Reportage
Tunisiens et Algériens constituent les deux premières nationalités de migrants qui arrivent par la Méditerranée en Europe. Près de dix ans après leur révolution, les Tunisiens ne croient plus à une embellie sociale dans leur pays. Et les Algériens déchantent, après les espérances du Hirak.
Wassim ne supporte plus les ruelles étroites de son quartier dans la médina de Tunis. À 36 ans, il vit chez ses parents et cherche en vain des petits boulots. « Même si je travaille, ce que je gagne permet à peine de couvrir mes frais, mes cigarettes, je n’ai aucun projet ici. Mon ami en France a réussi là-bas, il a promis de m’aider dès mon arrivée. » Et il était très près du but…
Wassim avait gagné le nord du Maroc. « Le corona a contrarié tous mes projets », soupire-t-il, déterminé à reprendre, dès que possible, la route vers l’Union européenne (UE). Le nirvana auquel s’accrochent tant de Tunisiens et d’Algériens qui désespèrent, pour des raisons différentes, de leur pays. Au cours du seul mois de juillet, plus de 4 000 Tunisiens ont rejoint les côtes italiennes – c’est plus que les 3 900 arrivés l’année dernière. Ils sont devenus la première nationalité parmi les migrants qui arrivent dans le sud de l’UE, talonnés par les Algériens qui optent pour la route espagnole, via le Maroc (1).
L’Italie annonce le renvoi des Tunisiens à bord de vols hebdomadaires
Ainsi les passeurs ne transportent plus uniquement des jeunes chômeurs, mais aussi des familles, des adolescents, des personnes âgées et des malades qui ont perdu espoir dans la capacité de leurs dirigeants à éviter le risque d’effondrement économique de la Tunisie et à développer les régions déshéritées de l’intérieur, celles-là mêmes qui furent à l’origine de la révolution il y a près de dix ans.
Même s'il reste modeste, pour mettre la holà à ce regain de flux migratoire, une délégation s'est rendu a Tunis le 17 août : les ministres italiens des affaires étrangères Luigi du Maio et Luciana Lamorgese, ainsi que les commissaires européens à l'élargissement et aux affaires intérieures, Olivier Varhelyi et Yalia Johansson. L'Italie a annoncé le renvoi, par des vols hebdomadaires, des Tunisiens dans leur pays et l'Union européenne débloqué une aide de plus de 8 millions d'euros pour la surveillance aux frontières. Mais rien qui puisse tarir l'irrépressible envie le départ dans les milieux défavorisés comme dans les plus aisés.
<< Ici, même si je travail, je n'arriverai jamais a avoir un crédit pour une voiture, je ne pourrai jamais gagner suffisamment d'argent pour subvenir aux besoin d'une famille et acheter une maison>> , peste Anis en remplissant des sacs de sable, sous un soleil de plomb, pour 15 € par jour, à quelque 30 kilomètres de Tunis. Le jeune ouvrier de 22 ans a longtemps travaillé à Zarzis, un des points de départ des embarcations depuis le Sud de la Tunisie.
il connaît toutes les étapes. Il a vu des familles payée 1 000 € par personne, plus de sept fois le salaire minimum, pour partir dans des conditions qu'il estime << correctes avec la garantie d'arriver vivant >>. Mais il sait aussi que ceux qui arrivent là-bas peuvent se retrouver << pendant des années sans papiers, sans logement et sans travail >>, << affirme - t-il, en annonçant planifier un mariage << pour avoir un toit et une vie décente >>.
Tunisiens et Algériens constituent les deux premières nationalités de migrants qui arrivent par la Méditerranée en Europe. Près de dix ans après leur révolution, les Tunisiens ne croient plus à une embellie sociale dans leur pays. Et les Algériens déchantent, après les espérances du Hirak.
Wassim ne supporte plus les ruelles étroites de son quartier dans la médina de Tunis. À 36 ans, il vit chez ses parents et cherche en vain des petits boulots. « Même si je travaille, ce que je gagne permet à peine de couvrir mes frais, mes cigarettes, je n’ai aucun projet ici. Mon ami en France a réussi là-bas, il a promis de m’aider dès mon arrivée. » Et il était très près du but…
Wassim avait gagné le nord du Maroc. « Le corona a contrarié tous mes projets », soupire-t-il, déterminé à reprendre, dès que possible, la route vers l’Union européenne (UE). Le nirvana auquel s’accrochent tant de Tunisiens et d’Algériens qui désespèrent, pour des raisons différentes, de leur pays. Au cours du seul mois de juillet, plus de 4 000 Tunisiens ont rejoint les côtes italiennes – c’est plus que les 3 900 arrivés l’année dernière. Ils sont devenus la première nationalité parmi les migrants qui arrivent dans le sud de l’UE, talonnés par les Algériens qui optent pour la route espagnole, via le Maroc (1).
L’Italie annonce le renvoi des Tunisiens à bord de vols hebdomadaires
Ainsi les passeurs ne transportent plus uniquement des jeunes chômeurs, mais aussi des familles, des adolescents, des personnes âgées et des malades qui ont perdu espoir dans la capacité de leurs dirigeants à éviter le risque d’effondrement économique de la Tunisie et à développer les régions déshéritées de l’intérieur, celles-là mêmes qui furent à l’origine de la révolution il y a près de dix ans.
Même s'il reste modeste, pour mettre la holà à ce regain de flux migratoire, une délégation s'est rendu a Tunis le 17 août : les ministres italiens des affaires étrangères Luigi du Maio et Luciana Lamorgese, ainsi que les commissaires européens à l'élargissement et aux affaires intérieures, Olivier Varhelyi et Yalia Johansson. L'Italie a annoncé le renvoi, par des vols hebdomadaires, des Tunisiens dans leur pays et l'Union européenne débloqué une aide de plus de 8 millions d'euros pour la surveillance aux frontières. Mais rien qui puisse tarir l'irrépressible envie le départ dans les milieux défavorisés comme dans les plus aisés.
<< Ici, même si je travail, je n'arriverai jamais a avoir un crédit pour une voiture, je ne pourrai jamais gagner suffisamment d'argent pour subvenir aux besoin d'une famille et acheter une maison>> , peste Anis en remplissant des sacs de sable, sous un soleil de plomb, pour 15 € par jour, à quelque 30 kilomètres de Tunis. Le jeune ouvrier de 22 ans a longtemps travaillé à Zarzis, un des points de départ des embarcations depuis le Sud de la Tunisie.
il connaît toutes les étapes. Il a vu des familles payée 1 000 € par personne, plus de sept fois le salaire minimum, pour partir dans des conditions qu'il estime << correctes avec la garantie d'arriver vivant >>. Mais il sait aussi que ceux qui arrivent là-bas peuvent se retrouver << pendant des années sans papiers, sans logement et sans travail >>, << affirme - t-il, en annonçant planifier un mariage << pour avoir un toit et une vie décente >>.