielles en cours qui détermineront si mesures il y a ou pas".

- L'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, tous les trois membres de la puissante alliance des services de renseignement "Five Eyes" avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, sont susceptibles de prendre la même décision que leurs deux alliés.

Le Canada examine la possibilité d'imiter les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a ainsi indiqué le ministre des Transports, Marc Garneau.

- Selon le ministère allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, "l’Allemagne ne prévoit pas actuellement de mesure équivalente".

Réaction des pays concernés
- Jusqu'ici seule la Turquie a réagi: le ministre des Transports Ahmet Arslan a demandé aux Etats-Unis "de revenir en arrière ou d'alléger" cette mesure en invoquant notamment l'impact potentiel sur l'afflux de passagers pour la compagnie Turkish Airlines, fleuron de l'économie turque.


http://www.parismatch.com/Actu/Inte...-interdiction-d-ordinateurs-en-cabine-1216070
 

mam80

la rose et le réséda
Modérateur
Ce que cache l'interdiction des tablettes à bord des avions
Cette mesure, qui ne cible que certaines compagnies et n'a pas de véritable efficacité sur la sécurité, pourrait être aussi un acte de rétorsion commercial.

En mars 2016, alors qu'un Airbus A319 de la compagnie Daloo Airlines vient de décoller de Mogadiscio, l'ordinateur d'un passager explose, faisant un trou dans la carlingue, par lequel est aspiré le terroriste. Il sera la seule victime de cet attentat, puisque l'avion qu'il voulait détruire reviendra se poser sur l'aéroport de la capitale de la Somalie sans problème quelques minutes plus tard.

Il y a donc bien un risque réel avec le matériel électronique qu'emmènent les passagers dans leurs bagages à main. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les agents de sécurité demandent parfois – mais pas assez fréquemment – au moment des contrôles de mettre sous tension tablettes ou ordinateurs portables, afin de vérifier si les batteries n'ont pas été remplacées par un engin explosif.

Mais pourquoi avoir attendu un an après l'affaire de Mogadiscio avant que les États-Unis, bientôt suivis de la Grande-Bretagne et peut-être d'autres pays – dont la France – décident d'interdire tablettes et ordinateurs portables dans les bagages à main des avions en provenance directe de huit pays musulmans ? Une mesure que la plupart de ces pays ont immédiatement jugée discriminatoire. Certains faisant d'ailleurs remarquer que des actions terroristes récentes se sont également produites en France, en Belgique ou en Allemagne et que ces pays pourraient tout autant figurer dans la liste des aéroports concernés.

Pas moins dangereux en soute
On peut aussi se demander si la sécurité sera vraiment renforcée en reléguant dans les soutes des avions les appareils électroniques dont la taille est supérieure à celle d'un téléphone portable. Si les bagages en soute sont contrôlés, ils le sont avec des chiens entraînés à repérer des explosifs, plus qu'avec du matériel sophistiqué qui est très coûteux. Et cet examen n'est pas systématique. De plus, une explosion ou un incendie dans une soute peuvent être bien plus dangereux qu'un incident en cabine où le personnel commercial peut intervenir rapidement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle jusqu'alors les compagnies aériennes recommandaient de ne pas mettre en soute des appareils avec des batteries au lithium susceptibles de prendre feu. Enfin, il ne faut pas se leurrer, un terroriste déterminé fera exploser son engin, par télécommande ou avec un système à retardement horaire, qu'il soit placé sous le siège d'une cabine ou en soute.

.../...
 

mam80

la rose et le réséda
Modérateur
suite et fin

Les responsables de la sécurité aérienne aux États-Unis, la TSA, Transport Security Administration, ont été peu précis dans leurs réponses. Ils ont évoqué de nouvelles menaces venant d'Al-Qaïda pour toucher le transport aérien. Mais l'un d'eux a tout de même reconnu sur NBC : « C'est une décision qui aurait pu être prise le mois dernier… ou jamais. »

Concurrence
Au point que les spécialistes du transport aérien se demandent s'il n'y a pas derrière cette mesure, très expéditive – elle sera opérationnelle dès le 25 mars –, une décision américaine strictement commerciale. Dès le début de sa présidence, Trump s'en est pris aux compagnies aériennes du Moyen-Orient qui font une concurrence déloyale aux avions américains en profitant de subventions de leurs gouvernements et de tarifs de faveur sur la plupart des aéroports de la péninsule arabique. C'est d'ailleurs une distorsion de concurrence que des compagnies comme Air France soulignent depuis longtemps sans trouver beaucoup de soutien auprès des gouvernements français successifs.

Or, la plupart des compagnies aériennes du Golfe, notamment Emirates, Etihad, Qatar Airways, mais aussi Turkish Airlines, viennent d'investir des sommes très importantes – on évoque 22 millions de dollars pour Emirates – afin de permettre à leurs passagers d'utiliser le wi-fi en permanence à bord de leurs long-courriers. Ce qui n'est pas le cas des compagnies américaines, au moins sur les vols transatlantiques. La décision américaine d'interdire les ordinateurs et tablettes à bord, rend donc – au moins provisoirement – ces investissements et l'argument commercial qui les accompagne complètement inutiles.

Est-ce un hasard si, il y a moins de quinze jours, Donald Trump a reçu les dirigeants de la plupart des compagnies aériennes américaines et leur a promis qu'il ferait en sorte de corriger « une situation parfaitement injuste pour leur industrie » ?

http://www.lepoint.fr/editos-du-poi...uS3#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20170323


mam
 
Haut