Barack Obama sur le Qatar
En avril 2011, lors d'une collecte de fonds démocrate à Chicago, Obama, ne réalisant par que Mark Knoller de CBS News l'enregistrait toujours après une session de questions/réponses avec des journalistes, dit à des donateurs que l'émir du Qatar, le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, était «un grand champion, un grand promoteur de la démocratie à travers tout le Moyen-Orient. La réforme, la réforme, la réforme – on ne voit que ça sur Al Jazeera». Mais, à brûle-pourpoint, il ajouta que l'émir «lui-même ne fai[sai]t pas tellement de réformes significatives. Il n'y a pas de grandes avancées démocratiques au Qatar».
Ce qui rend ce commentaire particulièrement embarrassant c'est que, plus tôt dans la journée, Obama avait rencontré Thani à Washington et porté aux nues le leadership du Qatar en Libye, ainsi que son influence «sur la question de la démocratie au Moyen-Orient» (pour le remercier, l'émir promit d'envoyer à Obama des billets pour la Coupe du monde de football 2022, organisée par son pays).
Le quotidien qatari The Peninsula publia sans attendre une contrepartie acerbe:
«Nous croyons fermement que le changement et la démocratie doivent venir de l'intérieur et ne jamais être importés, ou ce qui s'est passé en Irak se répétera. Au Qatar, notre rythme est peut-être lent, mais nous sommes sans aucun doute dans la bonne direction. Nous sommes certains de voir les objectifs de notre Vision 2030 réalisés huit ans en avance, quand vous viendrez pour la Coupe du monde 2022. Nous pensons que le Qatar est dans une courbe d'apprentissage, et nous faisons déjà des progrès dans notre pratique de la démocratie – des médias au débat public, en passant par l’éducation...
M. le Président, nous avons souvent écrit sur les deux poids deux mesures de la politique étrangère américaine et sur son aveuglement quant aux processus réformateurs au Moyen-Orient. Nous ne voulons pas que les États-Unis exportent la démocratie, parce que nous ne voulons pas revivre l'expérience irakienne. Mais soyez-en assuré, nous sommes capables de construire notre propre processus démocratique.»