lundi 30 mars 2009 - 06h:17
Ramzy Baroud
A en croire la presse, Netanyahou maintiendrait un processus de paix qui nexiste pas, comme lavaient fait les négociateurs israéliens avant lui... négociateurs qui eux aussi nexistaient pas, écrit Ramzy Baroud.
Il paraîtrait que le prétendu « processus de paix » israélo-palestinien soit sérieusement en péril. Du moins, cest limpression immédiate que lon peut tirer des articles de la presse israélienne.
Au contraire des partis israéliens dits « modérés » comme le Kadima et le parti travailliste, le premier ministre désigné Benjamin Netanyahou serait considéré comme un obstacle possible aux négociations visant à trouver une solution à deux-états. Les histoires propagées par les médias sont cependant basées sur de fausses idées et marquées de suppositions erronées.
Alors que Netanyahou saffiche comme un idéologue de droite, il diffère cependant à peine de ses prédécesseurs sur les questions ayant trait au processus de paix. Pire encore, comment évaluer les risques auxquels ferait face un processus de paix, considérant quun tel processus nexiste pas. Israël poursuit sans relâche ses attaques militaires et lexpansion illégale de ses colonies, tandis que lautorité palestinienne de Mahmoud Abbas poursuit de son côté ce qui semble être ses premières priorités politiques : isoler le Hamas dans Gaza et maintenir son règne en Cisjordanie.
A quel « processus de paix » les médias font-ils alors référence ? Quelles perspectives pour une solution viable à deux états seraient encore si passionnément en discussion ? Sincèrement, on peine à comprendre.
Tout aussi déroutant est le fait que quelques dirigeants et diplomates occidentaux restent en position dattente, espérant que Netanyahou respectera et maintiendra le processus de paix qui rappelons-le nexiste pas comme lavaient fait les négociateurs israéliens avant lui... négociateurs qui eux aussi nexistaient pas.
Dans des commentaires pour le moins risqués faits au journal « The National », Tony blair, envoyé des Nations Unies au Moyen-Orient pour le Quartet et ancien premier ministre britannique [1], a assuré que Netanyahu avait fait connaître son support « de principe » à la solution à deux états, contrairement bien évidemment à ce que Netanyahu lui-même a toujours affirmé. « Interrogé pour savoir si Netanyahu soutenait lidée dun état palestinien », selon le journal, « Blair répond : il me la toujours dit clairement. »
Une telle rhétorique, si elle samplifie, pourrait conduire à une nouvelle ruse politique, semblable à celle déployée par Netanyahou pendant ses quelques années comme premier ministre israélien à partir de mai 1996.
Netanyahou qui était alors depuis peu chef du Likoud avait dune courte tête battu Shimon Peres lors des élections israéliennes, et il sétait stratégiquement positionné comme le dirigeant israélien qui mettrait un terme aux « concessions » faites par ses rivaux du parti travailliste. Il a aussi maintenu un aspect différent devant les médias occidentaux, passant pour un conciliateur.
Il faut dire que le Palestinien ordinaire ne peut presque jamais trouver la moindre différence entre un gouvernement de droite du Likoud, un gouvernement travailliste « de gauche » ou un gouvernement du parti Kadima dit de centre-droit. Ce que les Palestiniens continuent de voir, ce sont des soldats et des tanks, des checkpoints, des bulldozers, des fils de fer barbelés, des confiscations de terres et les mêmes symboles doccupation et de domination qui semblent ne jamais devoir changer indépendamment du fond idéologique ou des positions politiques de ceux qui commandent en Israël.
Peu de temps après son intronisation, Netanyahou a été mis sous pression par les Etats-Unis pour quil respecte les dates-limites longuement différées des accords dOslo, semblant placer le dirigeant encore inexpérimenté en fâcheuse posture. Aussi a-t-il fait ce que font la plupart des dirigeants israéliens placés devant ce genre de dilemmes. Il a provoqué la violence. En septembre 1996, Netanyahu a ordonné louverture dun tunnel sous un des lieux de culte les plus sacrés de lIslam, la mosquée dAl-Aqsa, menaçant les fondations déjà fragilisées du lieu saint. Son but a été atteint puisquil a déclenché la fureur des Palestiniens des territoires occupés. Plusieurs jours daffrontements ont eu comme conséquence de nombreux tués et blessés, en majorité écrasante des Palestiniens. Le gouvernement israélien a exploité les résultats de sa provocation pour pointer du doigt limpossibilité dans le cadre dOslo de répondre aux besoins de sécurité dIsraël.
Tandis que les services de sécurité dArafat lançaient des campagnes darrestations en Cisjordanie et dans Gaza afin dessayer de satisfaire aux exigences de Netanyahou le chef israélien poursuivait lexpansion des colonies et la confiscation des terres palestiniennes. Le 28 octobre [1996], il approuvait la construction de milliers de nouvelles unités dhabitation dans des colonies existantes et, plus tard la fortification de 33 colonies ainsi que la construction de 13 nouvelles routes de contournement réservées aux seul juifs.
Mais en Israël, et malgré tous ses efforts, Netanyahou a échoué à satisfaire son électorat, et le 17 mai 1999 a été élu Ehud Barak, le chef du parti travailliste. Netanyahou a alors démissionné de la direction du Likoud.
Il est essentiel de noter que larrivée de Barak a eu pour effet de relancer la rhétorique pour la paix, malgré le fait que la nouvelle « colombe » avait envoyé peu de signes sur sa disposition à faire les « concessions douloureuses » quexigeraient des discussions pour un statut final.
Alors que le président américain Bill Clinton faisait la promotion de Barak en le présentant comme le dirigeant israélien le plus capable de parvenir à la paix, les Palestiniens ordinaires avaient peu despoir et avec raison à cause du passé sanglant de Barak. Dans son discours après sa victoire électorale, Barak avait tracé sa « vision » de la paix à ses supporters israéliens : « Je vous dis que le moment pour la paix est venu. Pas la paix par la faiblesse, mais la paix avec une sensation de sécurité ; pas la paix aux dépens de la sécurité mais la paix qui apportera la sécurité. Nous nous acheminerons rapidement vers la séparation davec les Palestiniens avec quatre lignes rouges sécuritaires : Jérusalem uni sous notre souveraineté comme capitale dIsraël pour léternité, aucun retour aux frontières de 1967, aucune armée étrangère à louest du fleuve Jourdain, et la plupart des colons en Judée et Samarie dans des colonies restant sous notre souveraineté. »
Plus important que les noms et les titres, la forte majorité des dirigeants des partis importants en Israël sont tous les mêmes : leur langage est tout autant archaïque et vindicatif. Par conséquent, on ne comprend pas la panique affichée quant au « futur du processus de paix ». Aussi loin que Gaza par exemple soit concernée, il importe peu de savoir si les 1400 personnes assassinées en 22 jours lont été par un révisionniste du Likoud, ou ont été mises en pièces par une colombe travailliste ou bombardées par un conciliateur du Kadima. Un envoyé comme Blair ne semble pas à même de le comprendre.
Ramzy Baroud
A en croire la presse, Netanyahou maintiendrait un processus de paix qui nexiste pas, comme lavaient fait les négociateurs israéliens avant lui... négociateurs qui eux aussi nexistaient pas, écrit Ramzy Baroud.
Il paraîtrait que le prétendu « processus de paix » israélo-palestinien soit sérieusement en péril. Du moins, cest limpression immédiate que lon peut tirer des articles de la presse israélienne.
Au contraire des partis israéliens dits « modérés » comme le Kadima et le parti travailliste, le premier ministre désigné Benjamin Netanyahou serait considéré comme un obstacle possible aux négociations visant à trouver une solution à deux-états. Les histoires propagées par les médias sont cependant basées sur de fausses idées et marquées de suppositions erronées.
Alors que Netanyahou saffiche comme un idéologue de droite, il diffère cependant à peine de ses prédécesseurs sur les questions ayant trait au processus de paix. Pire encore, comment évaluer les risques auxquels ferait face un processus de paix, considérant quun tel processus nexiste pas. Israël poursuit sans relâche ses attaques militaires et lexpansion illégale de ses colonies, tandis que lautorité palestinienne de Mahmoud Abbas poursuit de son côté ce qui semble être ses premières priorités politiques : isoler le Hamas dans Gaza et maintenir son règne en Cisjordanie.
A quel « processus de paix » les médias font-ils alors référence ? Quelles perspectives pour une solution viable à deux états seraient encore si passionnément en discussion ? Sincèrement, on peine à comprendre.
Tout aussi déroutant est le fait que quelques dirigeants et diplomates occidentaux restent en position dattente, espérant que Netanyahou respectera et maintiendra le processus de paix qui rappelons-le nexiste pas comme lavaient fait les négociateurs israéliens avant lui... négociateurs qui eux aussi nexistaient pas.
Dans des commentaires pour le moins risqués faits au journal « The National », Tony blair, envoyé des Nations Unies au Moyen-Orient pour le Quartet et ancien premier ministre britannique [1], a assuré que Netanyahu avait fait connaître son support « de principe » à la solution à deux états, contrairement bien évidemment à ce que Netanyahu lui-même a toujours affirmé. « Interrogé pour savoir si Netanyahu soutenait lidée dun état palestinien », selon le journal, « Blair répond : il me la toujours dit clairement. »
Une telle rhétorique, si elle samplifie, pourrait conduire à une nouvelle ruse politique, semblable à celle déployée par Netanyahou pendant ses quelques années comme premier ministre israélien à partir de mai 1996.
Netanyahou qui était alors depuis peu chef du Likoud avait dune courte tête battu Shimon Peres lors des élections israéliennes, et il sétait stratégiquement positionné comme le dirigeant israélien qui mettrait un terme aux « concessions » faites par ses rivaux du parti travailliste. Il a aussi maintenu un aspect différent devant les médias occidentaux, passant pour un conciliateur.
Il faut dire que le Palestinien ordinaire ne peut presque jamais trouver la moindre différence entre un gouvernement de droite du Likoud, un gouvernement travailliste « de gauche » ou un gouvernement du parti Kadima dit de centre-droit. Ce que les Palestiniens continuent de voir, ce sont des soldats et des tanks, des checkpoints, des bulldozers, des fils de fer barbelés, des confiscations de terres et les mêmes symboles doccupation et de domination qui semblent ne jamais devoir changer indépendamment du fond idéologique ou des positions politiques de ceux qui commandent en Israël.
Peu de temps après son intronisation, Netanyahou a été mis sous pression par les Etats-Unis pour quil respecte les dates-limites longuement différées des accords dOslo, semblant placer le dirigeant encore inexpérimenté en fâcheuse posture. Aussi a-t-il fait ce que font la plupart des dirigeants israéliens placés devant ce genre de dilemmes. Il a provoqué la violence. En septembre 1996, Netanyahu a ordonné louverture dun tunnel sous un des lieux de culte les plus sacrés de lIslam, la mosquée dAl-Aqsa, menaçant les fondations déjà fragilisées du lieu saint. Son but a été atteint puisquil a déclenché la fureur des Palestiniens des territoires occupés. Plusieurs jours daffrontements ont eu comme conséquence de nombreux tués et blessés, en majorité écrasante des Palestiniens. Le gouvernement israélien a exploité les résultats de sa provocation pour pointer du doigt limpossibilité dans le cadre dOslo de répondre aux besoins de sécurité dIsraël.
Tandis que les services de sécurité dArafat lançaient des campagnes darrestations en Cisjordanie et dans Gaza afin dessayer de satisfaire aux exigences de Netanyahou le chef israélien poursuivait lexpansion des colonies et la confiscation des terres palestiniennes. Le 28 octobre [1996], il approuvait la construction de milliers de nouvelles unités dhabitation dans des colonies existantes et, plus tard la fortification de 33 colonies ainsi que la construction de 13 nouvelles routes de contournement réservées aux seul juifs.
Mais en Israël, et malgré tous ses efforts, Netanyahou a échoué à satisfaire son électorat, et le 17 mai 1999 a été élu Ehud Barak, le chef du parti travailliste. Netanyahou a alors démissionné de la direction du Likoud.
Il est essentiel de noter que larrivée de Barak a eu pour effet de relancer la rhétorique pour la paix, malgré le fait que la nouvelle « colombe » avait envoyé peu de signes sur sa disposition à faire les « concessions douloureuses » quexigeraient des discussions pour un statut final.
Alors que le président américain Bill Clinton faisait la promotion de Barak en le présentant comme le dirigeant israélien le plus capable de parvenir à la paix, les Palestiniens ordinaires avaient peu despoir et avec raison à cause du passé sanglant de Barak. Dans son discours après sa victoire électorale, Barak avait tracé sa « vision » de la paix à ses supporters israéliens : « Je vous dis que le moment pour la paix est venu. Pas la paix par la faiblesse, mais la paix avec une sensation de sécurité ; pas la paix aux dépens de la sécurité mais la paix qui apportera la sécurité. Nous nous acheminerons rapidement vers la séparation davec les Palestiniens avec quatre lignes rouges sécuritaires : Jérusalem uni sous notre souveraineté comme capitale dIsraël pour léternité, aucun retour aux frontières de 1967, aucune armée étrangère à louest du fleuve Jourdain, et la plupart des colons en Judée et Samarie dans des colonies restant sous notre souveraineté. »
Plus important que les noms et les titres, la forte majorité des dirigeants des partis importants en Israël sont tous les mêmes : leur langage est tout autant archaïque et vindicatif. Par conséquent, on ne comprend pas la panique affichée quant au « futur du processus de paix ». Aussi loin que Gaza par exemple soit concernée, il importe peu de savoir si les 1400 personnes assassinées en 22 jours lont été par un révisionniste du Likoud, ou ont été mises en pièces par une colombe travailliste ou bombardées par un conciliateur du Kadima. Un envoyé comme Blair ne semble pas à même de le comprendre.