Ode à la.... délinquance passée

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Streaming
  • Date de début Date de début

Streaming

Tag's Trolla'
A l’image du gamin pauvre et vagabond de la monarchie de juillet, le second empire a substitué celle, plus inquiétante, du mineur criminel, irrécupérable. Le regard sur le délinquant est de plus en plus hostile,, la peur sociale supplante alors la pitié. Et l’heure n’est plus au projet d’éducation, mais au châtiment et l’enfermement. :eek:

A la fin du XIXème siècle, un courant plus libéral tente de substituer à la logique du coupable à punir celle de la victime à protéger. Une belle idée, peu relayée dans la réalité car sévissent encore les bagnes pour enfants, à la discipline de fer et aux brimades corporelles sévères, parfois cruelles. La révolte du bagne de Belle-île-en-mer, en 1934, commence à faire douter l’opinion publique de l’efficacité de ces traitements. Puis, vient la guerre, l’ordonnance de 1945, qui supprime ces bagnes au profit de l’action éducative, y compris en milieu ouvert, et crée un corps judiciaire et administratif spécialisé pour les mineurs.

Trente ans plus tard, malgré la loi de 1970 sur « l’ enfance en danger », la critique de cet esprit éducatif commence à se faire virulente. C’est là qu’apparaissent des centres fermés, d’inspiration carcérale. Ils seront vite supprimés… mais l’idée restera dans la tête de tous les ministres de l’intérieur… Fin des années 1970, sont votées les lois Sécurité & Liberté d’Alain Peyrefitte, puis même la gauche adhère petit à petit à une politique plus ferme. En multipliant les centres éducatifs renforcés (CER), inaugurés par Jacques Toubon en 1996 (dont sont étrangement inspirés ceux d’aujourd’hui..), puis en créant en 1999, des centres de placement immédiat pour les mineurs.

Après un siècle et demi de bataille, puis une vingtaine d’amendement apportés à l’ordonnance de 1945, il est clair que le balancier penche à nouveau du côté répressif. Il ne s’agit plus de protéger l’enfant, mais bien de s’en protéger.. D’autant que s’il est tel qu’il est, c’est en grande partie car il vit dans tel monde, et ce monde, ce n’est pas cet enfant qui l’a rendu si dangereux, enfin voilà… Et nous ne sommes pas les seuls à tendre vers ce dangereux système..

La plupart des pays d’Europe placent de plus en plus facilement, et pour des durées de plus en plus longues, des enfants en prison. S’inscrivant dans un contexte d’économie libérale, et à l’instar des Etats Unis, ils rétablissent le pouvoir dissuasif de la sanction. Leur problème n’est plus de savoir comment on peut réduire la propension des jeunes à faire une connerie, mais à essayer de limiter les conséquences sur les victimes. Autrement dit, les enfants sont, aujourd’hui, dans ce domaine comme dans d’autres, considérés de plus en plus comme des adultes. To be resolved... :rolleyes:
 
Alors qui sont ces enfants, ces enfants impossibles ? Qu etions nous...? :rolleyes:

Je dis bien enfants et pas adolescents, d’abord parce qu’ils sont de plus en plus jeunes,ensuite parce que même plus âgés, ils ont beau se planquer derrière un personnage de gros dur, ce qui frappe très vite aussi, c’est leur immaturité affective, avec une détresse à fleur de peau devant la vie qu’ils se préparent, sans espoir. Alors souvent, ils se réfugient dans la toute puissance infantile, celle de leur imaginaire d’enfant, ou tout est possible, mais cette fois, ils ne rêvent plus, ils passent à l’acte pour de vrai, à l’heure ou le remaniement pubertaire déchaîne les pulsions. Ils passent à l’acte, tout simplement car ils n’attendent plus rien de personne.

:rouge:

A défaut de réussite scolaire (déjà réorientés vers des voies de garage), à défaut d’espoir dans des lendemains qui chantent, ils ne comptent que sur eux-mêmes. Pour échapper à la grisaille, au vide quotidien qui n’en finit pas de s’étirer, sans projet, sans espoir, sans ailleurs, c’est la débrouille, la magouille, l’embrouille, le business, et les autres casses. A qui revient-il de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a d’autres alternatives. Car c’est un pari auquel il faut croire si on ne veut pas se laisser gagner par la morosité et l’ennui, voire parfois la haine contre ces jeunes qui, au passage, ne gratifient pas. Car en apparence, ces jeunes ne vous demandent rien, mais contrairement à ces apparences, je peux vous dire que ce sont eux qui sont le plus en souffrance...
 
Phenomene de la batata skhouna... :rolleyes:

L’ados impossible, c’est celui dont personne ne veut, mais c’est surtout celui qui ne veut rien. On ne veut pas de lui, et il ne nous veut pas. A peine admis quelque part, l’institution veut s’en débarrasser. C’est le syndrome de la « patate chaude », ce qui laisse entrevoir un certain refus de se laisser entamer par cette souffrance destructive et auto-destructive.

La patate chaude qu’on se refile, avant même d’en retirer la première peau, avant même de savoir de quelle chair blessée elle est faite. Cette patate, c’est un enfant en souffrance, et elle brûle, mais ce qu’on oublie, c’est qu’il se brûle aussi, il brûle ce qui l’entoure, mais aussi de qui appartient au domaine public, donc ce qui lui appartient : bus, foyer, salle de sport, cabine téléphonique..

L’agression se retourne contre eux, elle est suicidaire. S’il en est ainsi aujourd’hui, c’est qu’autrefois cet enfant fut maltraité, ou plutôt traité mal, physiquement ou psychologiquement : Abandons, rejets, violences, indifférence ou amour étouffant. Souvent des liens en manque, entre parents et enfants. Pour reconnaître autrui, il faut d’abord se reconnaître, il faut avoir été reconnu. Si la détresse est là, elle est enfouie, archaïque, ils la recouvrent – pour s’en protéger – d’une chape de plomb, ils la bétonnent. Et cette détresse ignorée qui n’émerge pas comme affecte. Ils ne sont pas déprimés, ils ne sont pas angoissés, ils n’accèdent pas à la culpabilité – c’est ce qui les rend inaccessible. Ces enfants là ne demandent rien, ils prennent.

Ils n’accèdent « pas au gré à gré » mais sont restés au stade de l’enfant, celui du « gré ou de force ». ce sont des enfants qui n’attendent rien de l’autre, à force d’avoir trop attendu, pour rien. Leur confiance, celle qui fait que tout nouveau-né est dépendant de sa mère, qu’il lui doit tout dans les premiers mois de sa vie, s’est transformée en défiance. Ils ne savent pas qu’ils souffrent, parce que leur douleur psychique est absorbée dans la haine de l’autre, le rival qui respire son air, celui qui posséderait ce dont il manque. L’angoisse est consciente, déplacée sur un affect de haine de l’autre et d’eux-mêmes, pour s’évacuer dans les passages de l’acte. Lui ou moi..

L’autre possède ce qui lui manque : l’objet volé, c’est l’objet magique, le trésor rapté à l’autre supposé détenir ce qui lui fait défaut, l’objet-bouchon, qui va imaginairement le réparer en effaçant ses blessures et ses désillusions. Mais comme cet objet ne suffit jamais à remplir le gouffre des carences affectives, on assiste souvent à l’escalade de l’action. Ils agit, en mal, pour son bien, alors qu’il ne vit pas et ne ressent jamais assez ce bien. Jusqu’à détruire cet objet même qui ne suffit pas. On le voit, ils se détruisent eux-mêmes en détruisant leurs propres lieux de rencontres.

Par ce comportement, celui qui ne manque pas est intimidé et comble ainsi quelque peu le besoin de reconnaissance dont il manque. Ils détruisent car ils pensent qu’ils n’ont rien à perdre, aussi ils espèrent gagné autrement. Ils espèrent échapper à ce Rien qu’il croit être, en essayant de vivre le Tout. ******, qu’est ce que c’est mal foutu dans nos têtes ! Le TT : juste pour son quartier!

:mignon:
 
Sommes nous dès lors, des enfants dangereux ou en danger...? :D

Force est d’abord de constater qu’il est nouveau aujourd’hui de parler d’enfant dangereux, alors que nous avions l’habitude d’associer au mot enfant plutôt des termes du type : irresponsable, sous tutelle, sous la responsabilité de… So what’s happen, then ? De ces enfants dits « dangereux », la société doit-elle se protéger ou les protéger en leur fournissant l’éducation qui leur est due ? L’ordonnance de 1945 privilégiait l’éducation ; la loi Perben tranche pour la sanction et un enfermement renforcé. Comment ne pas être frappé par l’augmentation, le rajeunissement et l’aggravation de cette délinquance ?

Comment ne pas voir qu’il y a un défi fondamental pour l’action publique ? Pour y faire face, plusieurs mesures d’ores et déjà appliquées : augmentation du nombre de places depuis la loi Perben, possibilité de prendre des sanctions éducatives depuis l’âge de 10ans, placement en détention provisoire ouvert à toutes et tous dès 13 ans,…(venez nombreux tester nos nouveaux services).

Autrement dit, dès 10 ans, certains sont potentiellement repérés par leurs faits divers et autres exactions ; et craignent un enferment des 13 ans (et plus à partir de 16ans, comme cela l’avait toujours été..). On nous parle d’impunité, mais de quelle impunité parle-t-on ? Alors que 87% des affaires de mineurs sont poursuivies, contre 28% concernant les majeurs. Quelle est la priorité donné à la prévention? Il y a aujourd’hui 94,7 policiers pour 1 éducateur…

Qu’est ce que j’en pense ? :rolleyes:

Les centres enfermés ( accès possible des vos 10 premières bougies) ne règlent rien au problème de la délinquance et de la violence, bien au contraire, ils en créent. Ils sont inefficaces, déstructurants et destructeurs. « Mieux vaut encore la prison, disait Thierry Baranger, juge des enfants, car les procédures y sont plus claires et plus protectrices des libertés individuelles que ce qui pourrait être mis en place dans ces centres. » J’ajouterai à cela qu’en 28 pages du projet de loi, le mot prévention n’apparaît qu’à deux reprises.

Certes, personne ne conteste l’augmentation globale de la délinquance des mineurs de 79%de puis 10 ans maintenant avec un pic de performance lors de ma propre adolescence, de 1994 à 1997. La loi Perben ne se contente pas de durcir des méthodes déjà existantes, elle modifie profondément notre regard sur les jeunes délinquants. Car enfin, quoi ? Avant, les actes de délinquance étaient considérés comme la manifestation d’une souffrance. Aujourd’hui, ils sont pressentis comme une menace pour la société qui appelle une réponse sous forme de sanction. On s’intéresse moins aux raisons de l’acte et plus au coût de cet acte dont on ne veut pas comprendre l’origine. Les délinquants mineurs étaient considérés comme des adultes en devenir, des personnalités en train de se construire.

Dorénavant, ils sont perçus comme formant un seul et même bloc, une masse incontrôlable et dangereuse qui, parce qu’elle a peu de chance d’être amendée, doit être isolée. En somme, la philosophie même de l’ordonnance de 1945 est renversée… A suivre...
 
Je n'ai pas tout lu, mais en dehors de toute politisation de la chose, je constate qu'il y un problème d'éducation flagrant.

Que fait un enfant de 7,8,9,....16ans dehors la nuit ?
Pourquoi voyons nous ces gamins livrés aux bandes qui ne veulent plus rendre compte de leurs faits et gestes à leurs parents ?

Ces gamins se sont inventés un langage, des codes, des attitudes qi les condamne définitivement à vivre en marge de la socièté.

Je n'ai pas le temps de développer, je reviendrai ;)
 
Sommes nous dès lors, des enfants dangereux ou en danger...?

Force est d’abord de constater qu’il est nouveau aujourd’hui de parler d’enfant dangereux, alors que nous avions l’habitude d’associer au mot enfant plutôt des termes du type : irresponsable, sous tutelle, sous la responsabilité de… So what’s happen, then ? De ces enfants dits « dangereux », la société doit-elle se protéger ou les protéger en leur fournissant l’éducation qui leur est due ? L’ordonnance de 1945 privilégiait l’éducation ; la loi Perben tranche pour la sanction et un enfermement renforcé. Comment ne pas être frappé par l’augmentation, le rajeunissement et l’aggravation de cette délinquance ?

Comment ne pas voir qu’il y a un défi fondamental pour l’action publique ? Pour y faire face, plusieurs mesures d’ores et déjà appliquées : augmentation du nombre de places depuis la loi Perben, possibilité de prendre des sanctions éducatives depuis l’âge de 10ans, placement en détention provisoire ouvert à toutes et tous dès 13 ans,…(venez nombreux tester nos nouveaux services).

Autrement dit, dès 10 ans, certains sont potentiellement repérés par leurs faits divers et autres exactions ; et craignent un enferment des 13 ans (et plus à partir de 16ans, comme cela l’avait toujours été..). On nous parle d’impunité, mais de quelle impunité parle-t-on ? Alors que 87% des affaires de mineurs sont poursuivies, contre 28% concernant les majeurs. Quelle est la priorité donné à la prévention? Il y a aujourd’hui 94,7 policiers pour 1 éducateur…

Qu’est ce que j’en pense ? :rolleyes:

Les centres enfermés ( accès possible des vos 10 premières bougies) ne règlent rien au problème de la délinquance et de la violence, bien au contraire, ils en créent. Ils sont inefficaces, déstructurants et destructeurs. « Mieux vaut encore la prison, disait Thierry Baranger, juge des enfants, car les procédures y sont plus claires et plus protectrices des libertés individuelles que ce qui pourrait être mis en place dans ces centres. » J’ajouterai à cela qu’en 28 pages du projet de loi, le mot prévention n’apparaît qu’à deux reprises.

Certes, personne ne conteste l’augmentation globale de la délinquance des mineurs de 79%de puis 10 ans maintenant avec un pic de performance lors de ma propre adolescence, de 1994 à 1997. La loi Perben ne se contente pas de durcir des méthodes déjà existantes, elle modifie profondément notre regard sur les jeunes délinquants. Car enfin, quoi ? Avant, les actes de délinquance étaient considérés comme la manifestation d’une souffrance. Aujourd’hui, ils sont pressentis comme une menace pour la société qui appelle une réponse sous forme de sanction. On s’intéresse moins aux raisons de l’acte et plus au coût de cet acte dont on ne veut pas comprendre l’origine. Les délinquants mineurs étaient considérés comme des adultes en devenir, des personnalités en train de se construire.

Dorénavant, ils sont perçus comme formant un seul et même bloc, une masse incontrôlable et dangereuse qui, parce qu’elle a peu de chance d’être amendée, doit être isolée. En somme, la philosophie même de l’ordonnance de 1945 est renversée… A suivre...

Et sinon, tu veux pas en faire un résumé ? Parce que la . . . :D
 
Retour
Haut