Face au mouvement de protestation déclenché par le nouveau code de la route, le gouvernement décide de surseoir à ladoption définitive du texte.
Lannée avait pourtant bien commencé pour Karim Ghellab, le ministre de lÉquipement et du Transport. Le 19 janvier, son projet de code de la route, principal instrument de sa politique de lutte contre linsécurité routière, était enfin adopté par la Chambre des représentants après dâpres négociations avec les syndicats et une première grève à la fin de 2007. Il ne lui restait plus quà le faire entériner par la Chambre des conseillers. Mais cétait compter sans les syndicats de transporteurs et de chauffeurs de taxi, qui ont appelé, le 6 avril, à une grève massive. Malgré les 257 amendements qui ont été apportés au texte initial, les grévistes réclament toujours le retrait de cinq articles relatifs au montant des amendes, aux peines demprisonnement et à lintroduction du permis à points. « Ces revendications sont absurdes : les peines de prison ont déjà été supprimées de la première version du texte », explique un membre du cabinet de Karim Ghellab, jetant un doute sur les véritables intentions des manifestants. « Les syndicats ont surtout tiré parti de leur capacité de nuisance », ajoute-t-il.
Rabat et Casablanca pratiquement paralysées
Les habitants de Rabat et de Casablanca ont été les victimes directes de ce débrayage. Port bloqué, pompes à essence non approvisionnées, transports publics quasi inexistants. Pendant dix jours, les deux villes ont été pratiquement paralysées. Les forces de lordre ont même dû intervenir dans la capitale économique pour mater les manifestants. Selon les premières estimations, la grève aurait coûté pas moins de 50 millions de dirhams et le chiffre daffaires des entreprises de transport de marchandises a baissé de 40 % ! En ces temps de crise économique, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a appelé les différents acteurs à sentendre et na pas caché son inquiétude. « Les grèves font courir aux entreprises marocaines un grave danger. Beaucoup dentre elles sont menacées dans leur rentabilité », lit-on dans un communiqué.
Face au tollé, le gouvernement a dû céder. Le 15 avril, le Premier ministre Abbas El Fassi a annoncé, au nom de « lintérêt de la nation », la suspension des discussions sur le code de la route. Les syndicats nen restent pas moins sur le pied de guerre, radicalisant même leur discours. « Malgré les propositions du Premier ministre, nous ne faisons plus confiance à ce gouvernement », lance un syndicaliste de la Confédération démocratique du travail (CDT). Mohamed Kherraq, secrétaire général du syndicat, va plus loin : « Il faut purement et simplement retirer ce texte, qui nest pas adapté à la situation du Maroc. »
Les défenseurs du texte regrettent, quant à eux, que le gouvernement ait reculé après avoir insisté sur limportance dune réforme que le ministre du Transport tient à bout de bras depuis des années. Mais à deux mois des élections communales, le courage politique semble avoir laissé place à la prudence. À la Chambre des conseillers, où le code de la route était discuté, un tiers des membres va être renouvelé. Les conseillers sont élus au suffrage indirect par des collèges électoraux qui comprennent les représentants de syndicats, ce qui place les grévistes en position de force. Pas étonnant dès lors que Maati Benkadour, président de la deuxième Chambre, ait voulu se débarrasser dun texte jugé trop encombrant. Quitte à sacrifier au chauvinisme en déclarant à la radio qu« il nous faut un code de la route marocain et non pas un texte importé des pays scandinaves ! »
Un ministre isolé
Les partis ne sont pas en reste. « À la veille des élections, tout le monde essaie de tirer la couverture à soi, notamment le PAM [Parti authenticité et modernité] », explique une source proche du dossier. Tahar Chakir, secrétaire général du Syndicat national démocratique et membre du bureau politique du parti de Fouad Ali El Himma, sest dailleurs empressé dannoncer, à la fin de la grève, que le PAM allait apporter sa pierre à lédifice et faire des propositions concrètes pour améliorer le texte.
http://www.jeuneafrique.com/Article...reve-code-de-la-route-Un-code-en-deroute.html
Jeune Afrique
Lannée avait pourtant bien commencé pour Karim Ghellab, le ministre de lÉquipement et du Transport. Le 19 janvier, son projet de code de la route, principal instrument de sa politique de lutte contre linsécurité routière, était enfin adopté par la Chambre des représentants après dâpres négociations avec les syndicats et une première grève à la fin de 2007. Il ne lui restait plus quà le faire entériner par la Chambre des conseillers. Mais cétait compter sans les syndicats de transporteurs et de chauffeurs de taxi, qui ont appelé, le 6 avril, à une grève massive. Malgré les 257 amendements qui ont été apportés au texte initial, les grévistes réclament toujours le retrait de cinq articles relatifs au montant des amendes, aux peines demprisonnement et à lintroduction du permis à points. « Ces revendications sont absurdes : les peines de prison ont déjà été supprimées de la première version du texte », explique un membre du cabinet de Karim Ghellab, jetant un doute sur les véritables intentions des manifestants. « Les syndicats ont surtout tiré parti de leur capacité de nuisance », ajoute-t-il.
Rabat et Casablanca pratiquement paralysées
Les habitants de Rabat et de Casablanca ont été les victimes directes de ce débrayage. Port bloqué, pompes à essence non approvisionnées, transports publics quasi inexistants. Pendant dix jours, les deux villes ont été pratiquement paralysées. Les forces de lordre ont même dû intervenir dans la capitale économique pour mater les manifestants. Selon les premières estimations, la grève aurait coûté pas moins de 50 millions de dirhams et le chiffre daffaires des entreprises de transport de marchandises a baissé de 40 % ! En ces temps de crise économique, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a appelé les différents acteurs à sentendre et na pas caché son inquiétude. « Les grèves font courir aux entreprises marocaines un grave danger. Beaucoup dentre elles sont menacées dans leur rentabilité », lit-on dans un communiqué.
Face au tollé, le gouvernement a dû céder. Le 15 avril, le Premier ministre Abbas El Fassi a annoncé, au nom de « lintérêt de la nation », la suspension des discussions sur le code de la route. Les syndicats nen restent pas moins sur le pied de guerre, radicalisant même leur discours. « Malgré les propositions du Premier ministre, nous ne faisons plus confiance à ce gouvernement », lance un syndicaliste de la Confédération démocratique du travail (CDT). Mohamed Kherraq, secrétaire général du syndicat, va plus loin : « Il faut purement et simplement retirer ce texte, qui nest pas adapté à la situation du Maroc. »
Les défenseurs du texte regrettent, quant à eux, que le gouvernement ait reculé après avoir insisté sur limportance dune réforme que le ministre du Transport tient à bout de bras depuis des années. Mais à deux mois des élections communales, le courage politique semble avoir laissé place à la prudence. À la Chambre des conseillers, où le code de la route était discuté, un tiers des membres va être renouvelé. Les conseillers sont élus au suffrage indirect par des collèges électoraux qui comprennent les représentants de syndicats, ce qui place les grévistes en position de force. Pas étonnant dès lors que Maati Benkadour, président de la deuxième Chambre, ait voulu se débarrasser dun texte jugé trop encombrant. Quitte à sacrifier au chauvinisme en déclarant à la radio qu« il nous faut un code de la route marocain et non pas un texte importé des pays scandinaves ! »
Un ministre isolé
Les partis ne sont pas en reste. « À la veille des élections, tout le monde essaie de tirer la couverture à soi, notamment le PAM [Parti authenticité et modernité] », explique une source proche du dossier. Tahar Chakir, secrétaire général du Syndicat national démocratique et membre du bureau politique du parti de Fouad Ali El Himma, sest dailleurs empressé dannoncer, à la fin de la grève, que le PAM allait apporter sa pierre à lédifice et faire des propositions concrètes pour améliorer le texte.
http://www.jeuneafrique.com/Article...reve-code-de-la-route-Un-code-en-deroute.html
Jeune Afrique