Michaël Oren, ambassadeur – ou, ainsi finit l’occupation…

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Casablanca d'antan
VIB
par Bradley Burston

(trad. Tal pour La Paix Maintenant)


Je lisais des nouvelles d’Etgar Keret, un recueil de gentilles hallucinations, quand l’information m’est parvenue. Je repris aussitôt pied dans la réalité.

L’actuel ministre des Affaires Étrangères, Avigdor Lieberman (lequel ne saurait être lui-même qu’une invention d’Etgar Keret), avait approuvé la nomination de Michaël Oren au poste d’ambassadeur d’Israël à Washington.

Michaël Oren est un historien singulier, envoûtant. Ses travaux, qui font autorité, sur la guerre de 1967 et sur la politique américaine au Moyen-Orient, sont restés insurpassés. Plaidant la cause d’Israël sur les télévisions étrangères, il se montre convaincant, fiable et disert. L’originalité de sa pensée égale la fougue qu’il met à débattre.

C’est pourquoi la plus fréquemment citée de ses récentes prises de position mérite d’être relue avec attention.

“Il se peut que je sois le dernier des unilatéralistes militants”, est-il réputé avoir dit en conclusion d’un discours à l’université de Georgetown, en mars dernier.

“La seule chose qui puisse sauver Israël en tant qu’État juif est de retirer unilatéralement nos implantations de Cisjordanie”, et d’attendre l’émergence d’un nouveau leadership palestinien.

Les années ayant passé, nous pourrions en venir à la conclusion que la prise de position d’Oren en faveur d’un retrait unilatéral tenait plus de la prophétie que du plaidoyer.:D

Dans une région où les seules solutions opérantes ont quelque chose de blessant et, au final, de décevant pour chacune des parties impliquées, le retrait unilatéral a au moins cela pour lui que nul n’en veut.

Il va de soi que cette affirmation a suscité, en Israël, les critiques de la droite comme de la gauche. Les jets de Qassams qui ont suivi le retrait unilatéral de Gaza furent suffisants pour rallier une majorité d’Israéliens aux tenants de la ligne dure et exclure tout retrait parallèle de Cisjordanie. De fervents partisans de la paix, cependant, ont souvent donné les Qassams pour preuve de ce qu’un éventuel retrait israélien ne saurait s’opérer que dans le cadre exclusif d’un accord de paix avec l’Autorité palestinienne.

L’unilatéralisme dessert également les intérêts de l’administration Obama, de l’Autorité palestinienne, et même ceux des islamistes radicaux – les deux premiers en éludant la question des deux États ; les derniers parce que cela pourrait bien, en fait, renforcer paradoxalement l’État juif.

“J’ai une idéologie, je suis sioniste, écrivait en citant Oren l’influent New York Jewish Week la semaine passée, je crois en l’existence d’un État juif indépendant, souverain, fort et sûr. Un État étroitement allié aux États-Unis.”

Le fait demeure que même si le retrait de la bande de Gaza –couplé aux fortes pressions de l’administration Bush en faveur d’élections à Gaza– a mis le Hamas au pouvoir, il n’y a eu aucun appel sérieux en Israël, fût-ce de la part des tenants de la ligne dure, à revenir occuper la Bande à titre permanent.

Il était juste de quitter Gaza. Nous avons eu tort de rudoyer les colons et de négliger leurs besoins ; nous avons eu tort d’abandonner sur la frontière des Israéliens soumis à des jets de roquettes ; nous avons eu tort de ne pas les contrer par d’intenses répliques militaires ciblées ; nous avons eu tort de ne pas faire suivre ces attaques de roquettes par une offensive diplomatique massive à l’échelle mondiale et une force d’observation internationale ; nous avons eu tort de ne pas aider les Gazaouis en contribuant à promouvoir l’emploi et en engageant l’Arabie Saoudite et d’autres à investir, à développer l’éducation, veiller à la santé publique et créer des emplois ; nous avons eu tort de laisser l’administration Bush exercer des pressions en faveur de malencontreuses élections – mais nous avons eu raison de partir.

Au bout du compte, peut-être n’y a-t-il aucun autre moyen de quitter la rive occidentale du Jourdain qu’en prenant nous-même la décision de partir.

Il était juste d’en finir avec l’occupation de la bande de Gaza qui sapait, blessait, affaiblissait et corrompait Israël.

Et le moment venu, comme Michaël Oren a été assez sage et assez courageux pour le suggérer, nous aurons raison d’aider les colons à quitter de même la Cisjordanie.
 
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