PFAS: une vaste enquête journalistique révèle le coût astronomique de la dépollution en Europe

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Entre 4,75 et 100 milliards d'euros par an : selon une enquête menée par un collectif de 30 médias, tel est le prix que les Européens devront payer pour éliminer les PFAS, ces substances chimiques, toxiques et ultrarésistantes produites par l'industrie, de leur environnement.

On les surnomme les « polluants éternels ». Leur appellation scientifique est bien moins évocatrice : substances per et polyfluoroalkydés, ou plus simplement PFAS. Quatre lettres derrière lesquelles se cache une famille de 10 000 éléments composés d'atomes de carbone et de fluor, dont les propriétés chimiques – antiadhésives, déperlantes, antitaches… – assurent leur succès auprès des consommateurs, et donc des industriels.

Les PFAS sont omniprésentes dans les objets du quotidien, des poêles en Teflon aux vestes en Gore-Tex, mais aussi dans les mousses des extincteurs. Ces substances « miraculeuses » ne sont toutefois pas sans danger. Éparpillées dans les sols, l'eau et l'air, elles contaminent l'ensemble de la chaîne alimentaire. On les retrouve dans la quasi-totalité des organismes terrestres et marins, et notamment dans le corps humain, où elles peuvent causer cancers et infertilité.

Mais éradiquer ces polluants éternels relève presque de l'impossible. « Comme leur surnom l'indique, ils persistent dans l'environnement. Seule l'action humaine permet de dépolluer », relève Raphaëlle Aubert, journaliste au Monde et membre du collectif de 46 journalistes à l'origine de cette vaste enquête sur les PFAS. S'appuyant sur plus de 14 000 documents inédits et l'expertise de chercheurs et juristes internationaux, cette même équipe avait déjà révélé, en 2023, que l'Europe comptait 23 000 sites pollués par les PFAS, et presque autant fortement suspectés de l'être.

100 milliards d'euros par an, l'hypothèse «​

Dans un deuxième volet publié mardi 14 janvier, Le Monde établit que la décontamination coûterait aux Européens entre 95 et 2 000 milliards d'euros sur vingt ans. L'évaluation minimale impliquerait que toutes les émissions de PFAS cessent immédiatement. La dépollution ne concernerait que les sites prioritaires et seulement les substances aujourd'hui réglementées, les PFAS dites « à chaîne longue », dont la structure moléculaire est composée d'au moins six atomes de carbone. Un scénario « irréaliste », selon les autrices de l'enquête.

Car, explique encore Le Monde, les industriels ont développé à partir des années 2000 d'autres types de PFAS, afin d'anticiper la réglementation et les éventuels procès qui pourraient leur être intentés : les PFAS « à chaîne courte », composés de moins de six atomes de carbone. Le plus redoutable d'entre eux : l'acide trifluoroacétique (TFA). Issu des pesticides ou de la dégradation d'autres polluants éternels, et composé de seulement deux atomes de carbone, il est aujourd'hui le plus abondant dans l'environnement.

Combattre le TFA et les autres PFAS émergentes impliquerait des moyens considérables, bien plus importants que ceux déployés pour lutter contre les substances « historiques ». Selon les calculs du Monde et de ses partenaires, la facture s'élèverait à 100 milliards d'euros par an. Ce qui représente la moitié du budget annuel de l'Union européenne. Cette « fourchette haute est fort probablement la plus réaliste », estime Le Monde dans son article. Toutefois, précisent ses deux autrices, ce montant pharaonique n'inclut ni l'impact des PFAS sur le système de santé, ni les multiples conséquences engendrées par l'omniprésence de ces substances dans l'environnement.

[...]

 
Retour
Haut