Maroc : un film pour briser les tabous sur le harcèlement sexuel

Pour briser les tabous entourant le harcèlement sexuel au Maroc, de jeunes journalistes marocaines formées par l’ONG Global Girl Media, ont tourné et réalisé un film-documentaire poignant sur le sujet. Dans celui-ci, la parole est donnée à des victimes qui ont bien voulu partager leurs expériences personnelles avec le public. Détails.

Pendant que le ministère de Bassima Hakkaoui est encore en train d'essayer de faire passer son projet de loi sur la violence faite aux femmes, incluant notamment un chapitre sur le harcèlement sexuel, des citoyennes marocaines viennent de signer un projet intéressant sur la question. Il s’agit d’un film-documentaire de 30 minutes, intitulé « Les Marocains brisent le silence à propos du harcèlement sexuel », conçu et réalisé par de jeunes journalistes marocaines, qui ont donné la parole à des victimes issues des quatre coins du Maroc, dont des étudiantes, des femmes au foyer et des ouvrières.

Sensibiliser

Les journalistes, âgées de 17 à 22 ans, ont été formées par Global Girl Media (GGM), une ONG américaine, présente au Maroc depuis 2011, « qui vise à donner une voix aux jeunes filles du monde » en les initiant « au journalisme citoyen ».

Le documentaire, lui, a pour objectif de « sensibiliser davantage sur la nature globale du problème » et propose ainsi « des solutions telles que l’éducation au sein de la famille et à l’école ». Il a été présenté hier, lundi 25 novembre, en avant-première, à Dar America, à Casablanca. La date n’a pas été choisie par hasard, puisqu’elle coïncidait avec la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.


« L’idée était déjà là avant septembre 2012, elle nous avait été suggérée par deux filles de Global Girl Media. Après, on s’est toutes réunies pour se mettre d’accord et on a tracé un plan pour qu’on puisse travailler dessus. En gros, ça nous a pris un an, y compris la réalisation, le tournage et la musique qui a été composée par GGM », explique Rajaâ Hammadi, étudiante à l’Ecole nationale de commerce et de gestion et reporter pour GGM, au micro de Yabiladi.com.


Aujourd’hui, « on est 24 filles à travailler sur ce projet. On est déjà révoltées par rapport au problème du harcèlement sexuel et on voudrait adresser à la société un message pour dire que le harcèlement n’est pas normal, que c’est un phénomène qui est vraiment grave et qui doit changer », poursuit-elle.

La drague et le harcèlement, ce n’est pas pareil

Pour cette dernière, la société doit avant tout pouvoir faire la différence entre drague et harcèlement sexuel, souvent confondus. « Dans la société, c’est encore flou, les gens ne font pas la différence entre drague et harcèlement et ne savent pas quand est-ce que le harcèlement commence », déplore la jeune fille.

Pour Hafsa El Bekri Lamrani, professeure d’anglais au Centre américain et poète, « le Maroc a davantage besoin d’une prise de conscience » pour remédier à ce phénomène. « On a besoin au fait d’une simple chose : le respect. Lorsqu’on apprendra à respecter la femme, et que la femme respectera l’homme, les choses vont, me semble-t-il, être meilleures », a-t-elle ajoutée. « Plus aucune chose n’est à présent respectée, par exemple, avant, durant le ramadan il n’y avait pas de harcèlement (Ndlr : dans la rue), aujourd’hui, cela ne choque plus personne, c’est devenu très courant. Il n’y a plus d’éducation, ni de respect mutuel », a-t-elle estimé.

Pour celles et ceux qui n’ont pas eu encore l’occasion de voir le film-documentaire, il sera présenté au grand public ce mardi 26 novembre, à partir de 16h (GMT), à Dar America de Casablanca. Il sera probablement mis en ligne directement après la projection. Les journalistes de GGM comptent aussi sur leurs propres contacts pour lui donner plus de visibilité.

« Déjà on est 24 filles actives à travers tout le Maroc, chacune d’entre nous essaiera de faire parvenir ce documentaire à sa communauté. On va essayer de faire des débats avec les gens qui vont voir le documentaire, ça sera fait dans les écoles, les universités, les centres de jeunes et en plus il est accessible sur Youtube donc tout le monde peut le voir et réfléchir un peu sur ce problème », conclut Rajaâ Hammadi.



Source Yabiladi
 
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