L’écrivaine palestinienne Zaynab Rashid raconte comment sa famille, autrefois joyeuse et tolérante, est tombée dans le fanatisme religieux, au point de rejeter les petits plaisirs de la vie.
Jusqu’à une date récente, ma mère ne pouvait jurer que sur la tête de notre voisine, Oum Hanna. Car celle-ci, seule chrétienne de notre quartier, était la plus chère à son cœur parmi tous les habitants. Elle n’aimait rien tant qu’aller la retrouver chez elle pour passer des heures à bavarder.
Chaque fois que je ne la trouvais pas à la maison, me sœur me disait qu’elle était “certainement chez sa copine préférée”. Elles se retrouvaient pour faire la cuisine, et aussi, bien sûr, pour échanger des ragots sur les femmes du
quartier. Quant à ma sœur, elle était insouciante, riait beaucoup, plaisantait, écoutait de la musique, regardait des feuilletons, était fière de sa belle chevelure et n’hésitait pas à danser devant ses amies lors des fêtes.
Mon cousin, lui, venait souvent nous voir et nous saluait en nous serrant la main, à mes sœurs et à moi. Parfois, il déposait un bisou sur nos fronts. Il aimait s’habiller et se faire beau. Il avait un bon cœur, suffisamment grand pour avoir d’innombrables amis. Ainsi entouré d’affection, il était toujours de bonne humeur.
Il y avait aussi mon amie d’enfance,avec laquelle j’avais partagé les bancs de l’école. On s’appréciait énormément.
J’étais sa meilleure confidente. Elle ne me cachait rien de sa vie et elle me demandait conseil sur tout ce qui lui
arrivait. Elle me disait toujours qu’elle avait du mal à passer une journée sans venir me voir. Et si vraiment on ne pouvait pas se rencontrer, on compensait par trois heures au téléphone.
Tout cela, c’était avant que ma mère ne se mette à aller à la mosquée pour la prière, à y rester après la prière pour recevoir des leçons d’un imam qui lui expliquait ce qui était licite et ce qui ne l’était pas. Tout cela, c’était avant que ma sœur ne mette le voile sur les conseils insistants d’une amie, une amie qui avait ini par l’entraîner,elle aussi, aux leçons à la mosquée.
Tout cela, c’était avant que mon cousin ne se laisse pousser la barbe, lui aussi après s’être mis à fréquenter la
mosquée. Tout cela, c’était avant que mon amie d’enfance décide de devenir “vertueuse” et de cacher son visage.
Depuis, ma mère ne supporte plus la vue de notre voisine Oum Hanna.
Il suffit d’évoquer son nom pour qu’elle se rembrunisse. Quand elle quitte la maison pour faire une course – ou, plus souvent, pour aller à la mosquée – elle presse le pas afin de l’éviter.
Jusqu’à une date récente, ma mère ne pouvait jurer que sur la tête de notre voisine, Oum Hanna. Car celle-ci, seule chrétienne de notre quartier, était la plus chère à son cœur parmi tous les habitants. Elle n’aimait rien tant qu’aller la retrouver chez elle pour passer des heures à bavarder.
Chaque fois que je ne la trouvais pas à la maison, me sœur me disait qu’elle était “certainement chez sa copine préférée”. Elles se retrouvaient pour faire la cuisine, et aussi, bien sûr, pour échanger des ragots sur les femmes du
quartier. Quant à ma sœur, elle était insouciante, riait beaucoup, plaisantait, écoutait de la musique, regardait des feuilletons, était fière de sa belle chevelure et n’hésitait pas à danser devant ses amies lors des fêtes.
Mon cousin, lui, venait souvent nous voir et nous saluait en nous serrant la main, à mes sœurs et à moi. Parfois, il déposait un bisou sur nos fronts. Il aimait s’habiller et se faire beau. Il avait un bon cœur, suffisamment grand pour avoir d’innombrables amis. Ainsi entouré d’affection, il était toujours de bonne humeur.
Il y avait aussi mon amie d’enfance,avec laquelle j’avais partagé les bancs de l’école. On s’appréciait énormément.
J’étais sa meilleure confidente. Elle ne me cachait rien de sa vie et elle me demandait conseil sur tout ce qui lui
arrivait. Elle me disait toujours qu’elle avait du mal à passer une journée sans venir me voir. Et si vraiment on ne pouvait pas se rencontrer, on compensait par trois heures au téléphone.
Tout cela, c’était avant que ma mère ne se mette à aller à la mosquée pour la prière, à y rester après la prière pour recevoir des leçons d’un imam qui lui expliquait ce qui était licite et ce qui ne l’était pas. Tout cela, c’était avant que ma sœur ne mette le voile sur les conseils insistants d’une amie, une amie qui avait ini par l’entraîner,elle aussi, aux leçons à la mosquée.
Tout cela, c’était avant que mon cousin ne se laisse pousser la barbe, lui aussi après s’être mis à fréquenter la
mosquée. Tout cela, c’était avant que mon amie d’enfance décide de devenir “vertueuse” et de cacher son visage.
Depuis, ma mère ne supporte plus la vue de notre voisine Oum Hanna.
Il suffit d’évoquer son nom pour qu’elle se rembrunisse. Quand elle quitte la maison pour faire une course – ou, plus souvent, pour aller à la mosquée – elle presse le pas afin de l’éviter.