jeudi 16 avril 2009 - 06h:27
Alain Gresh - Le Monde Diplomatique
Cest dans une grande indifférence qua été « célébré » le sixième anniversaire de la guerre américaine contre lIrak, entamée en mars 2003 par ladministration du président George W. Bush.
Le conflit est désormais considéré par nombre de médias comme terminé, le retrait des troupes américaines devant sachever au plus tard à la fin 2011 (celui des troupes combattantes avant septembre 2010), selon laccord signé entre les deux capitales après bien des péripéties.
Le 9 avril, sixième anniversaire de la chute de Bagdad, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Bagdad, à lappel du leader chiite Moqtada Al-Sadr, pour demander le départ des troupes américaines. Un des assistants de Moqtada a déclaré : « Nous demandons que le président Obama soit aux côtés du peuple irakien en respectant sa promesse de mettre un terme à loccupation. » (« Shiite Protest Marks 6th Anniversary Of The Fall Of Bagdad », par Qassim Abdul-Zahra, Boston Globe, 10 avril).
Selon le Los Angeles Time du 11 avril, le coût du conflit irakien aura dépassé à la fin de lannée celui du conflit vietnamien : 694 milliards de dollars, contre 686 pour le Vietnam (données corrigées en fonction de linflation - « Iraq Wars Cost To Pass Vietnams », par Julian E. Barnes).
La semaine qui vient de sécouler a été particulièrement sanglante. Lundi 6 avril, une série dexplosions à Bagdad a tué des dizaines de personnes. Mardi et mercredi, des bombes dans la capitale du district de Kadhemiyah ont tué au moins quinze personnes. Et vendredi, au moins sept personnes, dont cinq soldat américains, ont été tuées à Mossoul. Ce qui inquiète les autorités et les Etats-Unis, cest le risque de voir les 100 000 miliciens sunnites enrôlés dans la guerre contre Al-Qaida revenir à la lutte armée : les promesses qui leur ont été faites, selon lesquelles ils seraient intégrés à larmée ou à la police, ne semblent pas tenues.
Sur les incertitudes concernant les milices sunnites, on lira « Arrests Deepen Iraqi Sunnis Bitterness », de Alissa J. Rubin (The New York Times, 12 avril). Ces milices, selon la journaliste, se sentent de plus en plus prises en tenaille entre les groupes armés qui les visent et le gouvernement à majorité chiite qui arrête leurs dirigeants. Le retrait progressif des Etats-Unis laisserait libre cours à un gouvernement qui leur est hostile.
Par ailleurs, Mossoul reste une ville où lactivité dAl-Qaida na pas été réduite. La télévision CNN affirme (10 avril) que la situation dans cette ville pourrait remettre en cause le retrait des troupes combattantes américaines des villes irakiennes, fixé au 30 juin (« June 30 Pullout Date From Iraqi Cities Could Be In Jeopardy »).
Selon la chaîne américaine, le général Ray Odierno, le commandant des troupes américaines en Irak, a affirmé au quotidien britannique Times que la situation à Mossoul « rendra très difficile pour le gouvernement Maliki de décider si les troupes américaines doivent rester ou non à lintérieur de Mossoul. Nous allons attendre. Il reste 75 jours »... Le journaliste affirme que la Maison Blanche envisage cette possibilité, qui ne met pas en question le calendrier général de retrait américain. Pourtant, il semble bien que des cadres militaires américains tentent de remettre en cause les calendriers de retrait, comme la rappelé Gareth Porter dans un article du Monde diplomatique de janvier 2009 : « M. Obama prisonniers des faucons en Irak ? ».
Le reportage de Sudarsan Raghavan sur la ville de Samara, dans le Washington Post du 13 avril, reflète la persistance des difficultés, notamment les tensions entre sunnites et chiites (« An Iraqi City Divided by Walls, by Sect, By Bitterness »).
« Cinq mètres de haut, près de 1 kilomètres de long, les murs courent comme un ruban à travers le cur de la ville meurtrie, le berceau de la guerre confessionnelle irakienne. Les pèlerins chiites glissent le long des murs vers la mosquée brisée Al-Askari. (...) Les forces de sécurité nationales sont chiites et pas un policier sunnite ne patrouille dans cette zone. » Cest un attentat contre cette mosquée en 2006 qui avait marqué le début dune guerre civile confessionnelle.
Quelles que soient les évolutions, rien ne saurait plus faux que de croire que les Américains ont gagné la guerre en Irak.
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6462
« La leçon générale que les Etats-Unis doivent tirer (...), cest que tenter de modeler dautres pays pour répondre à une version idéale de la démocratie avec une société civile active est une folie. (...) Peut-être devrions-nous laisser le reste du monde à ses affaires, dans la mesure où il ne pose pas de danger pour nous, ce qui est le cas de tous les pays aujourdhui... »
Alain Gresh - Le Monde Diplomatique
Cest dans une grande indifférence qua été « célébré » le sixième anniversaire de la guerre américaine contre lIrak, entamée en mars 2003 par ladministration du président George W. Bush.
Le conflit est désormais considéré par nombre de médias comme terminé, le retrait des troupes américaines devant sachever au plus tard à la fin 2011 (celui des troupes combattantes avant septembre 2010), selon laccord signé entre les deux capitales après bien des péripéties.
Le 9 avril, sixième anniversaire de la chute de Bagdad, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Bagdad, à lappel du leader chiite Moqtada Al-Sadr, pour demander le départ des troupes américaines. Un des assistants de Moqtada a déclaré : « Nous demandons que le président Obama soit aux côtés du peuple irakien en respectant sa promesse de mettre un terme à loccupation. » (« Shiite Protest Marks 6th Anniversary Of The Fall Of Bagdad », par Qassim Abdul-Zahra, Boston Globe, 10 avril).
Selon le Los Angeles Time du 11 avril, le coût du conflit irakien aura dépassé à la fin de lannée celui du conflit vietnamien : 694 milliards de dollars, contre 686 pour le Vietnam (données corrigées en fonction de linflation - « Iraq Wars Cost To Pass Vietnams », par Julian E. Barnes).
La semaine qui vient de sécouler a été particulièrement sanglante. Lundi 6 avril, une série dexplosions à Bagdad a tué des dizaines de personnes. Mardi et mercredi, des bombes dans la capitale du district de Kadhemiyah ont tué au moins quinze personnes. Et vendredi, au moins sept personnes, dont cinq soldat américains, ont été tuées à Mossoul. Ce qui inquiète les autorités et les Etats-Unis, cest le risque de voir les 100 000 miliciens sunnites enrôlés dans la guerre contre Al-Qaida revenir à la lutte armée : les promesses qui leur ont été faites, selon lesquelles ils seraient intégrés à larmée ou à la police, ne semblent pas tenues.
Sur les incertitudes concernant les milices sunnites, on lira « Arrests Deepen Iraqi Sunnis Bitterness », de Alissa J. Rubin (The New York Times, 12 avril). Ces milices, selon la journaliste, se sentent de plus en plus prises en tenaille entre les groupes armés qui les visent et le gouvernement à majorité chiite qui arrête leurs dirigeants. Le retrait progressif des Etats-Unis laisserait libre cours à un gouvernement qui leur est hostile.
Par ailleurs, Mossoul reste une ville où lactivité dAl-Qaida na pas été réduite. La télévision CNN affirme (10 avril) que la situation dans cette ville pourrait remettre en cause le retrait des troupes combattantes américaines des villes irakiennes, fixé au 30 juin (« June 30 Pullout Date From Iraqi Cities Could Be In Jeopardy »).
Selon la chaîne américaine, le général Ray Odierno, le commandant des troupes américaines en Irak, a affirmé au quotidien britannique Times que la situation à Mossoul « rendra très difficile pour le gouvernement Maliki de décider si les troupes américaines doivent rester ou non à lintérieur de Mossoul. Nous allons attendre. Il reste 75 jours »... Le journaliste affirme que la Maison Blanche envisage cette possibilité, qui ne met pas en question le calendrier général de retrait américain. Pourtant, il semble bien que des cadres militaires américains tentent de remettre en cause les calendriers de retrait, comme la rappelé Gareth Porter dans un article du Monde diplomatique de janvier 2009 : « M. Obama prisonniers des faucons en Irak ? ».
Le reportage de Sudarsan Raghavan sur la ville de Samara, dans le Washington Post du 13 avril, reflète la persistance des difficultés, notamment les tensions entre sunnites et chiites (« An Iraqi City Divided by Walls, by Sect, By Bitterness »).
« Cinq mètres de haut, près de 1 kilomètres de long, les murs courent comme un ruban à travers le cur de la ville meurtrie, le berceau de la guerre confessionnelle irakienne. Les pèlerins chiites glissent le long des murs vers la mosquée brisée Al-Askari. (...) Les forces de sécurité nationales sont chiites et pas un policier sunnite ne patrouille dans cette zone. » Cest un attentat contre cette mosquée en 2006 qui avait marqué le début dune guerre civile confessionnelle.
Quelles que soient les évolutions, rien ne saurait plus faux que de croire que les Américains ont gagné la guerre en Irak.
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6462
« La leçon générale que les Etats-Unis doivent tirer (...), cest que tenter de modeler dautres pays pour répondre à une version idéale de la démocratie avec une société civile active est une folie. (...) Peut-être devrions-nous laisser le reste du monde à ses affaires, dans la mesure où il ne pose pas de danger pour nous, ce qui est le cas de tous les pays aujourdhui... »