Mort en direct en italie et dans l indiffrence

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A Aa Mort à Naples, en direct et dans l’indifférenceTHIERRY FIORILLI

jeudi 18 juin 2009, 00:06

VIDÉO Des caméras de surveillance ont capté une fusillade en plein Naples. On y voit des scooters semer la panique chez les passants, puis un homme, touché, venir s’écrouler dans le métro. Dans l’indifférence générale.
Petru Birladeanu était roumain. Il avait 33 ans. Il habitait Naples. Il y était venu chercher fortune. Il y jouait de l’orgue, dans la station de métro Cumana, dans le quartier Montesanto. Il était toujours accompagné de sa femme. Les navetteurs les connaissaient bien.
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aA Aa Mort à Naples, en direct et dans l’indifférenceTHIERRY FIORILLI

jeudi 18 juin 2009, 00:06

VIDÉO Des caméras de surveillance ont capté une fusillade en plein Naples. On y voit des scooters semer la panique chez les passants, puis un homme, touché, venir s’écrouler dans le métro. Dans l’indifférence générale.
Petru Birladeanu était roumain. Il avait 33 ans. Il habitait Naples. Il y était venu chercher fortune. Il y jouait de l’orgue, dans la station de métro Cumana, dans le quartier Montesanto. Il était toujours accompagné de sa femme. Les navetteurs les connaissaient bien.
http://www.youtube.com/watch?eurl=h...8.shtml&feature=player_embedded&v=dYMdHtHqEQI


Le 27 mai dernier, c’était un mardi, Petru se dirigeait vers la station, avec sa compagne. C’était le soir. Le couple se donnait la main. On le voit sur les caméras de surveillance de la via Pignasecca, qui mène à Cumana. Arrivent quatre motos, avec chaque fois deux types dessus. Ils font partie des Sarno di Pontcelli, l’un des innombrables clans de la mafia locale, la Camorra. Ils tirent, en l’air, à l’horizontale, à gauche, à droite, pour intimider tous ceux qui pourraient soutenir, ici, sur leur territoire, le retour du vieux boss Mariano, qui vient d’être libéré. Ils tirent.

Panique. Tout le monde s’enfuit. Petru et sa femme aussi, qui s’engouffrent dans la station.

Ils tirent. A l’aveuglette. Fatale à Petru : une balle dans l’aisselle. Les caméras du métro le montrent d’abord debout, tenant sa compagne par le cou, puis titubant devant les portillons. Puis s’affaissant. Puis agonisant.

Autour, il y a sa femme, qui demande de l’aide, qui s’agite, qui devient folle.

Autour, il y a des gens. Beaucoup. Qui ont peur, qui sont pressés, qui ne veulent pas voir, qui valident leur ticket, qui regardent mais filent, qui enjambent les portes pour ne pas avoir à s’arrêter.

Tant de gens. Qui ne bronchent pas.

Et Petru, le petit organiste rom, meurt, à leurs pieds.

« Tiré », comme on dit à Naples.

« Tiré », comme l’a décrit Roberto Saviano dans son livre hallucinant – sur la Camorra, et la résignation napolitaine – Gommorra.

Il y avait un hôpital à 500 mètres. Il y avait du soleil dehors.

Il y avait des gens qui saluaient.

Et puis il y a eu ce que Naples a de plus inhumain et ce que les humains ont de plus napolitain : aucune considération pour la vie.

Puisque là, la mort, c’est la vie. La vie, c’est la mort.

C’était le 27 mai mais les images ne circulent sur le net que depuis ces jours-ci.

Entretemps, en Italie, il y a eu beaucoup d’émotion officielle, beaucoup d’articles, beaucoup de fleurs, beaucoup d’indignation.

Il y a eu aussi l’expulsion de la petite épouse de Petru.

Regardez ces images.

Regardez bien.

C’est ici.

C’est aujourd’hui.

C’est nous.
 
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