A priori, Sukaina al-Zayer n'a pas le profil d'une reine de beauté. Elle dissimule son visage et sa silhouette derrière un voile islamique et d'amples robes, et avoue être un peu ronde. Mais ce n'est en rien un handicap pour les jeunes filles qui briguent, comme elle, le titre de "Miss Belle Morale", le seul concours de beauté organisé en Arabie saoudite.
La sélection commencera samedi. En fait, l'apparence physique ne constitue pas un atout pour les candidates. Le jury de "Miss Belle Morale" ne recherche pas une jeune fille à la plastique parfaite, mais celle qui se distingue le plus par son dévouement et son respect pour ses parents.
"L'idée est d'évaluer l'engagement des candidates envers les valeurs morales islamiques (...) c'est une alternative aux appels à la décadence des autres concours de beauté qui prennent uniquement en compte le corps et l'apparence de la femme", explique Khadra al-Moubarak, fondatrice de la manifestation. "La lauréate ne sera pas nécessairement jolie", reconnaît-elle. "Nous nous intéressons à la beauté de l'âme et à la moralité."
Près de 200 candidates sont en lice pour le concours qui commence samedi à Safwa, une ville à majorité chiite. Pendant dix semaines, elles suivront des cours et seront interrogées sur des thèmes tels que "découvrir votre force intérieure" ou "Mère, le paradis est à tes pieds", un proverbe attribué au prophète Mahomet pour souligner l'importance du respect envers les parents dans l'islam.
Les prétendantes passeront également une journée avec leur mère dans une maison de campagne, où elle seront observées par des juges féminines et notées sur leur comportement avec leur maman, précise Mme Al-Moubarak. Le concours n'étant pas télévisé et aucun homme n'y étant admis, elles peuvent ôter leur voile et leur abaya, ces longues robes noires masquant leur silhouette qu'elles portent toujours en public.
Le concours de "Miss Belle Morale" n'est pas le seul exemple d'adaptation d'un format occidental à des normes musulmanes conservatrices. Une nouvelle chaîne islamique musicale détenue par un homme d'affaires égyptien a diffusé récemment une émission de téléréalité sur le modèle du programme américain "American Idol" -la "Nouvelle Star" en France-, mettant en scène des interprètes de chansons religieuses. Et plusieurs prédicateurs musulmans sont devenus des vedettes de talk-show en adoptant un style décontracté qui n'est pas sans rappeler celui d'animateurs télé occidentaux.
Pour sa deuxième édition, "Miss Belle Morale" a vu le nombre des candidates inscrites presque tripler: elles n'étaient que 75 en 2008. L'épreuve est ouverte aux jeunes filles de 15 à 25 ans. La lauréate recevra 2.600 dollars et d'autres prix, et ses deux dauphines recevront chacune 1.300 dollars. Le jury rendra son verdict en juillet.
Victorieuse l'an dernier, Zhara al-Shurafa, estime que le concours incite les jeunes filles à être plus respectueuses de leurs parents. "Je dis aux candidates de cette année que gagner n'est pas important", précise cette étudiante en anglais de 21 ans. "L'important est d'obéir à ses parents."
On compte peu de concours de beauté dans le monde arabe. Le plus "glamour" se déroule au Liban, le pays le plus libéral de la région, où les aspirantes-miss apparaissent à la télévision en maillot de bain une pièce et dans de somptueuses robes de soirée. Des scènes impensables dans une Arabie saoudite à la culture islamique ultraconservatrice.
"Miss Belle Morale" compte principalement des candidates chiites. Mais le concours est ouvert à toutes, et 15 musulmanes sunnites sont également en lice cette année, souligne Mme Al-Moubarak. Les relations entre ces deux branches de l'islam sont depuis longtemps marquées par des tensions dans le royaume saoudien. Les "durs" de la majorité sunnite considèrent les chiites comme des infidèles, et ces derniers se plaignent souvent de discriminations et d'être plus affectés par la pauvreté que les sunnites.
Sukaina al-Zayer, une étudiante en gestion internationale de 24 ans, raconte s'être inscrite parce qu'elle est "tout le portrait" de sa mère. "Je suis fière de mon dévouement pour mes parents", dit-elle. Que pense-t-elle des concours de beauté libanais? Evoquant des "différences culturelles", elle souligne qu'ils sont "islamiquement inacceptables" en Arabie saoudite. AP
La sélection commencera samedi. En fait, l'apparence physique ne constitue pas un atout pour les candidates. Le jury de "Miss Belle Morale" ne recherche pas une jeune fille à la plastique parfaite, mais celle qui se distingue le plus par son dévouement et son respect pour ses parents.
"L'idée est d'évaluer l'engagement des candidates envers les valeurs morales islamiques (...) c'est une alternative aux appels à la décadence des autres concours de beauté qui prennent uniquement en compte le corps et l'apparence de la femme", explique Khadra al-Moubarak, fondatrice de la manifestation. "La lauréate ne sera pas nécessairement jolie", reconnaît-elle. "Nous nous intéressons à la beauté de l'âme et à la moralité."
Près de 200 candidates sont en lice pour le concours qui commence samedi à Safwa, une ville à majorité chiite. Pendant dix semaines, elles suivront des cours et seront interrogées sur des thèmes tels que "découvrir votre force intérieure" ou "Mère, le paradis est à tes pieds", un proverbe attribué au prophète Mahomet pour souligner l'importance du respect envers les parents dans l'islam.
Les prétendantes passeront également une journée avec leur mère dans une maison de campagne, où elle seront observées par des juges féminines et notées sur leur comportement avec leur maman, précise Mme Al-Moubarak. Le concours n'étant pas télévisé et aucun homme n'y étant admis, elles peuvent ôter leur voile et leur abaya, ces longues robes noires masquant leur silhouette qu'elles portent toujours en public.
Le concours de "Miss Belle Morale" n'est pas le seul exemple d'adaptation d'un format occidental à des normes musulmanes conservatrices. Une nouvelle chaîne islamique musicale détenue par un homme d'affaires égyptien a diffusé récemment une émission de téléréalité sur le modèle du programme américain "American Idol" -la "Nouvelle Star" en France-, mettant en scène des interprètes de chansons religieuses. Et plusieurs prédicateurs musulmans sont devenus des vedettes de talk-show en adoptant un style décontracté qui n'est pas sans rappeler celui d'animateurs télé occidentaux.
Pour sa deuxième édition, "Miss Belle Morale" a vu le nombre des candidates inscrites presque tripler: elles n'étaient que 75 en 2008. L'épreuve est ouverte aux jeunes filles de 15 à 25 ans. La lauréate recevra 2.600 dollars et d'autres prix, et ses deux dauphines recevront chacune 1.300 dollars. Le jury rendra son verdict en juillet.
Victorieuse l'an dernier, Zhara al-Shurafa, estime que le concours incite les jeunes filles à être plus respectueuses de leurs parents. "Je dis aux candidates de cette année que gagner n'est pas important", précise cette étudiante en anglais de 21 ans. "L'important est d'obéir à ses parents."
On compte peu de concours de beauté dans le monde arabe. Le plus "glamour" se déroule au Liban, le pays le plus libéral de la région, où les aspirantes-miss apparaissent à la télévision en maillot de bain une pièce et dans de somptueuses robes de soirée. Des scènes impensables dans une Arabie saoudite à la culture islamique ultraconservatrice.
"Miss Belle Morale" compte principalement des candidates chiites. Mais le concours est ouvert à toutes, et 15 musulmanes sunnites sont également en lice cette année, souligne Mme Al-Moubarak. Les relations entre ces deux branches de l'islam sont depuis longtemps marquées par des tensions dans le royaume saoudien. Les "durs" de la majorité sunnite considèrent les chiites comme des infidèles, et ces derniers se plaignent souvent de discriminations et d'être plus affectés par la pauvreté que les sunnites.
Sukaina al-Zayer, une étudiante en gestion internationale de 24 ans, raconte s'être inscrite parce qu'elle est "tout le portrait" de sa mère. "Je suis fière de mon dévouement pour mes parents", dit-elle. Que pense-t-elle des concours de beauté libanais? Evoquant des "différences culturelles", elle souligne qu'ils sont "islamiquement inacceptables" en Arabie saoudite. AP