dimanche 25 janvier 2009 - 06h:25
Dr Mazin Qumsiyeh
En nommant George Mitchell envoyé spécial pour le Moyen-Orient, le président Obama a malheureusement fait des déclarations qui ne marquaient aucune rupture avec la politique désastreuse des précédentes administrations.
En particulier, Obama a souligné le droit dIsraël à « se défendre », sans mentionner une seule fois par exemple loccupation ou le droit international, il sen est pris au Hamas (mouvement dûment élu qui représente une partie importante du peuple palestinien), il a soutenu létranglement de Gaza, exigé que le peuple occupé cesse la résistance et il a approuvé loccupant israélien dans sa violence qui a coûté très récemment la vie à plus de 400 enfants.
Cette logique a déjà été essayée dans le cadre de la « diplomatie agressive » de Bill Clinton et elle na abouti quau renforcement du Hamas, à laffaiblissement du Fatah, à la poursuite de la colonisation israélienne sur les terres palestiniennes et à préparer le terrain pour de nouveaux conflits. En outre, une telle démarche est encore plus insoutenable aujourdhui après les revers de la guerre israélienne au Liban en juin 2006 et de lactuelle guerre à Gaza.
Comme la fort bien exprimé le président Jimmy Carter, on se trompe à considérer ce conflit comme un affrontement entre un « Israël démocratique » et « des groupes terroristes tels que le Hamas » et on se trompe à continuer de financer les guerres israéliennes tout en se prétendant un « médiateur sincère ». Cest la même chose que lorsque lon présentait dans les années 80 les luttes en Afrique du Sud comme un affrontement entre « lAfrique du Sud démocratique » et « des groupes terroristes tels que lANC » (en fait, cétait le positionnement du président Reagan à son premier mandat alors quil soutenait lapartheid). Oui, certains membres de lANC ont utilisé la terreur (notamment en infligeant le « supplice du collier » ou en brûlant vifs des rivaux) mais ce fut infime comparé au terrorisme dEtat et à lapartheid auxquels ils étaient confrontés.
Les Etats-Unis ne pourront pas être un médiateur sincère tant que leur gouvernement continuera à :
a) donner des milliards daides militaires à Israël qui sont utilisées pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre lhumanité (voir les rapports sur les droits de lhomme pour la dernière agression contre Gaza, notamment lutilisation du phosphore blanc et des armes DIME).
b) utiliser son droit de veto et son poids diplomatique pour prémunir Israël des obligations relevant du droit international et des droits de lhomme.
c) exiger du Hamas quil reconnaisse le droit dIsraël à exister, quil renonce à la violence et respecte les accords antérieurs (dont il nest pas signataire) alors que les Etats-Unis refusent dexiger la même chose dIsraël. Pourquoi ne pas mettre Israël au pied du mur pour quil reconnaisse le droit de la Palestine à exister (ou au moins le droit des Palestiniens à une véritable indépendance sur la terre quIsraël leur vole depuis la résolution de partage de 1947) ? Pourquoi ne pas demander à Israël quil renonce à la violence et pourquoi ne pas exiger de lui quil respecte les accords quil a signés (par exemple, le gel de la colonisation, louverture des frontières, la liberté de déplacement, etc.) ?
Tant les Palestiniens que les Israéliens ont du pain sur la planche mais on ne saurait mettre au même niveau la 4è armée la plus puissante, dotée de larme nucléaire, et un peuple dépossédé et occupé (les deux tiers des 10 millions de Palestiniens dans le monde sont des réfugiés ou des déplacés). Il est paradoxal que Mr Obama parle du besoin de sécurité dIsraël quand 1 300 Palestiniens ont été tués en trois semaines par les forces israéliennes (la plupart des civils, et plus de 400 enfants) et que, dans le même temps, 13 Israéliens (dont 10 soldats) ont été tués par le Hamas ! Plus paradoxal encore que le Premier ministre israélien Olmert ait interrompu le président Bush pendant que ce dernier donnait une conférence et lui ait demandé que Condoleezza Rice cesse de soutenir la résolution des Nations-Unies (témoignage dOlmert), pendant que Bush continuait de lire son récit aux enfants des écoles sur le moment où il a appris que lAmérique était attaquée le 11 septembre !
Si nous voulons vraiment faire avancer la paix dans cette région en défendant les intérêts nationaux étasuniens, le président Obama et sa secrétaire dEtat, Clinton, feraient bien darrêter de parodier Bush, de passer à une politique américaine de neutralité au lieu de toujours se mettre du côté dIsraël, et de donner simplement comme instruction à Mitchell de tout faire pour que tous les peuples et tous les pays se conforment aux droit international et aux droits de lhomme. Cela signifierait la fin de loccupation israélienne commencée en 1967 et le respect des droits humains basiques, tels que le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et sur leurs terres.
Nous pouvons même commencer plus simplement en approuvant immédiatement linitiative de paix arabe (elle ne sera pas proposée indéfiniment), en acceptant un gouvernement dunion nationale (qui devra inclure le Hamas et le Fatah) et en traitant avec lui, et en engageant des négociations sérieuses basées sur le droit international.
Avec la popularité dObama et lintérêt du peuple pour un véritable changement, ce peut être plus réalisable encore que lorsque le président Eisenhower, en 1956, a appelé le Premier ministre israélien et a exigé avec succès quIsraël retire ses forces doccupation du Sinaï et de la bande de Gaza. Obama a le pouvoir de reconquérir cet héritage dindépendance et de direction américaines, et de changer véritablement lavenir pour le Moyen-Orient. A défaut, il vaudrait mieux que George Mitchell ne gaspille pas largent des contribuables en essayant les mêmes approches désastreuses et partiales qui ont menacé les intérêts des Etats-Unis dans cette partie essentielle du monde.
* Le Dr Mazin Qumsiveh, docteur en philosophie, est professeur à lUniversité de Bethléhem, président du conseil dadministration du Centre palestinien pour le rapprochement entre les peuples, et auteur de Sharing the Land of Canaan : Humain Rights and the Israeli-Palestinian Struggle. Il a écrit cet article pour PalestineChronicle.com. Vous pouvez consulter son site : http://qumsiyeh.org.
Dr Mazin Qumsiyeh
En nommant George Mitchell envoyé spécial pour le Moyen-Orient, le président Obama a malheureusement fait des déclarations qui ne marquaient aucune rupture avec la politique désastreuse des précédentes administrations.
En particulier, Obama a souligné le droit dIsraël à « se défendre », sans mentionner une seule fois par exemple loccupation ou le droit international, il sen est pris au Hamas (mouvement dûment élu qui représente une partie importante du peuple palestinien), il a soutenu létranglement de Gaza, exigé que le peuple occupé cesse la résistance et il a approuvé loccupant israélien dans sa violence qui a coûté très récemment la vie à plus de 400 enfants.
Cette logique a déjà été essayée dans le cadre de la « diplomatie agressive » de Bill Clinton et elle na abouti quau renforcement du Hamas, à laffaiblissement du Fatah, à la poursuite de la colonisation israélienne sur les terres palestiniennes et à préparer le terrain pour de nouveaux conflits. En outre, une telle démarche est encore plus insoutenable aujourdhui après les revers de la guerre israélienne au Liban en juin 2006 et de lactuelle guerre à Gaza.
Comme la fort bien exprimé le président Jimmy Carter, on se trompe à considérer ce conflit comme un affrontement entre un « Israël démocratique » et « des groupes terroristes tels que le Hamas » et on se trompe à continuer de financer les guerres israéliennes tout en se prétendant un « médiateur sincère ». Cest la même chose que lorsque lon présentait dans les années 80 les luttes en Afrique du Sud comme un affrontement entre « lAfrique du Sud démocratique » et « des groupes terroristes tels que lANC » (en fait, cétait le positionnement du président Reagan à son premier mandat alors quil soutenait lapartheid). Oui, certains membres de lANC ont utilisé la terreur (notamment en infligeant le « supplice du collier » ou en brûlant vifs des rivaux) mais ce fut infime comparé au terrorisme dEtat et à lapartheid auxquels ils étaient confrontés.
Les Etats-Unis ne pourront pas être un médiateur sincère tant que leur gouvernement continuera à :
a) donner des milliards daides militaires à Israël qui sont utilisées pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre lhumanité (voir les rapports sur les droits de lhomme pour la dernière agression contre Gaza, notamment lutilisation du phosphore blanc et des armes DIME).
b) utiliser son droit de veto et son poids diplomatique pour prémunir Israël des obligations relevant du droit international et des droits de lhomme.
c) exiger du Hamas quil reconnaisse le droit dIsraël à exister, quil renonce à la violence et respecte les accords antérieurs (dont il nest pas signataire) alors que les Etats-Unis refusent dexiger la même chose dIsraël. Pourquoi ne pas mettre Israël au pied du mur pour quil reconnaisse le droit de la Palestine à exister (ou au moins le droit des Palestiniens à une véritable indépendance sur la terre quIsraël leur vole depuis la résolution de partage de 1947) ? Pourquoi ne pas demander à Israël quil renonce à la violence et pourquoi ne pas exiger de lui quil respecte les accords quil a signés (par exemple, le gel de la colonisation, louverture des frontières, la liberté de déplacement, etc.) ?
Tant les Palestiniens que les Israéliens ont du pain sur la planche mais on ne saurait mettre au même niveau la 4è armée la plus puissante, dotée de larme nucléaire, et un peuple dépossédé et occupé (les deux tiers des 10 millions de Palestiniens dans le monde sont des réfugiés ou des déplacés). Il est paradoxal que Mr Obama parle du besoin de sécurité dIsraël quand 1 300 Palestiniens ont été tués en trois semaines par les forces israéliennes (la plupart des civils, et plus de 400 enfants) et que, dans le même temps, 13 Israéliens (dont 10 soldats) ont été tués par le Hamas ! Plus paradoxal encore que le Premier ministre israélien Olmert ait interrompu le président Bush pendant que ce dernier donnait une conférence et lui ait demandé que Condoleezza Rice cesse de soutenir la résolution des Nations-Unies (témoignage dOlmert), pendant que Bush continuait de lire son récit aux enfants des écoles sur le moment où il a appris que lAmérique était attaquée le 11 septembre !
Si nous voulons vraiment faire avancer la paix dans cette région en défendant les intérêts nationaux étasuniens, le président Obama et sa secrétaire dEtat, Clinton, feraient bien darrêter de parodier Bush, de passer à une politique américaine de neutralité au lieu de toujours se mettre du côté dIsraël, et de donner simplement comme instruction à Mitchell de tout faire pour que tous les peuples et tous les pays se conforment aux droit international et aux droits de lhomme. Cela signifierait la fin de loccupation israélienne commencée en 1967 et le respect des droits humains basiques, tels que le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et sur leurs terres.
Nous pouvons même commencer plus simplement en approuvant immédiatement linitiative de paix arabe (elle ne sera pas proposée indéfiniment), en acceptant un gouvernement dunion nationale (qui devra inclure le Hamas et le Fatah) et en traitant avec lui, et en engageant des négociations sérieuses basées sur le droit international.
Avec la popularité dObama et lintérêt du peuple pour un véritable changement, ce peut être plus réalisable encore que lorsque le président Eisenhower, en 1956, a appelé le Premier ministre israélien et a exigé avec succès quIsraël retire ses forces doccupation du Sinaï et de la bande de Gaza. Obama a le pouvoir de reconquérir cet héritage dindépendance et de direction américaines, et de changer véritablement lavenir pour le Moyen-Orient. A défaut, il vaudrait mieux que George Mitchell ne gaspille pas largent des contribuables en essayant les mêmes approches désastreuses et partiales qui ont menacé les intérêts des Etats-Unis dans cette partie essentielle du monde.
* Le Dr Mazin Qumsiveh, docteur en philosophie, est professeur à lUniversité de Bethléhem, président du conseil dadministration du Centre palestinien pour le rapprochement entre les peuples, et auteur de Sharing the Land of Canaan : Humain Rights and the Israeli-Palestinian Struggle. Il a écrit cet article pour PalestineChronicle.com. Vous pouvez consulter son site : http://qumsiyeh.org.