Obama compose la future administration démocrate

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Une récession et deux guerres. Au lendemain de son élection historique, Barack Obama s'employait déjà mercredi à former l'administration démocrate qui prendra ses fonctions en janvier prochain, avec la lourde responsabilité de s'atteler aux dossiers urgents et d'apporter aux Etats-Unis le changement promis tout au long de la campagne présidentielle.

A 47 ans, le sénateur de l'Illinois est devenu mardi le premier Noir élu à la Maison Blanche. Il a battu largement son rival républicain de 72 ans, John McCain, quadruple sénateur de l'Arizona. Une victoire à la mesure de la lassitude ressentie par les Américains après huit années d'administration Bush.

"Le changement est arrivé en Amérique", a déclaré Barack Obama dans son premier discours de président élu, devant 240.000 sympathisants rassemblés dans un parc de Chicago.

Ce fils d'un Kényan noir et d'une Américaine blanche prendra ses fonctions le 20 janvier prochain en tant que 44e président des Etats-Unis. Il lui reste deux mois et demi pour former son administration.

Selon des responsables du Parti démocrate, Barack Obama devrait nommer comme secrétaire général de la Maison Blanche le représentant de l'Illinois Rahm Emanuel, ancien conseiller politique de Bill Clinton.

Le sénateur du Massachusetts John Kerry, candidat malheureux à la présidentielle de 2004, convoiterait le Secrétariat d'Etat, rapportent plusieurs démocrates.

D'après deux responsables de campagne, Barack Obama devrait annoncer prochainement la composition de son équipe de transition. Elle serait dirigée par John Podesta, secrétaire général sous Clinton, et comporterait également Pete Rouse, chef de cabinet d'Obama au Sénat, ainsi que Valerie Jarrett, amie et conseillère de campagne du président élu.

Barack Obama s'apprêtant à devenir commandant en chef des armées, il aura chaque jour à compter de jeudi des réunions avec des responsables des services de renseignement. Il sera notamment tenu au courant des opérations secrètes.

Le président élu a conscience d'avoir du pain sur la planche. "Nous savons que demain nous apporte les plus grands défis de notre vie -deux guerres, une planète en péril, la pire crise financière en un siècle", a-t-il déclaré mardi soir.

Certes, Barack Obama hérite d'une situation difficile. Il peut cependant compter sur ses alliés au Congrès car le Parti démocrate a élargi mardi sa majorité dans les deux chambres -la Chambre des Représentants et le Sénat.

Barack Obama a lui-même été élu très confortablement, obtenant 52,3% du vote populaire contre 46,4% à John McCain après le dépouillement de presque tous les bulletins. Il est le premier démocrate a recueillir un tel score depuis Jimmy Carter en 1976.

Cependant, aux Etats-Unis, le président n'est pas élu au suffrage universel direct, mais par un collège composé de 538 grands électeurs répartis entre les Etats selon leur poids démographique.

Dans tous les Etats sauf le Nebraska et le Maine, le candidat qui obtient la majorité des voix des électeurs recueille toutes les voix des grands électeurs - c'est la règle du "winner takes all". L'avance d'Obama dans le vote populaire s'est donc transformée en une victoire écrasante dans le collège électoral. Lui qui avait besoin de 270 grands électeurs pour être élu en tenait déjà 349 contre 147 à McCain, tandis que dans trois Etats les résultats étaient encore trop serrés pour trancher, "too close to call" selon l'expression consacrée.

Barack Obama a bouleversé la carte politique, conquérant des fiefs républicains comme la Floride, l'Indiana et la Virginie, tout en conservant les Etats traditionnellement démocrates.

Son élection marque un moment historique dans un pays où les Etats du Sud ont appliqué des lois discriminatoires jusqu'en 1964 et privé les Noirs du droit de vote jusqu'en 1965.

Dans la foule venue célébrer sa victoire à Chicago, beaucoup de sympathisants émus avaient les larmes aux yeux, comme le révérend Jesse Jackson, militant historique des droits civiques et deux fois candidat malheureux à l'investiture démocrate.

Même les républicains ont souligné la portée historique de cet événement. "C'est une élection historique et je reconnais la signification spéciale qu'elle revêt pour les Afro-Américains et la fierté spéciale qui doit être la leur ce soir", a déclaré John McCain en concédant sa défaite mardi soir, devant une foule déçue à Phoenix (Arizona). Et de rendre hommage à son adversaire, qui "a réussi à gagner en donnant de l'espoir à tant d'Américains, qui pensaient n'avoir que peu d'influence dans la désignation d'un président américain". "C'est quelque chose que j'admire profondément et je l'en félicite", a lancé John McCain.

"Ce que M. Obama représente, c'est le meilleur de l'Amérique", a estimé le général Colin Powell, saluant une "étape dans la réconciliation" raciale et une "occasion vraiment, vraiment historique".

"En tant qu'Afro-Américaine, je suis particulièrement fière", a confié Condoleezza Rice, la secrétaire d'Etat de George W. Bush, saluant une "extraordinaire avancée".

"Peu importe comment ils ont voté, tous les Américains peuvent être fiers de l'histoire qui s'est écrite hier", a déclaré mercredi le président sortant George W. Bush, assurant qu'il coopérerait avec son successeur pour une transition en douceur.

Barack Obama devrait ouvrir une nouvelle ère de la politique étrangère américaine, même si les intérêts américains continuent logiquement de primer. Il envisage un retrait des troupes américaines d'Irak pour les redéployer en Afghanistan, s'est dit prêt à négocier, sans préalable, avec l'Iran, veut que le camp de Guantanamo soit fermé. Et prône les quotas d'émission de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique.

Sur la scène internationale, l'"obamania" actuelle laisse augurer une grande popularité, en contraste radical avec son prédécesseur George W. Bush. AP
 
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