De Gaulle parlait de la France comme elle devait être, Mitterrand comme elle était. C'est ce qui fascine le plus chez cet homme de séduction : son intimité avec l'âme du pays. En cinquante années d'histoire de France, il a incarné toutes les contradictions, les déchirements, les ambiguïtés de ses compatriotes. Les méandres de sa vie politique masquent une constance plus nette qu'on ne croit. Il ne fut pas toujours de gauche, on le sait. Mais il fut toujours haï par la droite. Voilà au moins un repère.
Surtout, il y a l'image du 10-Mai. Voyant aujourd'hui partir Mitterrand, le peuple de gauche - il existe toujours, quoi qu'on en dise - se rappelle cette nuit-là, ces joyeux orages, ces "Marseillaise" à coeur perdu. Toute une génération tenue hors les murs entrait dans la République et ses palais, interdits depuis trente ans. Une revanche pour les humbles. Un instant de bonheur... Ce n'est pas rien dans une vie. C'est à Mitterrand qu'on le doit, à son acharnement, à son talent. Dans l'album de famille, il a gagné, lui qui venait d'ailleurs, une place d'honneur.
Il fut l'homme de la province, rural et enraciné, autant que le Parisien ductile et séducteur; le pétainiste littéraire puis le résistant très politique; l'ambitieux de trente ans à la charnière de toutes les coalitions et le pilier du centre-gauche, bête noire de la droite; le ministre de la répression en Algérie comme le résistant au coup de force militaire en 1958; l'allié des communistes et leur ennemi intime; le président de la rupture et des 110 propositions puis celui de la gauche qui gère et qui dure au pouvoir; l'homme des réformes sociales et des réformes financières; celui de la méfiance à l'égard de l'argent et celui des années-fric; celui qui s'est arrimé aux Allemands tout en voulant avec acharnement les contenir; le socialiste antisoviétique; l'atlantique opiniâtre et le continuateur du Général sur le plan stratégique et diplomatique; le politicien retors et l'homme d'Etat obsédé par le rang de son pays. Tel est le sens du numéro spécial que nous vous proposons
http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...-le-sphinx-du-10-mai-par-laurent-joffrin.html
Surtout, il y a l'image du 10-Mai. Voyant aujourd'hui partir Mitterrand, le peuple de gauche - il existe toujours, quoi qu'on en dise - se rappelle cette nuit-là, ces joyeux orages, ces "Marseillaise" à coeur perdu. Toute une génération tenue hors les murs entrait dans la République et ses palais, interdits depuis trente ans. Une revanche pour les humbles. Un instant de bonheur... Ce n'est pas rien dans une vie. C'est à Mitterrand qu'on le doit, à son acharnement, à son talent. Dans l'album de famille, il a gagné, lui qui venait d'ailleurs, une place d'honneur.
Il fut l'homme de la province, rural et enraciné, autant que le Parisien ductile et séducteur; le pétainiste littéraire puis le résistant très politique; l'ambitieux de trente ans à la charnière de toutes les coalitions et le pilier du centre-gauche, bête noire de la droite; le ministre de la répression en Algérie comme le résistant au coup de force militaire en 1958; l'allié des communistes et leur ennemi intime; le président de la rupture et des 110 propositions puis celui de la gauche qui gère et qui dure au pouvoir; l'homme des réformes sociales et des réformes financières; celui de la méfiance à l'égard de l'argent et celui des années-fric; celui qui s'est arrimé aux Allemands tout en voulant avec acharnement les contenir; le socialiste antisoviétique; l'atlantique opiniâtre et le continuateur du Général sur le plan stratégique et diplomatique; le politicien retors et l'homme d'Etat obsédé par le rang de son pays. Tel est le sens du numéro spécial que nous vous proposons
http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...-le-sphinx-du-10-mai-par-laurent-joffrin.html