« Madame, vous ne pouvez payer qu'avec deux tickets restaurants maintenant. C'est la loi depuis le 1er mars. » La caissière du supermarché, très gentiment, explique qu'on ne peut plus tout payer avec les fameux tickets délivrés par l'entreprise aux salariés qui ne disposent pas de cantine. Deux tickets pour tout le monde, que sa valeur soit de 4 , 8 ou pour les plus vernis de 15 ? « Oui, c'est le nombre de tickets qui compte. Deux par jour. Mais vous pouvez revenir demain acheter pour deux tickets. »
Tandis que je présente mes deux « chèques-gagnants » (c'est écrit dessus) de 4 et l'appoint en monnaie, les clients écoutent attentivement l'employée en bleu et vert : « Il y a eu des abus. Des gens qui achetaient jusqu'à 200 euros » Tant que ça ? « Ben oui, ce n'était pas réglementé. »
Acheter un pull avec ces tickets : la Commission nationale des titres-restaurants dit non. Elle rappelle que les tickets restaurants, financés en partie par l'employeur, permettent à des millions de salariés de régler leur repas lors d'une journée de travail. Destinés au départ à l'achat de plats chauds, ils ont ensuite été étendus à la vente à emporter et aux plats préparés, y compris ceux vendus en grande surface. Les restaurateurs ont eu du mal à avaler la pilule.
Des salariés en difficulté
La nouvelle charte concerne les préparations alimentaires immédiatement consommables : plats cuisinés frais, sous vide, conserves, salades de fruits... Ces nouvelles règles mettent en difficulté bien des salariés.
Dans un autre hypermarché, je présente mon panier rempli de fromage, jambon, riz et café. On m'arrête tout de suite : « Non, Madame, maintenant les tickets, c'est seulement pour les plats préparés. » D'accord, d'accord...
Je me souviens alors que la honte, je l'ai déjà connue avec ces tickets. Un soir, en sortant du boulot à pas d'heure, je vais dans une supérette qui ouvre tard pour acheter trois bricoles, du pain, du fromage et une bouteille de vin. À la caisse, je lis qu'ils acceptent les tickets resto. Chic, ça fait juste 8 , pile poil deux tickets que je tends avec mon plus beau sourire. Refus : « On ne prend pas le vin avec ces tickets, Madame. »
Regard compatissant du voisin qui achète son carton de bière et paye en liquide. Haussement d'épaules d'une dame en tailleur pied-de-poule qui me scrute avec une pointe de mépris. Ter-mi-né, je paye désormais mes courses avec ma carte bancaire ou du liquide, je réserve les tickets au resto, au pire à la sandwicherie. Depuis hier un décret autorise à payer en « chèque-gagnant » un plat préparé par le marchand de légumes. J'hésite à me laisser tenter...
Noëlle COUSINIÉ.
Tandis que je présente mes deux « chèques-gagnants » (c'est écrit dessus) de 4 et l'appoint en monnaie, les clients écoutent attentivement l'employée en bleu et vert : « Il y a eu des abus. Des gens qui achetaient jusqu'à 200 euros » Tant que ça ? « Ben oui, ce n'était pas réglementé. »
Acheter un pull avec ces tickets : la Commission nationale des titres-restaurants dit non. Elle rappelle que les tickets restaurants, financés en partie par l'employeur, permettent à des millions de salariés de régler leur repas lors d'une journée de travail. Destinés au départ à l'achat de plats chauds, ils ont ensuite été étendus à la vente à emporter et aux plats préparés, y compris ceux vendus en grande surface. Les restaurateurs ont eu du mal à avaler la pilule.
Des salariés en difficulté
La nouvelle charte concerne les préparations alimentaires immédiatement consommables : plats cuisinés frais, sous vide, conserves, salades de fruits... Ces nouvelles règles mettent en difficulté bien des salariés.
Dans un autre hypermarché, je présente mon panier rempli de fromage, jambon, riz et café. On m'arrête tout de suite : « Non, Madame, maintenant les tickets, c'est seulement pour les plats préparés. » D'accord, d'accord...
Je me souviens alors que la honte, je l'ai déjà connue avec ces tickets. Un soir, en sortant du boulot à pas d'heure, je vais dans une supérette qui ouvre tard pour acheter trois bricoles, du pain, du fromage et une bouteille de vin. À la caisse, je lis qu'ils acceptent les tickets resto. Chic, ça fait juste 8 , pile poil deux tickets que je tends avec mon plus beau sourire. Refus : « On ne prend pas le vin avec ces tickets, Madame. »
Regard compatissant du voisin qui achète son carton de bière et paye en liquide. Haussement d'épaules d'une dame en tailleur pied-de-poule qui me scrute avec une pointe de mépris. Ter-mi-né, je paye désormais mes courses avec ma carte bancaire ou du liquide, je réserve les tickets au resto, au pire à la sandwicherie. Depuis hier un décret autorise à payer en « chèque-gagnant » un plat préparé par le marchand de légumes. J'hésite à me laisser tenter...
Noëlle COUSINIÉ.