03/11/2011
L’enlèvement de trois Européens – deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne – dans la région de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie), le 23 octobre, confirme la dangerosité de cette zone saharo-sahélienne, parcourue en permanence par des bandes armées.
C’est aussi dans cette vaste région, au nord du Mali, que quatre Français sont toujours captifs, après avoir été enlevés le 15 septembre 2010 à Arlit (nord du Niger), sur un site d’extraction d’uranium d’Areva.
Cette nouvelle affaire pourrait changer la donne : elle semble impliquer le Front Polisario, marionnette de l’Algérie depuis plus de trente ans. Si elle était prouvée, cette implication aurait des conséquences importantes dans l’approche régionale de la sécurité et sur les relations, déjà tendues, entre Alger et Rabat. Les trois coopérants européens ont été en effet enlevés près de Tindouf, à Hassi Rabuni, la “capitale” du Polisario, où se trouvent les grands camps de réfugiés sahraouis. Même si les premiers communiqués indiquent que les trois otages sont aux mains d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), même si le Polisario a exprimé sa colère contre les ravisseurs, parlant d’un « acte terroriste » contre son mouvement, annonçant qu’il « ne ménagera aucun effort pour libérer les otages dans les plus brefs délais », cet enlèvement peut permettre de relier le pouvoir algérien, parrain et protecteur du Polisario, aux actions terroristes et mafieuses menées sur le terrain, même à mille six cents kilo*mètres au sud d’Alger.
Créé en 1973 avec l’aide de l’Algérie pour obtenir l’indépendance du Sahara occidental (ancienne possession espagnole récupérée par le Maroc en 1975), le Front Polisario s’est battu pendant des années. Aujourd’hui exsangue, abandonné par une partie de sa population et de ses chefs, mais toujours tenu à bout de bras par l’Algérie qui en fait une arme contre le Maroc, le Polisario et son projet de République arabe sahraouie démocratique sont des reliquats de la guerre froide. Ses combattants ont basculé dans la contrebande, ce qui entretient l’insécurité entre Tindouf, le Mali et la Mauritanie, une zone pourtant surveillée de près par les services algériens.
« La leçon de ces événements est que l’aventure séparatiste antimarocaine du Polisario reste la principale source de déstabilisation dans la région du Maghreb et au Sahel, avec Aqmi qui n’est pas sans accointances avec des membres du Polisario », analyse Charles Saint-Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques. À cette menace s’ajoute la dissémination régionale des anciens mercenaires de Kadhafi. Souvent issus du Polisario, ces soldats perdus reviennent au pays, largement dotés en armes et munitions. Frédéric Pons
http://www.valeursactuelles.com/notre-opinion/notre-opinion/mauvais-signaux-à-tindouf20111103.html
L’enlèvement de trois Européens – deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne – dans la région de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie), le 23 octobre, confirme la dangerosité de cette zone saharo-sahélienne, parcourue en permanence par des bandes armées.
C’est aussi dans cette vaste région, au nord du Mali, que quatre Français sont toujours captifs, après avoir été enlevés le 15 septembre 2010 à Arlit (nord du Niger), sur un site d’extraction d’uranium d’Areva.
Cette nouvelle affaire pourrait changer la donne : elle semble impliquer le Front Polisario, marionnette de l’Algérie depuis plus de trente ans. Si elle était prouvée, cette implication aurait des conséquences importantes dans l’approche régionale de la sécurité et sur les relations, déjà tendues, entre Alger et Rabat. Les trois coopérants européens ont été en effet enlevés près de Tindouf, à Hassi Rabuni, la “capitale” du Polisario, où se trouvent les grands camps de réfugiés sahraouis. Même si les premiers communiqués indiquent que les trois otages sont aux mains d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), même si le Polisario a exprimé sa colère contre les ravisseurs, parlant d’un « acte terroriste » contre son mouvement, annonçant qu’il « ne ménagera aucun effort pour libérer les otages dans les plus brefs délais », cet enlèvement peut permettre de relier le pouvoir algérien, parrain et protecteur du Polisario, aux actions terroristes et mafieuses menées sur le terrain, même à mille six cents kilo*mètres au sud d’Alger.
Créé en 1973 avec l’aide de l’Algérie pour obtenir l’indépendance du Sahara occidental (ancienne possession espagnole récupérée par le Maroc en 1975), le Front Polisario s’est battu pendant des années. Aujourd’hui exsangue, abandonné par une partie de sa population et de ses chefs, mais toujours tenu à bout de bras par l’Algérie qui en fait une arme contre le Maroc, le Polisario et son projet de République arabe sahraouie démocratique sont des reliquats de la guerre froide. Ses combattants ont basculé dans la contrebande, ce qui entretient l’insécurité entre Tindouf, le Mali et la Mauritanie, une zone pourtant surveillée de près par les services algériens.
« La leçon de ces événements est que l’aventure séparatiste antimarocaine du Polisario reste la principale source de déstabilisation dans la région du Maghreb et au Sahel, avec Aqmi qui n’est pas sans accointances avec des membres du Polisario », analyse Charles Saint-Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques. À cette menace s’ajoute la dissémination régionale des anciens mercenaires de Kadhafi. Souvent issus du Polisario, ces soldats perdus reviennent au pays, largement dotés en armes et munitions. Frédéric Pons
http://www.valeursactuelles.com/notre-opinion/notre-opinion/mauvais-signaux-à-tindouf20111103.html