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VIB
L'offensive militaire israélienne à Gaza et les manifestations qu'elle a engendrées dans divers Etats membres ont entraîné une forte radicalisation au sein de la jeunesse musulmane en Europe. Telle est la conviction de plusieurs experts de la sécurité. Tant du côté de la Commission que du conseil des ministres de l'Union européenne, les commentaires officiels sont prudents et plus nuancés. "J'ai un doute mais j'aimerais savoir. Je pense en tout cas que les chaînes arabes d'information ont joué un rôle considérable que nous nous devons d'examiner", commente un haut fonctionnaire du conseil.
Les menaces que font peser des groupuscules islamistes sont toujours jugées "sérieuses", en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, notamment. Des arrestations opérées il y a quelques semaines en Belgique semblent avoir établi des liens directs avec des filières pakistanaises, confirmant l'attrait renouvelé de jeunes vivant en Europe pour le djihad.
Les services de Gilles de Kerckhove, le coordinateur de la politique antiterroriste de l'Union, jugent en tout cas que la stratégie lancée en 2005, visant à prévenir le recrutement et la radicalisation, doit être maintenue et approfondie. Ce plan entendait aussi analyser les causes qui conduisent des jeunes à adhérer aux idées radicales puis, pour certains d'entre eux, à s'engager dans des mouvements violents.
Du côté de la Commission, et singulièrement de la direction générale Justice, liberté, sécurité (JLS), que dirige Jacques Barrot, on semble plus réservé. Soucieux de ne pas "stigmatiser", de ne pas donner l'impression qu'une communauté dans son ensemble est, une fois de plus, montrée du doigt, on a une approche beaucoup plus réservée que celle de Franco Frattini, le prédécesseur de M. Barrot. Le commissaire italien avait fait de la lutte contre la radicalisation l'une des priorités de son action.
Du coup, une série d'études diligentées par la Commission, ainsi que les travaux d'un groupe d'experts ont apparemment été remisés. Déposés il y a quelques mois, ils contiennent pourtant de nombreuses recommandations. Parfois divergentes et marquées par les origines nationales de leurs auteurs, ces études de terrain se rejoignent pour désigner les principaux lieux de la radicalisation islamiste : les prisons, les établissements d'enseignement et Internet, devenu l'endroit du "recrutement virtuel", soulignent des experts du King's College de Londres. Ils invitent les Etats membres à établir des moyens humains et techniques et à développer un "contre-discours" susceptible d'endiguer la propagande radicale sur la Toile. Encore balbutiant, ce projet piloté par l'Allemagne et intitulé Check the Web confie une mission de contrôle des sites radicaux à Europol.
Pour les prisons, lieu d'un endoctrinement très difficile à contrer, l'idée est de mettre au point un manuel destiné aux personnels et commun à tous les Etats membres. Les experts du Change Institute de Londres suggèrent de faire appel à des organisations de la société civile musulmane pour élaborer d'urgence un plan d'action.
Les rapports mettent aussi en évidence une forte baisse de l'âge moyen des recrues pour le djihad. D'où la nécessité d'une action en milieu scolaire, faisant notamment appel aux notions d'identité, de citoyenneté et de multiculturalisme avec, à la clé, une formation poussée des enseignants sur ces thèmes. La Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS, Paris) souligne la nécessité de financer l'enseignement des langues vernaculaires, devenu un monopole des centres islamistes. Plus généralement, il faudrait favoriser "une culture de masse européenne de l'islam en direction des jeunes issus de l'immigration" et cesser de présenter cette religion de manière conflictuelle, suggère la CEIS.
A propos du Moyen-Orient, les rapports notent qu'il conviendrait d'étudier attentivement l'idée qu'une résolution des conflits en cours pourrait avoir un fort impact de "contre-radicalisation" en Europe. Ils soulignent que de nombreux musulmans radicaux interrogés pour ces enquêtes se plaignent surtout de l'immobilisme des pays occidentaux.
Jean-Pierre Stroobants
Les menaces que font peser des groupuscules islamistes sont toujours jugées "sérieuses", en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, notamment. Des arrestations opérées il y a quelques semaines en Belgique semblent avoir établi des liens directs avec des filières pakistanaises, confirmant l'attrait renouvelé de jeunes vivant en Europe pour le djihad.
Les services de Gilles de Kerckhove, le coordinateur de la politique antiterroriste de l'Union, jugent en tout cas que la stratégie lancée en 2005, visant à prévenir le recrutement et la radicalisation, doit être maintenue et approfondie. Ce plan entendait aussi analyser les causes qui conduisent des jeunes à adhérer aux idées radicales puis, pour certains d'entre eux, à s'engager dans des mouvements violents.
Du côté de la Commission, et singulièrement de la direction générale Justice, liberté, sécurité (JLS), que dirige Jacques Barrot, on semble plus réservé. Soucieux de ne pas "stigmatiser", de ne pas donner l'impression qu'une communauté dans son ensemble est, une fois de plus, montrée du doigt, on a une approche beaucoup plus réservée que celle de Franco Frattini, le prédécesseur de M. Barrot. Le commissaire italien avait fait de la lutte contre la radicalisation l'une des priorités de son action.
Du coup, une série d'études diligentées par la Commission, ainsi que les travaux d'un groupe d'experts ont apparemment été remisés. Déposés il y a quelques mois, ils contiennent pourtant de nombreuses recommandations. Parfois divergentes et marquées par les origines nationales de leurs auteurs, ces études de terrain se rejoignent pour désigner les principaux lieux de la radicalisation islamiste : les prisons, les établissements d'enseignement et Internet, devenu l'endroit du "recrutement virtuel", soulignent des experts du King's College de Londres. Ils invitent les Etats membres à établir des moyens humains et techniques et à développer un "contre-discours" susceptible d'endiguer la propagande radicale sur la Toile. Encore balbutiant, ce projet piloté par l'Allemagne et intitulé Check the Web confie une mission de contrôle des sites radicaux à Europol.
Pour les prisons, lieu d'un endoctrinement très difficile à contrer, l'idée est de mettre au point un manuel destiné aux personnels et commun à tous les Etats membres. Les experts du Change Institute de Londres suggèrent de faire appel à des organisations de la société civile musulmane pour élaborer d'urgence un plan d'action.
Les rapports mettent aussi en évidence une forte baisse de l'âge moyen des recrues pour le djihad. D'où la nécessité d'une action en milieu scolaire, faisant notamment appel aux notions d'identité, de citoyenneté et de multiculturalisme avec, à la clé, une formation poussée des enseignants sur ces thèmes. La Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS, Paris) souligne la nécessité de financer l'enseignement des langues vernaculaires, devenu un monopole des centres islamistes. Plus généralement, il faudrait favoriser "une culture de masse européenne de l'islam en direction des jeunes issus de l'immigration" et cesser de présenter cette religion de manière conflictuelle, suggère la CEIS.
A propos du Moyen-Orient, les rapports notent qu'il conviendrait d'étudier attentivement l'idée qu'une résolution des conflits en cours pourrait avoir un fort impact de "contre-radicalisation" en Europe. Ils soulignent que de nombreux musulmans radicaux interrogés pour ces enquêtes se plaignent surtout de l'immobilisme des pays occidentaux.
Jean-Pierre Stroobants