Quand un journaliste renommé dénonce le « lobby sioniste »
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http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/quand-un-journaliste-renomme-43838
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Il a franchi le Rubicon. A ses risques et périls. Richard Labévière, ancien rédacteur en chef à RFI, licencié par la nouvelle direction du holding France Monde, sen est pris avec véhémence au "lobby sioniste" pour expliquer sa mise à lécart. Etat des lieux dune bataille politico-médiatique permanente.
Journaliste arabisant reconnu , auteur estimé pour loriginalité de ses enquêtes, expert militaire de sensibilté gaulliste et compagnon dune diplomate anti-Kouchner : Richard Labévière était nécessairement dans la ligne de mire des nouvelles équipes dirigeantes au Quai dOrsay et dans laudiovisuel extérieur.
Sans revenir sur la genèse de laffaire Labévière", il est néanmoins judicieux de sy arrêter en cette veille de rentrée générale. La polémique relative à son licenciement, qui fut initialement discrète et seulement repérée par les connaisseurs attentifs à la couverture médiatique du Moyen Orient, va sans doute prendre une autre ampleur dans les prochains jours.
Entre la visite de Nicolas Sarkozy en Syrie, début septembre, et lexamen aux prudhommes, à la fin du mois, des conditions juridiques de léviction de Labévière, le débat rebondira dans les éditos des journaux et les forums du Net.
La cause du regain dintérêt ? La conférence de presse tenue par le journaliste à Beyrouth, ce mardi 26 août. Déjà révolté lors de sa première vidéo accusatoire, au lendemain du licenciement, Labévière enfonce le clou, avec colère : il réitère sa dénonciation dun "lobby sioniste, néo-conservateur et atlantiste" qui serait à lorigine de son éviction. Il va encore plus loin en accusant formellement certains responsables et autres confrères de France Monde de "faux témoignages"à son encontre. Cerise sur le gâteau, il souligne lobstruction, selon lui, par lAgence France Presse, dirigée par lex-balladurien Pierre Louette, dinformations faisant état du soutien de syndicats de journalistes dont il bénéficie.
Un nouvel adhérent du "club des pestiférés"
Dans le ton général de sa conférence, il ressort que Labévière déplore avec vigueur labsence de la liberté dexpression, en France, sur les questions relatives au Moyen Orient, et plus spécifiquement au fameux et sempiternel "conflit" israélo-palestinien. Il va même jusquà prétendre que cette liberté dexpression est plus grande au Liban quà Paris. Evidemment, des internautes et journalistes tel Luc Rozensweig, proches de la ligne BHL, se sont empressés de semparer de cette phrase discutable pour attaquer Labévière, son "antisionisme et son américanophobie obsessionnelles" ainsi que sa "victimisation autoproclamée". La ligne de partage semble claire sur la polémique : dun côté, de sites altermondialistes ou critiques des médias, plutôt favorables à Labévière ; de lautre, des sites "anti-communautaristes" tels le Causeur dElizabeth Lévy ou Marianne2, plutôt sarcastiques à son encontre ; enfin, à côté ou au dessus, les mass media, silenceux au profil bas.
Une chose est désormais certaine : lhomme qui fut régulièrement linvité démissions TV pour son expertise géopolitique, comme "C dans lair" dYves Calvi, rique de se retrouver purement et simplement tricard. Qui se souvient quil était lun des rares spécialistes à mettre en lumière les liens de connivence entre le terrorisme islamiste et les Etats-Unis ou à affirmer à lantenne que le "réseau" Al-Qaeda nexistait pas ?
Quelque soit le bien fondé ou la pertinence de son accusation principale - loccultation planifiée et contrôlée par les responsables médiatiques français de tout élément dinformation susceptible de nuire à limage dIsraël et, dans une moindre mesure, à celle des Etats-Unis-, le chercheur, jusqualors reconnu et respecté, va rejoindre la cohorte des "excommuniés" du paysage audiovisuel hexagonal. Sans quil y ait déquivalence dans leur carrière ou leur personnalité, ces hommes partagent le même lot : celui des pestiférés contraints de sexiler ou de sexprimer essentiellement à travers le Web pour continuer leur travail. Ils sont légion : Dieudonné, Soral, Nabe, Meyssan, Ramadan, Ménargues, Siné et dinnombrables anonymes des sphères artistiques, politiques, médiatiques, militaires et universitaires.
Bienvenue au club, Richard.