5- La constitutionnalisation de toutes les institutions consultatives mises en place par le roi auparavant et l’exclusion de cette liste de l’institution officielle qui se consacre à l’amazighité, l’IRCAM, nous interpelle et nous incite à nous poser plus d’une question sur la réelle forme que prendra la gestion de l’amazighité.
6- La constitutionnalisation des dimensions de l’identité marocaine telle qu’elle est stipulée dans la constitution « Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et sahraro-hassanie, s’est nourrie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen » n’a nullement respecté les spécificités amazighes et la chronologie, sachant que l’amazighité est l’élément premier et originel de tout cet échafaudage identitaire. Pire, elle éclipse même nos racines africaines dont elle a fait un simple affluent.
7-La nouvelle constitution passe, totalement, sous silence l’ancrage africain du Maroc et réduit le rapport avec notre continent africain aux « relations de coopération et de solidarité avec les peuples d’Afrique ». Elle affirme, par contre, notre « appartenance à la Oumma arabo-islamique » reniant ainsi des réalités historiques et géographiques de notre pays et nous faisant perdre toute possibilité de tirer profit d’enjeux civilisationnels et géographiques bien plus importants que ceux liés au Moyen-Orient.
8- Le fait de supprimer de la version définitive de la constitution les éléments consacrant le caractère civil de l’État et la liberté de conscience, qui sont, faut-il encore le signaler, les bases de toute construction d’une société démocratique, est en lui-même un véritable échec pour cette nouvelle constitution. D’autant plus que, la précision du « caractère islamique » de l’État contredit l’engagement pris quant au respect et la primauté des normes internationales sur les juridictions internes. Et ce, en l’absence de tout effort des jurisconsultes musulmans afin de comprendre et saisir les enjeux importants de la vie moderne.
9- Bien que cette nouvelle constitution contienne quelques avancées, notamment un certain nombre de droits et libertés, il est regrettable de constater qu’elle est en deçà des aspirations des masses populaires telles qu’elles ont été exprimées, clairement et ouvertement, par le mouvement du 20 février. La société civile et les partis politiques progressistes se doivent de continuer leur combat pour la construction d’une véritable société démocratique et moderne, basée sur les principes de liberté, d’égalité, de justice et de dignité et sur un contrat social consacrant, une fois pour toute, la souveraineté populaire.
l'Observatoire amazigh