New York: cachez ces pauvres... dans des charters

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Dormeur
  • Date de début Date de début

Dormeur

zzz...zzz...zzz...
New York, ville de tous les possibles, de tous les rêves, de tous les contrastes... Pendant que le maire paye aux SDF des aller simple pour se barrer parce qu'ils coûtent trop cher, les banques qui ont coûté si cher à l'Etat font des profits records, et là, le maire, il est content...

Confrontée à la crise économique, à la montée du chômage et de la précarité qui jettent dans la rue un grand nombre d'Américains, la ville de New York semble avoir trouvé « la panacée » pour régler le problème de ses SDF : les envoyer ailleurs !

Cette « idée » ne semble pas choquer plus que cela la communauté internationale ni les medias puisque cette information trouvée sur Google Actualités est localisée dans la rubrique : divertissement !

Aujourd'hui, la misère fait peur aux citoyens et indispose les dirigeants. Alors faute de trouver des solutions au déclassement et à la déchéance, on éloigne les miséreux de quelques kilomètres, ou comme le propose le maire de New York, on les « décentralise » définitivement !
Les pauvres stigmatisés
Les pères fondateurs des Etats-Unis ont inscrit dans la tête de ses habitants une maxime issue des écritures saintes : « Je n'ai rien pris à personne, je ne reçois rien gratuitement. Chaque jour, avec mes mains et à la sueur de mon front, je gagne ma vie, sachant que l'Apôtre a écrit : « Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger. » (2 Th 3,10) »

En clair, c'est un boulet pour la communauté qui ne voit pas pourquoi elle paierait pour lui !

Comme nous l'expliquent des travaux de la Faculté des Sciences Humaines et sociales Sorbonne :

... / ... La ville de New York a bâti au cours des années 1980 un système hiérarchisé et segmenté d’aide aux sans-abri qui complète la politique répressive menée contre cette population. Les institutions de secours ont été privatisées mais demeurent étroitement contrôlées par l’administration publique. Elles sont engagées dans un processus d’adaptation aux pressions de l’environnement qui va de la « conformisation » à la « résistance ».

Les exigences du welfare tendent à être imposées à leurs résidents. Les familles sans-domicile sont les cibles privilégiées de ce contrôle social. Les hommes seuls, pauvres non-méritants par excellence, n’ont droit qu’à une aide minimale, d’abord destinée à les maintenir hors de la rue. Placés en position de subordination, les sans-abri sont néanmoins capables de manipuler les règles de l’assistance et de participer à la construction de leur identité et de leur statut social .../ ... - Source Faculté des Sciences Humaines et sociales Sorbonne - Année 2000-2001

Or, crise économique aidant, le chômage et le déclassement ont vite fait de vous mener à la rue. Il faut savoir que : « Sur les 6,5 millions d’Américains qui sont venus grossir le nombre des chômeurs depuis le début de la crise, 45 % ne retrouveront pas d’emploi dans leur domaine, selon les statistiques du ministère de l’emploi » - Source La Croix

Ce à quoi il faut ajouter les « poor workers » dont beaucoup sont sans logement fixe ou en instance de devenir SDF.

« En 2007, selon le Census Bureau [Washington], 37,3 millions de personnes, ou 12,5% de la population [américaine], vivaient sur ou en-deça du seuil de la pauvreté. Bien que la majorité des personnes pauvres étaient des enfants ou des adultes n’ayant pas participé au marché du travail durant l’année, 7,5 millions étaient des « travailleurs pauvres ». Ce niveau est légèrement plus élevé que celui établi pour 2006. Les travailleurs pauvres sont des individus ayant été actifs au moins 27 semaines (c’est-à-dire ayant occupé un emploi ou ayant été à la recherche d’un emploi), mais dont les revenus sont demeurés sous le seuil officiel de pauvreté » .../ ... Source Politique sociale

Qui sont les travailleurs pauvres?
Libération nous livre quelques portraits :

« Rosa Agnant fait partie de ces temporaires éternels. Licenciée il y a quatre ans d’un centre de service à la clientèle, elle va de job temporaire en job temporaire, souvent à temps partiel. « Je ne touche plus que 100 dollars [70 euros, ndlr] par semaine de l’assurance chômage et dans un mois, c’est fini », raconte cette femme d’une quarantaine d’années qui dit vivre de la générosité des amis qui l’hébergent. Pour la première fois de sa vie, elle touche les coupons alimentaires que l’Etat accorde aux indigents. » .../...

« Miguel Arias, 41 ans, ... / ... a perdu son emploi de manutentionnaire dans une entreprise de toilettes portatives. « Ce n’est pas glamour, mais ça payait le loyer », dit-il avec un sourire résigné. Il a été licencié pour avoir osé demander le remboursement d’heures supplémentaires qui s’accumulaient. En retard sur le paiement de son loyer, il est désormais menacé d’expulsion. « Ce n’est pas avec les 330 dollars par semaine que je touche du chômage que je pourrai payer les 1 100 dollars de loyer et faire vivre ma famille. » - Source Le Monde

...
 
(suite)
Et justement, à New York

... / ... A New York, l’hiver, les articles sur les SDF se succèdent . De qui parle-t-on ? De familles monoparentales noires, la plupart du temps. C’est un changement assez radical par rapport à l’époque du Hobo. Dans l’imaginaire médiatique, le SDF n’est plus un individu isolé ; ce n’est plus non plus, même par effet de miroir, un artisan du développement américain : c’est une femme, un enfant à la peau sombre du ghetto. La composition de ce groupe aurait-elle évolué si radicalement ?

En l’absence de données globales sur la situation du début du siècle, constatons que 32% des sans-abri (secourus) sont des femmes. 15% des clients des centres de secours sont des familles, dirigées 84 fois sur 100 par des femmes. Tous les adultes membres de familles et 91% des clients individuels ont moins de 54 ans. 41% des sans-abri sont blancs (non-hispaniques), 40% sont noirs (les noirs présentant 11% de la population totale américaine). Vraisemblablement, la réalité a changé, mais peut-être pas autant que les médias le laisseraient penser.

Mettre en avant les familles, c’est rendre moins antipathique une population qui tend à l’être de plus en plus. Mettre en avant les familles, c’est en fait, appeler la générosité du grand public autour du sort des milliers d’enfants en manque de foyer. De fait, l’attention des médias reflète l’attention des politiques, des activistes : les familles sans domicile sont moins déméritantes que les adultes isolés, elles sont plus souvent aidées. Au contraire, les hommes sans-abri, en particulier s’ils sont noirs, sont les pauvres non méritants par excellence : Ils sont perçus comme dangereux et agressifs, on les laisse dans la rue .../... écrit Homeless USA.
Exportation de la pauvreté
Est ce au nom de ces raisonnements que le maire de la ville de New York, Michael Bloomberg, explique avoir trouvé une solution pour gérer le problème des sans-abri... Il offre aux SDF un billet, ALLER SIMPLE, de train, de bus ou d’avion pour la destination de leur choix... La personne doit juste y avoir un proche qui accepte de l’accueillir.

Ce programme à un but hautement humanitaire : « L’hébergement de ces familles coûte à la ville l’équivalent de 25 000 euros par an et par famille. L’objectif est donc simple : réaliser des économies et alléger la fiscalité des citoyens new-yorkais. Selon le New-York Times ce programme lancé en 2007 coûte environ 500 000 dollars par an à la ville de New-York.

Parmi les villes les plus prisées : Orlando, Johannesburg, Hawaï ou encore Paris. Grâce à ce programme, un couple et ses trois enfants devraient bientôt décoller pour Granville, dans la Manche. Ce voyage pourrait coûter 6 332 dollars à la la ville de New York » - Source France Info
Oui, vous avez bien lu : Granville !!! Et, il en pense quoi le maire de Granville ?

... / ... « Le maire de Granville n'est au courant de rien. Ancien vice-président national de Peuples solidaires, cet horticulteur de 63 ans, élu en 2008 à la tête d'une liste « humano-pragmatique au-delà des clivages » ne mâche pas ses mots : « On connaissait déjà les charters pour Africains. Cette fois, on assiste à la marchandisation et à l'exportation de la pauvreté. »

Interrogé par CNN, Michael Bloomberg a déclaré : Est-ce que l'on est en train de transférer le problème ailleurs ? Je ne sais pas. Peut-être trouvent-ils un nouvel emploi quand ils arrivent dans un nouvel endroit, peut-être pas. C'est peut-être plus facile pour eux. Ce qui est sûr, c'est que l'on a deux choix : faire ce programme [de billets d'avions] ou payer très cher, chaque jour, pour leur fournir un hébergement. » Un hébergement qui coûte 36 000 dollars (25 000 euros) par an et par famille. Chaque nuit, 38 000 SDF sont accueillis dans les centres d'accueil de la grande métropole. » - Source Le Figaro

Pendant ce temps, Wall Street fait des profits...
Mais, New York, ce ne sont pas uniquement les SDF qui hantent les rues, c'est aussi le siège de la finance américaine et mondiale : Wall Street.

Et, à Wall Street, visiblement, après avoir bénéficié des largesses de l'Etat et oublié le Huitième commandement, qui proclame : « Tu ne voleras pas point, » on voit la vie sous un jour différent :

... / ... « Des grandes banques américaines ont recommencé à verser de copieuses primes à leurs dirigeants moins d'un an après le début de la crise financière, au risque de démontrer qu'elles n'ont rien appris de la débandade de septembre 2008.

Goldman Sachs, qui a annoncé la semaine dernière des bénéfices record, a fait savoir qu'il avait mis de côté au premier semestre pas moins de 11,4 milliards de dollars pour la rémunération de ses dirigeants. Son concurrent Morgan Stanley a suivi le mouvement mercredi en annonçant une enveloppe de 3,9 milliards -- en dépit d'un troisième trimestre consécutif de pertes.


...
 
(fin)

Pour certains, le retour de primes mirifiques est le signe de la guérison de Wall Street, où l'indice Dow Jones est repassé jeudi au-dessus de la barre des 9.000 points pour la première fois depuis huit mois.

Goldman Sachs et Morgan Stanley ont remboursé à l'Etat les fonds qui leur avaient été avancés au plus fort de la crise et peuvent donc s'affranchir des pressions politiques.

... / ... Après les centaines de milliards déboursés pour sauver le secteur, le président Barack Obama n'apprécie guère la prospérité retrouvée de certains banquiers. « On n'a pas l'impression que les gens de Wall Street ressentent le moindre remords d'avoir pris tous ces risques. On n'a pas l'impression qu'il y ait eu un changement de culture ou de comportement malgré tout ce qui s'est passé », a-t-il déclaré lundi à la chaîne de télévision PBS... »

Comme Christine Lagarde et Ariane Obolensky la directrice générale de la Fédération bancaire française (et membre du conseil exécutif du MEDEF ) en France, ... / ... « les banques américaines dénoncent un débat populiste et expliquent qu'elles n'ont guère le choix si elles veulent conserver leurs meilleurs éléments » ... / ... - AFP/Google

Ce dernier argument est d'autant plus amusant que Christine Lagarde prétendait, au plus fort du tollé sur le futur milliard d'€ de bonus promis aux traders de la BNP, que les traders français risquaient de tous partir... aux Etats-Unis !

C'est vrai que c'est beaucoup plus important que l'éradication de ceux qui sont tombés du manège économique et donnent une mauvaise opinion de la ville et de la société américaine !

Il y a encore peu, certains dirigeants déclaraient la main sur le coeur, « vouloir moraliser le capitalisme ». A New York, il semble qu'on ait une vision quelque peu différente de la moralisation, plus proche du : « Just do it !!!! »®

source : Marianne - http://www.marianne2.fr/New-York-cachez-ces-pauvres-dans-des-charters_a181752.html
 
J'ai vu un reportage sur ca! c'est incroyable...vous ne savez pas quoi faire de vos pauvres, envoyez les dans un autres pays, le plus loin sera le mieux! hallucinant comme concept et qui pourtant trouve des candidats...
La mondialisation mon frère!
 
Retour
Haut