Malgré les pressions de l'ONU, l'UE divisée sur l'envoi d'une force en RDC

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BRUXELLES (AFP) — Malgré l'appel pressant de l'ONU, les Européens sont restés partagés lundi sur l'envoi d'une force relais pour épauler la mission des Nations unies (Monuc) dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Si l'Europe, (...) cette aventure politique et morale née de la guerre, ne répond pas à une situation aussi cruellement ressentie par les téléspectateurs et les millions de Congolais, alors qu'est-ce que l'Europe?", s'est emporté lundi le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dont le pays préside l'UE.

"Mais malheureusement cette indignation n'est pas partagée par l'ensemble des 27", a-t-il ajouté à l'issue à une réunion avec ses homologues de l'UE.

La France, handicapée par ses relations très tendues avec le Rwanda -pays considéré comme le principal soutien du chef de la rébellion Laurent Nkunda-, n'est pourtant pas prête elle-même à diriger cette opération.

L'Union européenne a reçu vendredi une demande écrite du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour mettre une place une mission intérimaire dans l'attente de l'arrivée de 3.000 Casques bleus supplémentaires prévus pour renforcer les 17.000 déjà sur place.

En raison des problèmes pour trouver ces 3.000 hommes, ces renforts risquent de ne pas arriver avant au moins "quatre mois", selon des sources européennes.

Dans sa lettre, Ban Ki-moon suggère une force européenne "courte" et aux tâches précises de "protection des populations civiles et de prévention d'une catastrophe humanitaire", sur le modèle de la mission Artemis, a précisé un diplomate européen.

Dans le cadre d'Artemis, l'UE était intervenue en 2003 dans la ville de Bunia, chef-lieu du district de l'Ituri (est), pour mettre fin aux combats sanglants entre milices qui se déroulaient sous le regard impuissant de quelque 700 Casques bleus.

Mais comme ces dernières semaines, lors des offensives diplomatiques françaises et belges pour créer une mission européenne, les Européens se sont montrés divisés lundi sur l'opportunité de cette mission.

Même si, selon le diplomate européen, "il va être difficile de dire non" à une "autorité internationale" telle que Ban Ki-moon, les 27 se sont donné un certain délai pour lui répondre.

Ils ont en effet demandé au diplomate en chef de l'UE Javier Solana et à la Commission européenne de "préparer rapidement les éléments de réponses techniques, humanitaires et politiques", selon leur déclaration.

Au milieu d'une "majorité silencieuse", plusieurs Etats membres, dont la Suède, l'Irlande ou la République tchèque, ont plaidé pour "faire quelque chose" dans l'est de la RDC, mais pas forcément en faveur d'une force relais, a expliqué un autre diplomate européen.

Sur cette force relais, deux camps s'affrontent toujours, a-t-il précisé.

"L'UE doit s'engager", a ainsi plaidé le Finlandais Alexander Stubb, appelant à l'utilisation des "groupements tactiques" européens d'environ 1.500 hommes chacun qui peuvent être déployés en moins de deux semaines.

Karel de Gucht, ministre des Affaires étrangères de l'ex-puissance coloniale belge en première ligne ces dernières semaines, a de son côté réitéré "l'urgence de prendre une décision" sur cette force européenne, qui selon lui devrait compter 2.500 à 3.000 hommes "lourdement armés".

A l'opposé, la Grande-Bretagne, une des trois puissances militaires européennes capables avec la France et l'Allemagne de mener une telle mission, soutient uniquement une participation européenne au renforcement de la Monuc, et pas une mission européenne autonome.

"Il faut une seule chaîne de commandement et je pense que la mission de l'ONU est la meilleure façon d'y arriver", a souligné le chef de la diplomatie britannique David Miliband.

Quant à l'Allemagne, elle a préféré jusqu'ici appeler à un "règlement politique" du conflit.
 
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