« Une révolution est en marche » en Iran
Depuis le 14 septembre et les premières manifestations en réaction à la mort tragique de Mahsa Amini, la jeunesse iranienne continue son combat pour la liberté
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- Il y a deux mois, les premiers manifestants iraniens descendaient dans les rues après l’arrestation, puis la mort de Mahsa Amini pour une mèche de cheveux qui dépassait de son voile.
- Depuis, il ne se passe pas un seul jour sans un acte de contestation de cette jeunesse qui réclame sa liberté.
- Les actes de désobéissance quotidiens ont-ils marqué dans la société un point de non-retour pour ces manifestants ? Éléments de réponses avec plusieurs spécialistes de la question contactés par 20 Minutes, dont Armin Arefi, journaliste grand reporter au Point, spécialisé sur le Moyen-Orient et auteur d’Un printemps à Téhéran et Mahnaz Shirali, sociologue spécialiste de l’Iran et auteure de Fenêtre sur l’Iran.
Depuis deux mois, la jeunesse iranienne défie le régime islamique autoritaire en place et réclame sa liberté face à une répression brutale de la police. Elle hurle pour vivre comme les jeunes en Occident, libres de danser, de chanter, de porter les habits qu’elle souhaite. Elle réclame justice pour les manifestants morts, emprisonnés ou disparus. Elle ose demander la tête du guide suprême, Ali Khamenei. Rien que ces revendications ont un parfum de nouveauté dans le pays qui ne pourra, a priori, plus jamais être totalement comme avant ce vent de révolte.
Un point de non-retour « historique »
Car ce qui s’y passe est « historique » s’accordent à commenter plusieurs spécialistes de la région. « Une révolution est en marche, affirme ainsi Mariam Pirzadeh, spécialiste de l’Iran pour France 24, contactée par 20 Minutes. Et déjà depuis le début des manifestations, la population a franchi un point de non-retour ». « Cette contestation a, en deux mois, gagné toutes les provinces, les manifestants veulent aller jusqu’au bout, ils veulent tenir sur la longueur car aujourd’hui la détermination, la colère et l’espoir animent les Iraniens », ajoute-t-elle.« Le mur de la peur est tombé », poursuit Armin Arefi, journaliste grand reporter au Point, spécialisé sur le Moyen-Orient et auteur d’Un printemps à Téhéran (Plon), joint par 20 Minutes. Malgré les centaines de personnes tuées par la violente répression du régime, 326 selon l’ONG Iran Human Rights, mais aussi les plus de 2.000 personnes inculpées et les 15.000 arrestations, il n’y a pas un jour sans qu’un acte de contestation du peuple. Qu’il s’agisse d’une manifestation, d’un acte de désobéissance civile, d’un acte symbolique, les manifestants montrent leur détermination par de nombreux moyens. Dans les universités, les murs des cantines séparant des réfectoires réservés pour les femmes et pour les hommes sont détruits, les étudiantes, lycéennes ou collégiennes retirent leur voile, les jeunes s’amusent à faire tomber le turban de la tête des mollahs… « Ils n’ont plus peur d’exprimer leur souhait de voir le régime tomber », résume Armin Arefi.