Difkoum
Anti sioniste et khawa khawa.
Un texte de mon ami Mohamed Talbi dans lequel je me reconnais totalement.
“ On peut très bien accepter son sort comme le cactus accepte la caillasse où il pousse. ”
- Driss Chraïbi -
( Titre : L'Otage. )
" Que diable es-tu revenu foutre ici ? " me disaient les miens, les amis anciens, et tous ceux que je connais de près ou de loin, lors de mon dernier séjour au Maroc, mon pays natal,
Certains le faisaient sur un ton de reproche, d'autres le formulaient avec une pointe de sarcasme, les plus aimables considéraient que j'étais fou, tout juste bon à être interné dans un hôpital,
Je les regardais sans comprendre, me demandant en quoi revenir chez-soi était anormal, pourquoi on incriminait l'amour que je portais à ma patrie, quelle faute il y avait à ne pas vouloir rompre ce cordon ombilical,
Et je finis par me résoudre à l'idée que, peut-être, ces gens-là se sentaient lésés, qu'ils rêvaient d'une vie plus heureuse, plus aisée, qu'à force de privations et de frustrations, ils avaient l'impression de vivre l'enfer carcéral ;
Cependant, je n'éprouvai à leur égard ni pitié, ni compassion, car lorsque j'allais sur les réseaux sociaux, je relevais de curieuses, d'intriguantes contradictions,
Chacun à leur manière, ils y faisaient montre d'un patriotisme effréné, sans faille, criaient à cor et à cri à la face du monde que de tous les autres, leur pays était le plus beau, le meilleur,
Ne mâchaient pas leurs mots quand ils s'en prenaient à d'autres peuples, les couvraient d'opprobre, exhibaient sans retenue leur chauvinisme aveugle, se targuaient sans vergogne d'être une grande nation,
Lynchaient celle, celui qui leur cherchaient noise en leur rappelant l'absurde de leur situation, le déni dans lequel ils s'enlisaient, le ridicule dont ils se couvraient quand ils parlaient de prospérité et de bonheur ;
" Un fou, c'est quelqu'un qui a tout perdu, sauf la raison ", disait Chesterton, et dans mon asile psychiatrique, je pense à ces gens-là, et je me demande s'ils ne sont pas sous l'effet de quelque drogue psychédélique,
Car comment peut-on à la fois haïr et aimer, critiquer et louer, dénigrer et glorifier, rejeter et accepter ? Est-il compréhensible que l'on aime son pays jusqu'à le sacraliser, et qu'en même temps, l'on veuille vaille que vaille le fuir, l'abandonner ?
C'était peut-être une erreur, ce retour vers mes origines, ce désir irrépressible de retrouver mes racines, cette envie irrésistible de chercher à renouer avec une partie de moi-même, cet élan automatique, presque somnambulique,
Mais je ne parviens toujours pas à m'expliquer que les miens se disent prêts à se sacrifier pour leur patrie et qu'au fur et à mesure, ils veulent à tout prix partir, ni à trancher lequel de nous est sain d'esprit, lequel est schizophrène, aliéné...
- Mohammed Talbi -
“ On peut très bien accepter son sort comme le cactus accepte la caillasse où il pousse. ”
- Driss Chraïbi -
( Titre : L'Otage. )
" Que diable es-tu revenu foutre ici ? " me disaient les miens, les amis anciens, et tous ceux que je connais de près ou de loin, lors de mon dernier séjour au Maroc, mon pays natal,
Certains le faisaient sur un ton de reproche, d'autres le formulaient avec une pointe de sarcasme, les plus aimables considéraient que j'étais fou, tout juste bon à être interné dans un hôpital,
Je les regardais sans comprendre, me demandant en quoi revenir chez-soi était anormal, pourquoi on incriminait l'amour que je portais à ma patrie, quelle faute il y avait à ne pas vouloir rompre ce cordon ombilical,
Et je finis par me résoudre à l'idée que, peut-être, ces gens-là se sentaient lésés, qu'ils rêvaient d'une vie plus heureuse, plus aisée, qu'à force de privations et de frustrations, ils avaient l'impression de vivre l'enfer carcéral ;
Cependant, je n'éprouvai à leur égard ni pitié, ni compassion, car lorsque j'allais sur les réseaux sociaux, je relevais de curieuses, d'intriguantes contradictions,
Chacun à leur manière, ils y faisaient montre d'un patriotisme effréné, sans faille, criaient à cor et à cri à la face du monde que de tous les autres, leur pays était le plus beau, le meilleur,
Ne mâchaient pas leurs mots quand ils s'en prenaient à d'autres peuples, les couvraient d'opprobre, exhibaient sans retenue leur chauvinisme aveugle, se targuaient sans vergogne d'être une grande nation,
Lynchaient celle, celui qui leur cherchaient noise en leur rappelant l'absurde de leur situation, le déni dans lequel ils s'enlisaient, le ridicule dont ils se couvraient quand ils parlaient de prospérité et de bonheur ;
" Un fou, c'est quelqu'un qui a tout perdu, sauf la raison ", disait Chesterton, et dans mon asile psychiatrique, je pense à ces gens-là, et je me demande s'ils ne sont pas sous l'effet de quelque drogue psychédélique,
Car comment peut-on à la fois haïr et aimer, critiquer et louer, dénigrer et glorifier, rejeter et accepter ? Est-il compréhensible que l'on aime son pays jusqu'à le sacraliser, et qu'en même temps, l'on veuille vaille que vaille le fuir, l'abandonner ?
C'était peut-être une erreur, ce retour vers mes origines, ce désir irrépressible de retrouver mes racines, cette envie irrésistible de chercher à renouer avec une partie de moi-même, cet élan automatique, presque somnambulique,
Mais je ne parviens toujours pas à m'expliquer que les miens se disent prêts à se sacrifier pour leur patrie et qu'au fur et à mesure, ils veulent à tout prix partir, ni à trancher lequel de nous est sain d'esprit, lequel est schizophrène, aliéné...
- Mohammed Talbi -