Mais on s'y est mis très tôt. Et ainsi, étrangement, à l'époque ou il n'y avait ni grand groupe, ni publicité et ou la religion était pourtant omniprésente, on polluait tout aussi allégrement au moyen âge, malgré les dangers physiques réelles sur la vie des personnes.
Pour commencer, sachez que la princesse et son preux chevalier ont les pieds dans la boue, une boue composée de la fange, d’excréments humains, de déchets des bouchers, de tripiers, de teinturiers et autres tanneurs, étalée à même la chaussée, débordant largement une pauvre rigole souvent hors d’usage…
Ils risquent aussi d’être dérangés par les bêtes qui vivent là en liberté: poules, cochons, plus ou moins domestiqués, mais aussi chiens errants et divers animaux plus ou moins sauvages. Ils se cacheront sans doute le soir venu pour échapper aux loups qui entraient jusque dans les villes et n’épargnaient manifestement pas, conformément à la tradition, les femmes et les enfants, mais aussi les hommes faibles (mendiants)....
La princesse, par ailleurs si belle, ne se lave pas : un traité de médecine du XVIème siècle précise en effet que laver le corps ouvre les pores par lesquels la peste s’engouffre. Mais comme toute princesse elle a une bonne éducation et sait donc qu’il est «
malséant ou peu honnête de soi gratter la teste à table et prendre au col ou au dos, pouls et puces et autre vermine, et la tuer devant les gens» (p. 28).
Le preux chevalier, lui, en tant que soldat, «
a un comportement foncièrement sale. Sa présence, son passage se lisent dans l’ordure. Les tas de détritus et de fumier des chevaux auraient atteint à Tours 100m de long, 14m de large et 6m de haut après le départ des soldats de la garde de Louis XI» (p. 42).
Enfin, il ne faudrait pas que le graveur ait besoin qu’ils posent trop longtemps faute de quoi ils pourraient recevoir un seau d’excréments sur la tête (pratique répandue selon l’auteur) puisque «
vider des fenêtres des pots à pisser, des eaux sales et des détritus, uriner sur les passants qui tiennent par prudence le «haut du pavé» sont des habitudes bien ancrées» (p. 17).
En huit chapitres, Jean-Pierre Leguay dresse un portrait édifiant de la pollution au Moyen-Âge, des habitudes de vie et du peu d’hygiène qui régnait alors. Ce livre, très intéressant, nous apprend que les principales pollutions sont:
La suite ici :
https://journals.openedition.org/developpementdurable/1270