Moscou va déployer des missiles dans l'enclave de Kaliningrad

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Les félicitations d'usage sont arrivées tardivement. Le président russe, Dmitri Medvedev, a salué, mercredi 5 novembre, la victoire de Barack Obama, l'encourageant à bâtir "un dialogue constructif" avec la Russie, "sur la base de la confiance et de la prise en compte des intérêts de chacun". Mais le télégramme diplomatique a été envoyé après le premier grand discours de M. Medvedev depuis son élection, devant les parlementaires au Kremlin, dans lequel le dirigeant russe s'est montré cinglant envers les Etats-Unis.

Moins de dix heures après l'annonce de sa victoire, M. Obama a pu juger sur pièce le dossier russe qui l'attendra en janvier 2009, après son installation à la Maison Blanche. Devant plus d'un millier d'officiels et de personnalités, au premier plan desquels le premier ministre, Vladimir Poutine, et le patriarche de Russie, Alexis II, M. Medvedev a dévoilé la réplique militaire au bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, qui devrait être opérationnel au plus tard en 2012.

Le président russe a annoncé que des missiles Iskander seront déployés dans la région de Kaliningrad, enclave russe de la mer Baltique bordée par la Pologne et la Lituanie - toutes deux membres de l'OTAN et de l'Union européenne (UE). En juillet 2007, le vice-premier ministre et ancien ministre de la défense, Sergueï Ivanov, avait déjà brandi une telle menace, lors d'un déplacement en Ouzbékistan. En plus des missiles Iskander, d'une portée d'environ 500 kilomètres, Dmitri Medvedev prévoit l'installation, toujours à Kaliningrad, d'un système de brouillage orienté contre les "nouveaux éléments du système de défense antimissile que les Etats-Unis ont l'intention de déployer" dans les pays limitrophes.

Certaines chancelleries européennes ont immédiatement réagi aux déclarations du président russe. L'Allemagne a déploré "un mauvais signal, au mauvais moment". Quant aux anciens satellites est-européens, particulièrement sensibles aux faits et gestes de l'ex-puissance dominante, ils s'inquiètent. Prague estime que les propos présidentiels sont "malheureux", tandis que la Lituanie juge, elle, le projet russe "incompréhensible". Le premier ministre polonais, Donald Tusk, n'y voit pour sa part "qu'un nouvel acte politique, et non pas militaire, sans grand intérêt".

L'UE, par la voix de la commissaire aux affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a jugé l'installation de missiles "peu compatible avec la nouvelle stratégie russe de sécurité européenne". Le "pacte européen de sécurité", un projet nébuleux que M. Medvedev tente de porter depuis son élection en mai, devait, selon Moscou, remplacer l'OTAN et bloquer le projet américain de bouclier antimissile en Europe, au profit d'un "système de sécurité collective crédible, qui assurerait une sécurité égale à tous les Etats". Mais l'installation effective de missiles russes dans la région de Kaliningrad pourrait porter un coup à ce projet.

Evoquant la guerre éclair du mois d'août en Géorgie, le président russe en a également attribué en des termes virulents la responsabilité aux Etats-Unis. Il s'agissait d'un conflit causé par "les politiques du gouvernement américain, égoïste, refusant d'accepter toute critique, lui préférant les décisions unilatérales". Selon le chef du Kremlin, il aurait été un prétexte pour "envoyer des navires de l'OTAN en mer Noire et imposer le bouclier antimissile sur le continent européen". La Russie n'a toutefois pas l'intention de "reculer dans le Caucase", a mis en garde M. Medvedev.

Lors de son discours, ponctué de plusieurs salves d'applaudissements et décliné sur un ton très "poutinien", le président russe a également rejeté la responsabilité de la crise financière mondiale sur les Américains, qui "n'ont pas écouté les avertissements de leurs partenaires, dont les nôtres", en "faisant grossir une bulle financière pour stimuler leur croissance".

Un message clair à l'attention de M. Obama. Si le président russe n'a pas prononcé une seule fois le nom du président américain élu lors de son discours, il a néanmoins émis le souhait de voir la future administration démocrate de la Maison Blanche "faire le choix des bonnes relations avec la Russie". Dmitri Medvedev et Barack Obama pourraient d'ailleurs se rencontrer pour la première fois dès la semaine prochaine, en marge du sommet du G20 qui se déroulera à Washington, samedi 15 novembre.

Selon le président russe, la "nouvelle architecture économique" à construire devrait comprendre "des normes comptables harmonisées, ainsi que des exigences renforcées pour le capital des établissements financiers". Parmi les pistes dessinées, M. Medvedev a souhaité que le rouble russe prenne davantage d'importance sur le marché des devises, afin de devenir une véritable "monnaie régionale".

Alexandre Billette

http://www.lemonde.fr/elections-ame...-l-enclave-de-kaliningrad_1115624_829254.html
 
ils font bien!

question de ne pas se laisser berner par les usa!

j'aime pas la russie et son gouvernement mais pour ce qui est de leur attitude envers les usa je dis chapeau.
 
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