bienque " barkate" est plus d'actualité en ce moment ,on n'a rien à cacher concernant le mvt du 20fevrier .
et c'est même l'un de ses fondateurs qui en parle :
La véritable histoire du 20 février, décrite par l’un de ses fondateurs
"Pourquoi n’ai-je jamais cru un jour en le Mouvement du 20 février ou en sa capacité au changement, ou en son éminemment noble message ou, enfin, qu’il aurait pu être notre espoir de vivre dans un monde moins misérable que celui que nous connaissons ? Pour la simple raison que je fus un de ses fondateurs et un de ceux qui l’avaient vu grandir et s’élargir, un de ceux également qui l’avaient le mieux représenté à plus d’une occasion et dans plusieurs attitudes cruciales pour et dans l’histoire du Maroc, comme la nouvelle constitution par exemple. Je fus aussi un de ceux qui l’avaient le plus durement critiqué, de l’intérieur, quand le Mouvement avait fait l’objet d’un partage entre les islamistes et les gauchistes, réunis pour l’occasion dans un mariage de confort, ne laissant rien au peuple.
J’avais également haï ce Mouvement quand ses militant savaient souillé son honneur par leurs sécrétions spermatiques dans les locaux pouilleux où ils se retrouvaient, mais j’avais par ailleurs été pris d’une immense compassion pour ce même Mouvement quand je l’avais vu reculer, ternir, baisser et s’affaisser et ses membres reprendre leurs glapissements postillonnant, leurs cancans, leurs rêves et leurs médisances au sujet de leurs camarades, filles et garçons, de lutte.
Au commencement il y avait Rachid Antid ; il portait, seul, son rêve, il apportait seul son idée, il entamait seul son premier pas… Il nous entretenait de ce quelque chose qui lui tournait dans la tête, qu’il s’agissait de faire pour casser notre routine, notre désespérance … un quelque chose qui devait nous permettre de meubler notre oisiveté et de casser notre inaction, en plus d’en glaner quelques miettes si l’idée venait à réussir. Quant à nous, nous étions enfoncés dans nos échecset par nos revers, passant le plus clair de notre temps à tuer le temps au café Nejma, et nous lui disions, à Antid, que tout allait pour le meilleur des mondes au Maroc, que rien n’allait s’y produire, que les gens aimaient leur Roi et que le Roi aimait ses gens et que tout baignait.
Mais Antid avait agi. Il avait créé un groupe sur Facebook et s’était mis à bosser. Il s’était adjoint Naoufal Chaâra qui chômait alors et vivait les pires moments de sa vie, puis Mohamed Alami qui n’avait pas été accepté pour un Master qu’il convoitait, qui vivait une année blanche, à ne rien faire, strictement rien… Puis moi, à mon tour, j’avais rejoint le groupe parce que je ne faisais rien non plus. Cependant, Rachid Antid était le plus miséreux d’entre nous, et en même temps celui qui nourrissait le plus d’espoirs ; il avait été licencié de son job et éjecté de son chez lui. Il vivait dans une grosse m…, pratiquement à l’état de clodo, et il s’était même vraiment clochardisé comme il l’admettait lui-même.
Bref, il nous fallait trouver une occupation pour casser la routine de notre vie de galère qui se répétait chaque jour.
Et c’est cet aréopage improbable et douteux qui avait donc créé un mouvement que plein de gens avaient estimé être à l’origine de la mutation politique dans le pays, avaient défini comme étant le plus grand rassemblement de l’histoire du Maroc moderne ; ce groupe était censé porter le programme le plus riche du weekend, mais ce groupe n’était en fait et en réalité qu’un ramassis de gens foireux qui n’aspiraient à rien de plus qu’à briser le train-train habituel de leurs existences. Ces gens avaient pris un grand nombre de tares sociales comme les seuls responsables de leur manque de valeur, pendant que d’autres en avaient profité pour grimper les échelons de la vie.
Et puis le grand jour était arrivé, et ce n’était pas le 20 février mais le 27. Nous avions abandonné cette dernière date parce que Rachid Niny nous avait rappelé que le 27 de ce mois avait quelque chose à voir avec ce machin appelé Polisario. Alors nous avions avancé la révolution d’une semaine sur la date prévue et cela avait été suffisant pour ébranler ses fondements, avec cette diarrhée onirique du cheikh d’al AdlwalIhsane et ces visions imagées de la gauche radicale.
Et ainsi donc, nous étions sortis, nous autres féroces militants qui voulaient mordicus changer les choses en quelques heures de tapage tumultueux et de de tumulte tapageur, et puis nous en fûmes, chacun de son côté… Et alors commença le véritable débat qui avait montré au monde que les révolutions et nous, ça faisait deux, que nous n’étions capables que de créer des Ultras de fans pour équipes de foot. Les gars de Casa et de Rabat étaient sortis marcher avec caméras et portables pour la seule et unique raison de poster ces images le soir venu sur Facebook, certains ayant littéralement collé aux correspondants des médias étrangers afin de se maintenir à la Une des infos pour ce qui restait de vie à la révolution. Dans les autres villes, les cohortes de besogneux miséreux et une poignée de tuteurs virtuels étaient partis marcher, hurlant et beuglant pour tout démolir…
Mais, bien malheureusement,
le peuple, le vrai, n’est jamais descendu dans la rue. Jamais.
Et après cela, le Mouvement du 20 février avait eu ses martyrs et ses commandantes, groupés en grappes sur les Unes des journaux et entassés sur les tabourets de comptoirs de bars, qui se bousculaient qui pour faire une déclaration, qui pour prendre la pose. Chacun de ces hurluberlus pensait qu’il était lui, l’incarnation unique de la révolution, la personnification même du 20F. Et chaque fois que l’un de ces énergumènes commettait un crime, il allait crier que le makhzen le martyrisait, le menaçait, le traquait et le pourchassait, lui collant des faux procès pour museler sa voix, la voix de la liberté et de la dignité. Le makhzen est-il donc si crétin que cela pour aller faire taire une voix que personne n’entendait. Quelle menace pouvait donc représenter pour le pays un gars comme, par exemple, Oussama Khlifi. Las…Il y avait toujours des types qui se mettait à rêver, puis à croire à leurs rêves, se disant et se répétant qu’ils étaient de véritables menaces pour l’establishment, localement appelé Makhzen. Ils s’imaginaient comme ces gens qui portaient de grandes causes auxquelles ils consacraient leurs vies entières.
Le 20F était en fait un grand n’importe quoi, conçu et réaliser pour se bouger un peu. Et puis les gens avaient mordu à l’hameçon et avaient ru à cette fable. Mais, au moins, et même si toute l’affaire était un ratage aux yeux du système, elle a été à l’origine de beaucoup de choses en faveur de ceux qui ne recherchaient pas davantage que quelques avantages vaginaux.
Lire la tribune, en arabe sur goud.ma
http://www.panoramaroc.ma/fr/la-ver...er-decrite-par-lun-de-ses-fondateurs-socrate/