La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962) et Mauresques. Femmes orientales dans la photographie coloniale 1860-1910 de Christelle Taraud
Deux livres de Christelle Taraud
Christiane Passevant
La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962) et Mauresques.
Femmes orientales dans la photographie coloniale 1860-1910 de Christelle Taraud
Deux livres de Christelle Taraud
Dans La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962), Christelle Taraud explore un champ de recherche jusqu’alors peu exploité [1]. Il est rare en effet que les historiennes traitent de cette question et son étude — originale par ses sources et son analyse — s’attaque au cœur du sujet en soulignant le lien entre la domination coloniale et la domination sexuelle.
Les trois axes choisis par l’auteure — la réglementation, la marginalité, les fantasmes et les réalités — permettent une approche approfondie des codes et des mécanismes du réglementarisme colonial. Le modèle occidental s’est imposé à des sociétés considérées comme instructurées et tribales.
S’ajoute à cette première étude un album, Mauresques. Femmes orientales dans la photographie coloniale 1860-1910 , qui est une recherche par le biais de l’image (250 photos inédites du fond Roger Violet). Deux ouvrages qu’il est donc difficile de séparer tant l’un et l’autre se complètent — le second étant la version esthétique du premier — pour une meilleure compréhension de cette double exploitation des femmes, sexuelle et coloniale.
Christelle Taraud éclaire ainsi tout un pan caché de l’influence des fantasmes d’antan sur l’imaginaire relationnel et sexuel occidental ; la fascination pour l’orientalisme faisant aussi écho à l’ébauche, au XIXe siècle, des revendications d’autonomie des femmes occidentales.
« L’orientalisme impose […] une image de féminité oisive, passive et offerte qui n’est pas anecdotique. Elle traduit l’idée qu’en Orient il serait encore possible de retrouver le paradis perdu, c’est-à-dire un rapport entre les hommes et les femmes qui soit “naturel” et “simple”, conforme à la traditionnelle domination masculine. »