Malika El Aroud : La passionaria du djihad

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Oumshyrine
  • Date de début Date de début

Oumshyrine

TANJA AL 3ALYA
Malika El Aroud se dit militante de la cause musulmane, pas du terrorisme

(09/03/2010)
Elle a défendu devant la justice belge le "droit des musulmans" à prendre les armes pour combattre les Occidentaux en Afghanistan

BRUXELLES Malika El Aroud, considérée comme une des dirigeantes d'une filière qui a envoyé des combattants se former à la frontière pakistano-afghane, a nié mardi devant le tribunal correctionnel les avoir financés ou même les avoir incités à se rendre sur place.

Longuement interrogée par le président, cette femme de 50 ans a assumé sa haine des soldats américains engagés en Afghanistan et le droit des musulmans à s'y défendre. Elle situe son action sur le seul terrain afghan et réfute tout encouragement à des actions armées en Europe.

"La résistance est sur le front, là où les bombes tombent", a-t-elle souligné. "Si on se sent étouffé ici, on n'est pas obligé de rester. Et mon mari est parti", a-t-elle dit.

Six personnes, dont quatre Belges, se sont rendues avec le Moez Garsallaoui, mari de Malika El Aroud, dans des camps au Waziristan (frontière pakistano-afghane). On est sans nouvelles d'un Français et de Garsallaoui.

Les autres sont rentrés en Europe. Trois de ceux-ci sont avec Malika El Aroud sur le banc des prévenus. Ils nient être rentrés pour commettre des attentats en Europe.

Malika El Aroud s'était installée en Afghanistan en 2001 avec un premier mari, auteur de l'attentat-suicide qui a coûté la vie au commandant Massoud le 9 septembre 2001 en Afghanistan. Elle est devenue une véritable icône dans les milieux jihadistes et une des plus importantes propagandistes du jihad sur internet. Ce qui lui a valu une condamnation en Suisse.

Aujourd'hui encore, elle concède se réjouir de la mort, en Afghanistan ou en Irak, de soldats américains qu'elle qualifie de "porcs" et de "chiens". "Quand on voit tout ce qu'ils font sur les êtres humains. Ils sont pire que des animaux", a-t-elle répété mardi, en ajoutant qu'elle "s'excuse auprès des animaux".

Elle estime normal de se réjouir car "quand l'ennemi est tombé, on se réjouit, c'est la guerre". Pour celle-ci, "C'est une obligation d'aller défendre notre terre, nos frères et nos soeurs. Cela a été écrit il y a quatorze siècles" dans le Coran.

Animatrice d'un des sites les plus violents appelant au Jihad, Malika El Aroud souligne qu'elle ne faisait qu'y "exprimer sa colère" et qu'elle n'en a jamais été administratrice mais seulement modératrice des forums. Son but premier, a-t-elle souligné, était d'appeler à l'aide pour les détenus condamnés pour terrorisme.

"Cela a dégénéré au fil des mois", concède-t-elle. Les forums du site sont devenus de plus en plus virulents. D'autres animateurs du site ont indiqué qu'elle appelait au Jihad. "Je ne me vois pas comme incitatrice. J'exprimais ma colère sur internet", a-t-elle souligné.

Malika El Aroud a été en contact avec des hommes qui voulaient partir mais elle nie les avoir incités.

Un de ceux-ci lui avait confié ses doutes, indiquant qu'il se demandait s'il ne serait pas préférable de fonder une famille plutôt que de partir se battre.

Malika El Aroud lui avait fait comprendre que le diable pouvait présenter des tentations mais que c'était à lui de prendre la décision. "Il avait déjà pris sa décision avant de me consulter", a-t-elle dit froidement au tribunal de ce jeune Français qui serait mort au Waziristan.

Quant à l'argent qu'elle collectait via son site, elle affirme que c'était pour son seul usage et non pour financer ces gens prêts à aller combattre.

Les trois prévenus revenus du Waziristan ont expliqué, qu'une fois en Turquie avec le mari de Malika El Aroud, ils disposaient de 3.000 à 4.000 euros pour leur trajet vers le Waziristan. Une fois sur place, Moez Garsallaoui, grand absent au procès, leur achètera leur armement.

"Je ne me sens pas concernée. Les gamins sont là. Ils ont côtoyé mon mari", se borne à répondre Malika El Aroud. Elle leur a néanmoins proposé d'envoyer 3.000 euros mais ils ont refusé. "Cela les a gênés de recevoir de l'argent d'une femme", affirme Malika El Aroud.

Son interrogatoire se poursuivra jeudi matin.


© La Dernière Heure 2010
 
Retour
Haut