Kalame
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C'est un jour important pour Meryem, 26 ans, cadre à Paris. Elle s'apprête à déposer une demande de naturalisation : "Ça fait des mois que je réunis les papiers. J'ai enfin terminé. Là, la vraie attente peut commencer." Selon les derniers chiffres de l'Eurostat, la France tient le haut du podium au sein de l'Union Européenne, avec plus de 108 000 naturalisations par décret ou par mariage octroyées en 2008. De quoi donner de l'espoir aux nouveaux diplômés. "Pour être naturalisé par décret, il faut remplir trois conditions : être âgé au minimum de 18 ans, résider en France depuis plus de 5 ans, avoir un casier judiciaire vierge et justifier de son assimilation à la communauté française, notamment à travers une connaissance suffisante de la langue", détaille Rabia, une jeune Marocaine, titulaire d'un master en droit à Paris 2, aujourd'hui à la recherche d'un travail. "Je remplis parfaitement toutes ces conditions, mais je sais que mon dossier ne sera pas accepté, se résigne-t-elle. En réalité, ce que la loi ne dit pas, c'est que je dois justifier d'un salaire et payer des impôts pour être naturalisée. Dès que je trouverai du travail, j'aurai toutes mes chances."
Etre naturalisé, c'est presque une formalité, un processus administratif qui prend de moins en moins de temps, selon un communiqué du ministère de l'Immigration français. D'après ce dernier, les décisions de naturalisation sont passées de 12 mois en 2009 à 5 mois en 2010, suite à la réforme lancée par le ministre de l'époque, Eric Besson, pour simplifier les procédures. D'ailleurs, beaucoup peuvent en témoigner : "Le plus difficile, ce n'est pas la procédure, c'est de pouvoir l'entamer. J'ai mis 6 mois à réunir mes papiers, mais 9 mois à trouver du travail. J'ai cru que je n'y arriverais jamais", raconte Meryem.
(...)
Quand on lui demande pourquoi une telle angoisse, il répond avec l'air de quelqu'un qui a beaucoup réfléchi à la question : "Si je veux tant devenir français, ce n'est pas pour rester ici, mais plutôt pour faire du Maroc une phase potentiellement temporaire. Une option gratuite. M'offrir le luxe d'une porte de sortie".
Devenir français et puis revenir au Maroc... une fois l'objectif atteint, qui franchit le pas ? "Cela fait un an et demi que je suis naturalisée. Je veux m'installer au Maroc, mais pas maintenant", déclare Rita, 28 ans, architecte, qui préfère "attendre un peu". Attendre quoi et reporter l'échéance pourquoi ? Surtout que la culpabilité est là : "Oui, le Maroc a besoin de nous, on le sait et on nous le répète. Ma famille aussi me manque. Mais je ne suis pas prête, c'est tout". Rita, à l'image de ses amis qui évoluent dans le même microcosme marocain à Paris, tout en restant cosmopolites, confesse le désir de s'épanouir et évoluer dans un environnement plus stimulant, enrichissant. Selon elle, être naturalisée, ce n'est qu'une étape. Une étape qui va peut-être l'aider à retourner au Maroc, pas la pousser.
(...)
Cela devient difficile, j'ai l'impression qu'on ne veut plus de moi ici. Oui, il y a soi-disant une volonté de naturaliser les cadres diplômés, etc., mais au quotidien, il faut pouvoir s'en convaincre, assure Ylias. Demain, si je ne trouve pas de boulot, je serai obligé de retourner au Maroc, déçu. La France, après tout ça, m'aura mis dehors. Elle en a le droit sans doute, mais je me sentirai trahi".
TELQUEL
http://www.courrierinternational.co...-naturalisations-pour-les-etudiants-marocains
Etre naturalisé, c'est presque une formalité, un processus administratif qui prend de moins en moins de temps, selon un communiqué du ministère de l'Immigration français. D'après ce dernier, les décisions de naturalisation sont passées de 12 mois en 2009 à 5 mois en 2010, suite à la réforme lancée par le ministre de l'époque, Eric Besson, pour simplifier les procédures. D'ailleurs, beaucoup peuvent en témoigner : "Le plus difficile, ce n'est pas la procédure, c'est de pouvoir l'entamer. J'ai mis 6 mois à réunir mes papiers, mais 9 mois à trouver du travail. J'ai cru que je n'y arriverais jamais", raconte Meryem.
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Quand on lui demande pourquoi une telle angoisse, il répond avec l'air de quelqu'un qui a beaucoup réfléchi à la question : "Si je veux tant devenir français, ce n'est pas pour rester ici, mais plutôt pour faire du Maroc une phase potentiellement temporaire. Une option gratuite. M'offrir le luxe d'une porte de sortie".
Devenir français et puis revenir au Maroc... une fois l'objectif atteint, qui franchit le pas ? "Cela fait un an et demi que je suis naturalisée. Je veux m'installer au Maroc, mais pas maintenant", déclare Rita, 28 ans, architecte, qui préfère "attendre un peu". Attendre quoi et reporter l'échéance pourquoi ? Surtout que la culpabilité est là : "Oui, le Maroc a besoin de nous, on le sait et on nous le répète. Ma famille aussi me manque. Mais je ne suis pas prête, c'est tout". Rita, à l'image de ses amis qui évoluent dans le même microcosme marocain à Paris, tout en restant cosmopolites, confesse le désir de s'épanouir et évoluer dans un environnement plus stimulant, enrichissant. Selon elle, être naturalisée, ce n'est qu'une étape. Une étape qui va peut-être l'aider à retourner au Maroc, pas la pousser.
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Cela devient difficile, j'ai l'impression qu'on ne veut plus de moi ici. Oui, il y a soi-disant une volonté de naturaliser les cadres diplômés, etc., mais au quotidien, il faut pouvoir s'en convaincre, assure Ylias. Demain, si je ne trouve pas de boulot, je serai obligé de retourner au Maroc, déçu. La France, après tout ça, m'aura mis dehors. Elle en a le droit sans doute, mais je me sentirai trahi".
TELQUEL
http://www.courrierinternational.co...-naturalisations-pour-les-etudiants-marocains