Cest un père malgré lui. LADN le prouve : Mohammed Bellakhdim nest pas le géniteur de la fille dont a accouché son ex-femme, en 1996, sept mois et demi après le prononcé de leur divorce (dix mois après leur séparation). La justice française la déclaré officiellement. Mais au Maroc, pays dorigine du couple, les juges refusent cet état de fait et ont imposé à lex-époux le versement dune pension alimentaire. Ils le condamnent à être père.
Mohammed Bellakhdim est français. Toute sa famille vit au Maroc, son père et ses huit frères et surs. Lui est venu en 1989 à Montbéliard (Doubs), pour un BTS. Il y a travaillé dans un bureau détudes de dessin industriel, et est aujourdhui en mission pour Alstom au Creusot (Saône-et-Loire). Sa vie est ici. Il voudrait que les juges français soient les siens. Eux seuls.
Noce. En 1995, il rencontre une femme de son âge, elle aussi dorigine marocaine. Elle est salariée à Mulhouse (Haut-Rhin). Six mois plus tard, ils se marient. Ils célèbrent la noce avec leurs familles au Maroc. De retour en France, leur union faite « de navettes entre Mulhouse et Montbéliard » ne dure pas. Trois mois après, Mohammed Bellakhdim quitte le domicile conjugal. Si vite ? « Elle commettait ladultère, je ne suis pas dune nature à accepter cela », argue-t-il. Il démissionne, repart au Maroc. « Là, elle ma rejoint, on a essayé de recoller les morceaux. » Sans amertume ni tendresse, il conclut : « Cétait impossible. On nétait pas faits lun pour lautre. » Ils se quittent définitivement. Lui engage une procédure de divorce, qui aboutit le 2 février 1996. « Un soulagement » pour lui. « Je ne lai plus jamais vue. Je ne suis même pas sûr de la reconnaître dans la rue, si je la croisais. »
Retour en France, Mohammed reprend son travail et sa vie. En 1997, il reçoit une convocation au tribunal pour fixer le montant dune pension alimentaire. Il apprend ainsi quil serait le père dune fille née en septembre 1996 et qui porte son nom. Sûr de lui, il conteste cette paternité. Le tribunal de grande instance de Mulhouse estime qu« aucun élément nest produit de nature à démontrer que lenfant est reconnu comme lenfant de Mohammed Bellakhdim dans la société, par sa famille ou par lautorité publique » et ordonne une vérification ADN. Les tests révèlent « deux systèmes génétiques différents ». Le 10 juillet 2000, les juges mulhousiens déclarent que « Mohammed Bellakhdim nest pas le père de lenfant ». Qui doit prendre le nom de sa mère, cela sera consigné en marge de son acte de naissance. Lex-mari nest tenu à aucune obligation juridique à son égard. Chaque année près de 2 000 procédures de ce genre sont engagées.
Allaitement. La justice marocaine, saisie par lancienne épouse, lui donne raison. En mars 2002, le tribunal de première instance dEl Jadida estime que le jugement français « sest basé sur les analyses du sang pour nier que la fille soit lenfant du défendeur mais que ceci est contraire à la loi marocaine et à la tradition musulmane ». Il stipule que « le droit de descendance est un droit divin à ne pas dispenser ou nier », et prend en compte que « la fille est née dans le délai légal de grossesse qui est une année après le divorce [ ] doù il convient de considérer que la fille est la sienne ». Reconnu père, Mohammed Bellakhdim doit payer la pension alimentaire (400 dirhams par mois, 35,5 euros), les frais de garde (100 dirhams, 8,8 euros), et dallaitement (50 dirhams, 4,4 euros), les frais des fêtes religieuses (1 000 dirhams, 88 euros), et ce à partir de septembre 1996. Il devra aussi payer 1 000 dirhams comme « frais de procréation ». Enfin, « le père est tenu dinscrire sa fille aux registres de létat civil ».
Malgré de nombreux recours, les juges marocains (jusquà la Cour suprême, en octobre) ont confirmé ce jugement, estimant la décision française « contraire à lordre public marocain ». Mohammed Bellakhdim, qui na jamais payé, se retrouve en infraction au Maroc. La situation semble bloquée, malgré de nombreux courriers de députés, de gauche et de droite, et des réponses polies des cabinets de Rachida Dati et Bernard Kouchner.
Source : Libération.fr - Charlotte Rotman
Cette histoire m'a scotché. La mère n'a ni scrupule ni fierté et dire que c'est l'une de nos "compatriote", ça me dégoute.
Mohammed Bellakhdim est français. Toute sa famille vit au Maroc, son père et ses huit frères et surs. Lui est venu en 1989 à Montbéliard (Doubs), pour un BTS. Il y a travaillé dans un bureau détudes de dessin industriel, et est aujourdhui en mission pour Alstom au Creusot (Saône-et-Loire). Sa vie est ici. Il voudrait que les juges français soient les siens. Eux seuls.
Noce. En 1995, il rencontre une femme de son âge, elle aussi dorigine marocaine. Elle est salariée à Mulhouse (Haut-Rhin). Six mois plus tard, ils se marient. Ils célèbrent la noce avec leurs familles au Maroc. De retour en France, leur union faite « de navettes entre Mulhouse et Montbéliard » ne dure pas. Trois mois après, Mohammed Bellakhdim quitte le domicile conjugal. Si vite ? « Elle commettait ladultère, je ne suis pas dune nature à accepter cela », argue-t-il. Il démissionne, repart au Maroc. « Là, elle ma rejoint, on a essayé de recoller les morceaux. » Sans amertume ni tendresse, il conclut : « Cétait impossible. On nétait pas faits lun pour lautre. » Ils se quittent définitivement. Lui engage une procédure de divorce, qui aboutit le 2 février 1996. « Un soulagement » pour lui. « Je ne lai plus jamais vue. Je ne suis même pas sûr de la reconnaître dans la rue, si je la croisais. »
Retour en France, Mohammed reprend son travail et sa vie. En 1997, il reçoit une convocation au tribunal pour fixer le montant dune pension alimentaire. Il apprend ainsi quil serait le père dune fille née en septembre 1996 et qui porte son nom. Sûr de lui, il conteste cette paternité. Le tribunal de grande instance de Mulhouse estime qu« aucun élément nest produit de nature à démontrer que lenfant est reconnu comme lenfant de Mohammed Bellakhdim dans la société, par sa famille ou par lautorité publique » et ordonne une vérification ADN. Les tests révèlent « deux systèmes génétiques différents ». Le 10 juillet 2000, les juges mulhousiens déclarent que « Mohammed Bellakhdim nest pas le père de lenfant ». Qui doit prendre le nom de sa mère, cela sera consigné en marge de son acte de naissance. Lex-mari nest tenu à aucune obligation juridique à son égard. Chaque année près de 2 000 procédures de ce genre sont engagées.
Allaitement. La justice marocaine, saisie par lancienne épouse, lui donne raison. En mars 2002, le tribunal de première instance dEl Jadida estime que le jugement français « sest basé sur les analyses du sang pour nier que la fille soit lenfant du défendeur mais que ceci est contraire à la loi marocaine et à la tradition musulmane ». Il stipule que « le droit de descendance est un droit divin à ne pas dispenser ou nier », et prend en compte que « la fille est née dans le délai légal de grossesse qui est une année après le divorce [ ] doù il convient de considérer que la fille est la sienne ». Reconnu père, Mohammed Bellakhdim doit payer la pension alimentaire (400 dirhams par mois, 35,5 euros), les frais de garde (100 dirhams, 8,8 euros), et dallaitement (50 dirhams, 4,4 euros), les frais des fêtes religieuses (1 000 dirhams, 88 euros), et ce à partir de septembre 1996. Il devra aussi payer 1 000 dirhams comme « frais de procréation ». Enfin, « le père est tenu dinscrire sa fille aux registres de létat civil ».
Malgré de nombreux recours, les juges marocains (jusquà la Cour suprême, en octobre) ont confirmé ce jugement, estimant la décision française « contraire à lordre public marocain ». Mohammed Bellakhdim, qui na jamais payé, se retrouve en infraction au Maroc. La situation semble bloquée, malgré de nombreux courriers de députés, de gauche et de droite, et des réponses polies des cabinets de Rachida Dati et Bernard Kouchner.
Source : Libération.fr - Charlotte Rotman
Cette histoire m'a scotché. La mère n'a ni scrupule ni fierté et dire que c'est l'une de nos "compatriote", ça me dégoute.