Phénomène. Islamistes et scientifiques, pourquoi ils s’aiment…

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Par Mohammed Boudarham


Médecins, ingénieurs et pharmaciens auront bientôt leurs propres structures au sein du PJD. (TNIOUNI)


Les militants du PJD ou d’Al Adl Wal Ihsane ne se recrutent pas qu’au sein du petit peuple. Médecins et ingénieurs, entre autres profils diplômés, sont également convoités. Analyse.


Avant l’été prochain, l’Association des médecins du PJD verra le jour. Suivra celle des ingénieurs, puis des pharmaciens. Ces structures professionnelles viendront s’ajouter à une entité déjà en place depuis quelques mois : la cellule des avocats, dirigée par Me Abdemalek Zaâzaâ, mais dont le vrai patron n’est autre que Mostafa Ramid, poids
lourd du PJD.

Par ici le paradis
Mais pourquoi cette course aux “cerveaux” de la part du PJD ? “Nous avons besoin des représentants de la classe moyenne. Ces profils pourront nous être d’une grande utilité sur les dossiers nécessitant une certaine connaissance du terrain et des hommes”, répond Abdelaziz Rabbah, membre du secrétariat général, qui chapeaute toutes ces nouvelles instances. “C’est plutôt une approche électoraliste du PJD. Les islamistes cherchent un palliatif après leur échec à s’implanter en milieu rural, qui reste sous l’emprise des notables”, nuance un observateur.
Rabbah se défend, bien entendu, de cette vision politicienne des choses. “Nos nouvelles recrues croient en notre programme. Ce sont des gens raisonnables, il est donc normal qu’ils choisissent de rejoindre des partis raisonnables”, explique avec un certain humour le jeune député de Kénitra, lui-même ingénieur informaticien.
Des médecins, ingénieurs et pharmaciens, le PJD en compte plusieurs centaines, comme l’affirme un autre responsable du parti. Ils sont d’ailleurs là depuis la création du parti et ont occupé des postes à responsabilité. A commencer par Abdelkrim Khatib, le chirurgien fondateur du parti, en passant par Saâd Eddine El Othmani, psychiatre, etc. Même Abdelilah Benkirane, l’actuel numéro 1 du parti, n’échappe pas à ce moule scientifique : il serait devenu ingénieur s’il n’avait pas quitté l’Ecole Mohammadia des ingénieurs (EMI) et opté pour l’enseignement. “Nous avons toujours attiré ces catégories de professionnels. Ce qui a changé, aujourd’hui, c’est que nous avons décidé de les doter de structures d’organisation pour mieux les encadrer”, explique Abdelaziz Rabbah.
 
Le Coran avant Descartes
Reste cette double interrogation : qu’est-ce qui pousse les lauréats des filières scientifiques à rallier la mouvance islamiste, et s’agit-il d’un phénomène purement marocain ?
Ecoutons le politologue Mohamed Darif, qui a un avis sur la question : “le phénomène a commencé en Egypte. Là-bas, tous les syndicats professionnels, et pas seulement les médecins, sont tombés entre les mains des Frères musulmans”. Au Maroc, le noyau dur de l’opposition laïque et de gauche s’est historiquement formé au sein des facultés de lettres, notamment dans des fiefs universitaires comme Fès et Rabat. L’enseignement des sciences humaines, la philosophie en premier lieu, a contribué à forger l’identité de cette opposition. Ce n’est pas le cas des cursus scientifiques : “Les lauréats des filières scientifiques et techniques, peu sensibilisés à la philosophie par exemple, ne se posent traditionnellement pas de questions existentielles. Il n’est donc pas surprenant aujourd’hui de les voir grossir les rangs des mouvances islamistes”, explique Mohamed Darif.
Samir Aboulkassim, chercheur spécialiste des mouvements islamistes, est du même avis. Il avance trois principales raisons à l’engouement des scientifiques pour les partis islamistes. “En plus de leur relative méconnaissance des sciences sociales, ces profils sont généralement adeptes de l’islam populaire et accusent de graves lacunes en matière de sciences théologiques. Cela les rend vulnérables au discours des mouvances islamistes. Ils sont plus faciles à endoctriner”. Notre interlocuteur déplore le fait que les sciences humaines et sociales soient si peu présentes dans les cursus des filières scientifiques et techniques, et ce dès le lycée. “C’est aussi de la faute de l’ancien régime qui, dans les années 1970, a favorisé l’émergence des études islamiques au détriment de la philosophie”, enchaîne Mohamed Darif.
Un médecin casablancais, fraîchement reconverti (au PJD), nous explique comment un scientifique comme lui a pu rejoindre les islamistes : “Il faut relativiser la faiblesse supposée de la formation d’un scientifique. Ce n’est pas tout à fait vrai. Un scientifique se pose des questions comme tout le monde. Et la première de ces questions n’est pas de savoir si l’islam est la solution, mais si les partis de la place répondent à certaines exigences toutes simples. A mes yeux, le PJD repose sur un mode de gestion très scientifique, avec discipline, clarté et obligation de résultat. Il est normal que je les rejoigne”.

Al Adl Wal Ihsane aussi
Le tropisme des scientifiques pour les formations islamistes ne s’arrête pas au seul PJD. Avant même la création du parti de Benkirane and Co, Al Adl Wal Ihsane avait depuis longtemps commencé à recruter parmi les médecins, les ingénieurs et les pharmaciens. La Jamaâ dispose de structures dédiées à ces professions.
Les disciples de Abdeslam Yassine ont réussi, en outre, une grande percée au sein d’imposants syndicats professionnels, notamment les professions libérales. Ainsi, lors du congrès 2008 de l’Union nationale des ingénieurs du Maroc (UNIM), Al Adl a remporté 29 des 75 sièges, soit 40 %, du comité administratif. Mais le cas le plus emblématique à ce jour reste celui de l’UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc), foyer originel de la dissidence estudiantine de gauche, aujourd’hui tombé entre les mains de la Jamaâ.
Là encore, les filières scientifiques et techniques constituent donc un bon vivier pour peupler les contingents adlistes. Et assurer la relève par la même occasion. Beaucoup de ces recrues dites scientifiques transitent par les rangs de la chabiba avant de frapper à la porte de la Da’ira siassiya, équivalent du bureau politique de la Jamaâ. Qui sait, d’ailleurs, si demain le successeur d’un Abdeslam Yassine ne sera pas le produit d’une faculté de médecine ou d’une grande école d’ingénieurs.


Récupération. Le cas Benziane
Mercredi 30 décembre 2009 au parlement : Saâd Eddine El Othmani, député et président du conseil national du PJD, rend un vibrant hommage à Mohamed Benziane, un ingénieur de Rabat, sorti de l’anonymat depuis qu’il a été licencié pour avoir refusé un stage encadré par trois experts israéliens. Une semaine plus tard, le même Benziane est reçu en héros de “la lutte contre la normalisation avec Israël”, au siège central du parti et en présence de l’écrasante majorité des responsables PJD. L’ingénieur a perdu son travail, mais il a gagné son “heure de gloire”. Il est aujourd’hui sympathisant du PJD. Allez savoir, dans son sillage, combien d’ingénieurs fraichement diplômés, ont rejoint les rangs du parti islamiste.
 
C'est quoi le rapport entre "le tremblement de terre d'agadir " et " les islamistes" ?

Un sauvetage Oui !
mais ..........

Ps : "les islamistes et scientifiques" : un plénoasme !
 
C'est quoi le rapport entre "le tremblement de terre d'agadir " et " les islamistes" ?

Un sauvetage Oui !
mais ..........

Ps : "les islamistes et scientifiques" : un plénoasme !

le seul rapport à mes yeux est la publication de ces articles sur Telquel.. articles que j'ai trouvé interessant donc je partage .. apres libre à toi de creuser un peu plus sur la possibilité d'un lien entre tremblement de terre-Islamistes-sauvetage-recuperation etc...
 
Merci Kamomille pour l'article.

Je le trouve somme toute bon mais c'est une lecture un peu caricaturale du paysage politique :

D'abord, je ne vois pas lieu de faire un parallèle entre le PJD et la Jamaa de Cheikh Yassine. Ce genre de raccourci me fascine ... le PJD c'est de la politique déclaré, la Jamaa...c'est délicat ça !

Je trouve aussi que ce jeune journaliste va vite en besogne en qualifiant le parti et ses membres d'"islamistes"...C'est un parti politique comme un autre, son référentiel est l'islam, d'autres ont des référentiels dans le libéralisme ou le marxisme ou je ne sais quoi d'autre...ce n'est pas pour autant qu'on les traire de marxistes...

Il reste qu'au vu des partis politiques sur l'actuel scène marocaine, le PJD reste tout de même brillant....Entre les classico Istiqlal et USFP qui doivent redorer leurs blasons...la bataille à venir c'est le PJD contre le PAM.

Pour le lien entre le scientifique et le PJD, je ne trouve pas cela aussi évident que le laisse paraître l'article, chaque parti a sa politique de recrutement...Voilà tout.

Il reste une dernière chose, ce jeune journaliste attire notre attention sur l'instrumentalisation... l'art majeur de tout parti politique, et je trouve que le PJD fait fort la dessus, surtout au regard du cas de ce jeune cadre Benziane, c'est fort ... du vrai spectacle!
 
Merci pour ta réponse !!!

qu'est ce qui fait de lui que c'est un partie d' ISLAMISTES " ?

parce que dans ce terme ...il y a souvent une connotation négative ?

C'est lui même qui se nomme ainsi.

Il faut également prendre en considération que le terme "islamiste" n'a pas toujours le même sens pour tout le monde.
Bon nombre de musulmans se considèrent comme islamistes sans pour autant être fondamentalistes.

En France, et dans le langage courant, on distingue pour les différencier le musulman (non péjoratif) de l'islamiste (péjoratif)
 
C'est lui même qui se nomme ainsi.

Il faut également prendre en considération que le terme "islamiste" n'a pas toujours le même sens pour tout le monde.
Bon nombre de musulmans se considèrent comme islamistes sans pour autant être fondamentalistes.

En France, et dans le langage courant, on distingue pour les différencier le musulman (non péjoratif) de l'islamiste (péjoratif)

Et à ton avis ...ce journaliste parle de fondamentalistes ? ou plus de musulmans tout simplement ?
 
En France, et dans le langage courant, on distingue pour les différencier le musulman (non péjoratif) de l'islamiste (péjoratif)

En Allemagne et aux Etats Unis on distingue aussi les deux. Mais pas dans un sense pejoratif, plutot dans un sense politique: un musulman est un membre de la religion musulmane independament de ses convictions politiques; un islamiste est un musulman qui veut imposer sa religion par le moyen de la politique a tout le monde. Ou plus exactement: Islam = Religion, Islamisme = Ideologie politique. Enfin, c'est la definition courante ici.
 
En Allemagne et aux Etats Unis on distingue aussi les deux. Mais pas dans un sense pejoratif, plutot dans un sense politique: un musulman est un membre de la religion musulmane independament de ses convictions politiques; un islamiste est un musulman qui veut imposer sa religion par le moyen de la politique a tout le monde. Ou plus exactement: Islam = Religion, Islamisme = Ideologie politique. Enfin, c'est la definition courante ici.

C'est tout à fait exact :
Musulman >>> religion
Islamiste >>> projet politique
 
TelQuel est bien connu pour sa lute contre le PJD, c'est même un de ses chevaux de bataille.
Le journaliste parle bien des fondamentalistes.

dit comme ça on dirai qu'ils partent en croisade contre un danger imminent. qu'ils ne partagent pas les idées, c'est leurs droit le plus absolu mais il faut être crédible, l'article est truffé de raccourcis, du journalisme du caniveau, une soupe au lardon qu'on peut servir à l'étranger et ceux qui n'ont pas reçu une éducation islamique.
 
dit comme ça on dirai qu'ils partent en croisade contre un danger imminent. qu'ils ne partagent pas les idées, c'est leurs droit le plus absolu mais il faut être crédible, l'article est truffé de raccourcis, du journalisme du caniveau, une soupe au lardon qu'on peut servir à l'étranger et ceux qui n'ont pas reçu une éducation islamique.

Je souscris à ce commentaire à 100 % et notamment la partie en gras.
 
Par Mohammed Boudarham


Médecins, ingénieurs et pharmaciens auront bientôt leurs propres structures au sein du PJD. (TNIOUNI)


Les militants du PJD ou d’Al Adl Wal Ihsane ne se recrutent pas qu’au sein du petit peuple. Médecins et ingénieurs, entre autres profils diplômés, sont également convoités. Analyse.


Avant l’été prochain, l’Association des médecins du PJD verra le jour. Suivra celle des ingénieurs, puis des pharmaciens. Ces structures professionnelles viendront s’ajouter à une entité déjà en place depuis quelques mois : la cellule des avocats, dirigée par Me Abdemalek Zaâzaâ, mais dont le vrai patron n’est autre que Mostafa Ramid, poids
lourd du PJD.

Par ici le paradis
Mais pourquoi cette course aux “cerveaux” de la part du PJD ? “Nous avons besoin des représentants de la classe moyenne. Ces profils pourront nous être d’une grande utilité sur les dossiers nécessitant une certaine connaissance du terrain et des hommes”, répond Abdelaziz Rabbah, membre du secrétariat général, qui chapeaute toutes ces nouvelles instances. “C’est plutôt une approche électoraliste du PJD. Les islamistes cherchent un palliatif après leur échec à s’implanter en milieu rural, qui reste sous l’emprise des notables”, nuance un observateur.
Rabbah se défend, bien entendu, de cette vision politicienne des choses. “Nos nouvelles recrues croient en notre programme. Ce sont des gens raisonnables, il est donc normal qu’ils choisissent de rejoindre des partis raisonnables”, explique avec un certain humour le jeune député de Kénitra, lui-même ingénieur informaticien.
Des médecins, ingénieurs et pharmaciens, le PJD en compte plusieurs centaines, comme l’affirme un autre responsable du parti. Ils sont d’ailleurs là depuis la création du parti et ont occupé des postes à responsabilité. A commencer par Abdelkrim Khatib, le chirurgien fondateur du parti, en passant par Saâd Eddine El Othmani, psychiatre, etc. Même Abdelilah Benkirane, l’actuel numéro 1 du parti, n’échappe pas à ce moule scientifique : il serait devenu ingénieur s’il n’avait pas quitté l’Ecole Mohammadia des ingénieurs (EMI) et opté pour l’enseignement. “Nous avons toujours attiré ces catégories de professionnels. Ce qui a changé, aujourd’hui, c’est que nous avons décidé de les doter de structures d’organisation pour mieux les encadrer”, explique Abdelaziz Rabbah.

C'est le monde à l'envers, on ne se pose pas de questions pour savoir pourquoi un marocain adhère un parti socialiste ou progressiste mais un parti islamiste soulève des interrogations.
 
C'est le monde à l'envers, on ne se pose pas de questions pour savoir pourquoi un marocain adhère un parti socialiste ou progressiste mais un parti islamiste soulève des interrogations.

Qu'un marocain adhere a tel ou tel parti, peu importe. Mais que des scientifiques le fassent, c'est quand meme assez ironique, vu que ce sont des gens qui sont supposes avoir obtenu une formation scientifique de skepticisme vis-a-vis de toutes choses non-prouvables et non-observables, d'adherer a un parti politique dont le programme est d'introduire et d'imposer une ideologie qui n'a pas de racines scientifiques mais spirituelles. ;)
 
Qu'un marocain adhere a tel ou tel parti, peu importe. Mais que des scientifiques le fassent, c'est quand meme assez ironique, vu que ce sont des gens qui sont supposes avoir obtenu une formation scientifique de skepticisme vis-a-vis de toutes choses non-prouvables et non-observables, d'adherer a un parti politique dont le programme est d'introduire et d'imposer une ideologie qui n'a pas de racines scientifiques mais spirituelles. ;)

Oui enfin, je dirai que l' humain veut que tout soit carré, hors c'est plus complexe. Je tends à penser que c'est un point de vue occidental imposé.
Ne dit on pas aussi que les gens de sciences sont plus proches de Dieu. Les ingénieurs et autres scientifiques sont les plus à même de raisonner, hors c'est ce que Dieu nous demande de faire. Enfin, je ne m'attends pas tellement à voire un financier (en général) adhérant à un parti islamiste.
 
Oui enfin, je dirai que l' humain veut que tout soit carré, hors c'est plus complexe. Je tends à penser que c'est un point de vue occidental imposé.
Ne dit on pas aussi que les gens de sciences sont plus proches de Dieu. Les ingénieurs et autres scientifiques sont les plus à même de raisonner, hors c'est ce que Dieu nous demande de faire. Enfin, je ne m'attends pas tellement à voire un financier (en général) adhérant à un parti islamiste.

Oui, tu n'as pas si tord. C'est aussi une facon de voir les choses. ;) Encore que la rigueur scientifique n'est pas la specialite de l'occident, n'est-ce pas?
 
Oui, tu n'as pas si tord. C'est aussi une facon de voir les choses. ;) Encore que la rigueur scientifique n'est pas la specialite de l'occident, n'est-ce pas?

Certainement, quoique pour une certaine culture, elle serait née en Grèce (comme toute chose), les arabes l'ont gardées pour la passer comme un trait d'union à la civilisation européenne actuelle. Un juste retour des choses;).
 
Certainement, quoique pour une certaine culture, elle serait née en Grèce (comme toute chose), les arabes l'ont gardées pour la passer comme un trait d'union à la civilisation européenne actuelle. Un juste retour des choses;).

C'est un peu comme une course de relais.
On passe le "témoin" au suivant.
Mais ensuite on n'a plus rien entre les mains .... qu'un vague souvenir ...
 
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