Dans un grand hôtel de Meknès. Il nest que 17h00 et le bar est presque vide. Le groupe de touristes arrivé la veille est parti ce matin pour une visite impériale et ne rentrera que le soir. Mais cela na aucune importance, vu quil ne fera pas de détour par le bar. « Le tourisme moderne, constate ce portier, consiste à recevoir un groupe dAllemands qui ont payé 300 euros (environ 3.500 Dh) pour passer une semaine au Maroc.
Alors, la consommation au bar et les pourboires, vous pouvez toujours rêver ». Au fond de la salle, une table est occupée par quatre personnes. Deux quinquagénaires, style hommes daffaires et deux filles dont la plus âgée na peut-être pas encore atteint ses 18 ans. Visiblement, elles sont gênées. Elles hésitent à choisir une boisson, leurs gestes sont maladroits et elles narrêtent pas de regarder en direction de lentrée.
Deux nouvelles, dira plus tard le serveur. « Deux viandes fraîches », poétisera un habitué des boîtes de nuit de la ville, « qui remplaceront deux poubelles en fin de carrière. Que voulez-vous, cest comme ça que ça tourne, cest la vie, une série en remplace une autre ». Le serveur les voit pour la première fois et déjà, il lance le pari que dans quelques semaines, elles deviendront des assidues du night-club de lhôtel.
Le night-club, 1h00 du matin. Les touristes dorment déjà depuis plusieurs heures. Une quinzaine de filles et à peu près deux fois plus de mâles. Des couples se sont déjà formés et sur chaque table une bouteille dalcool est posée. Celles qui nont pas encore trouvé leur proie sont au bar ou attablées, une bière ou un verre à la main. De toutes façons, dès quelles tomberont sur leur « client », laddition sera pour lui, en plus de la bouteille quil aura commandée. « Cest malheureux à dire », explique ce barman, « mais cest le seul truc qui permet à lhôtel de ne pas fermer ». Et lorsquon lui parle des groupes de touristes qui y séjournent régulièrement, il a un haussement dépaules : « Tu les vois où, les touristes ? Ils ne descendent jamais ici. De temps en temps, il y en a qui viennent pour danser un tango, mais comme il ny en a pas, ils se contentent de boire un verre et remontent vite dans leur chambre. Pour le pourboire, ils pensent que cest compris dans le billet davion... ».
A Meknès, la prostitution fait tourner lhôtellerie. Une fille qui se rend à la boîte de nuit de létablissement doit souvent montrer patte blanche à lentrée. La patte blanche ici se résume à un billet de 50 Dh glissé discrètement au videur. A lintérieur, et en attendant de trouver « son homme », elle doit consommer au risque dêtre taxée de mauvaise cliente et de ne plus y remettre les pieds. Le client, pour épater la galerie ou tout simplement parce quil a les moyens, commande une bouteille. Entre 1 000 et 1 200 Dh selon la catégorie de lhôtel. Tard dans la nuit, ou très tôt au petit matin, il ne pense plus quà une seule chose : conclure, et il nhésite pas à prendre une chambre que lhôtel à la gentillesse de mettre à sa disposition au plein tarif. Entre 600 et 1 000 DH, selon la catégorie de lhôtel. En quittant la boîte, il laissera un bon petit pourboire et montera directement dans la chambre, suivi par la fille avec qui il se sera déjà mis daccord sur le tarif. Entre 500 et 1.500 Dh, selon la catégorie de la fille.
Le lendemain, très tard dans la matinée, alors que les touristes sont déjà partis pour découvrir un nouveau site, la fille quitte la chambre. Elle laissera un peu dargent à la femme de ménage quelle connaît depuis longtemps, elle en laissera aussi au portier du jour et au taxi qui la ramène chez elle, elle lui glissera sûrement un billet sans demander sa monnaie. En fin daprès-midi, elle fera un saut au grand magasin où elle a ses habitudes. Il y a deux jours, elle y est passée et elle a vu une jupe qui la rendue dingue.
Cest un portier qui aura la meilleure réflexion : « Sept clients qui vont en boîte et qui montent une fille dans une chambre valent mieux quun car pleindAllemands ».
http://www.mediterraneas.org/article.php3?id_article=328
Alors, la consommation au bar et les pourboires, vous pouvez toujours rêver ». Au fond de la salle, une table est occupée par quatre personnes. Deux quinquagénaires, style hommes daffaires et deux filles dont la plus âgée na peut-être pas encore atteint ses 18 ans. Visiblement, elles sont gênées. Elles hésitent à choisir une boisson, leurs gestes sont maladroits et elles narrêtent pas de regarder en direction de lentrée.
Deux nouvelles, dira plus tard le serveur. « Deux viandes fraîches », poétisera un habitué des boîtes de nuit de la ville, « qui remplaceront deux poubelles en fin de carrière. Que voulez-vous, cest comme ça que ça tourne, cest la vie, une série en remplace une autre ». Le serveur les voit pour la première fois et déjà, il lance le pari que dans quelques semaines, elles deviendront des assidues du night-club de lhôtel.
Le night-club, 1h00 du matin. Les touristes dorment déjà depuis plusieurs heures. Une quinzaine de filles et à peu près deux fois plus de mâles. Des couples se sont déjà formés et sur chaque table une bouteille dalcool est posée. Celles qui nont pas encore trouvé leur proie sont au bar ou attablées, une bière ou un verre à la main. De toutes façons, dès quelles tomberont sur leur « client », laddition sera pour lui, en plus de la bouteille quil aura commandée. « Cest malheureux à dire », explique ce barman, « mais cest le seul truc qui permet à lhôtel de ne pas fermer ». Et lorsquon lui parle des groupes de touristes qui y séjournent régulièrement, il a un haussement dépaules : « Tu les vois où, les touristes ? Ils ne descendent jamais ici. De temps en temps, il y en a qui viennent pour danser un tango, mais comme il ny en a pas, ils se contentent de boire un verre et remontent vite dans leur chambre. Pour le pourboire, ils pensent que cest compris dans le billet davion... ».
A Meknès, la prostitution fait tourner lhôtellerie. Une fille qui se rend à la boîte de nuit de létablissement doit souvent montrer patte blanche à lentrée. La patte blanche ici se résume à un billet de 50 Dh glissé discrètement au videur. A lintérieur, et en attendant de trouver « son homme », elle doit consommer au risque dêtre taxée de mauvaise cliente et de ne plus y remettre les pieds. Le client, pour épater la galerie ou tout simplement parce quil a les moyens, commande une bouteille. Entre 1 000 et 1 200 Dh selon la catégorie de lhôtel. Tard dans la nuit, ou très tôt au petit matin, il ne pense plus quà une seule chose : conclure, et il nhésite pas à prendre une chambre que lhôtel à la gentillesse de mettre à sa disposition au plein tarif. Entre 600 et 1 000 DH, selon la catégorie de lhôtel. En quittant la boîte, il laissera un bon petit pourboire et montera directement dans la chambre, suivi par la fille avec qui il se sera déjà mis daccord sur le tarif. Entre 500 et 1.500 Dh, selon la catégorie de la fille.
Le lendemain, très tard dans la matinée, alors que les touristes sont déjà partis pour découvrir un nouveau site, la fille quitte la chambre. Elle laissera un peu dargent à la femme de ménage quelle connaît depuis longtemps, elle en laissera aussi au portier du jour et au taxi qui la ramène chez elle, elle lui glissera sûrement un billet sans demander sa monnaie. En fin daprès-midi, elle fera un saut au grand magasin où elle a ses habitudes. Il y a deux jours, elle y est passée et elle a vu une jupe qui la rendue dingue.
Cest un portier qui aura la meilleure réflexion : « Sept clients qui vont en boîte et qui montent une fille dans une chambre valent mieux quun car pleindAllemands ».
http://www.mediterraneas.org/article.php3?id_article=328