Plaidoyer pour l'émergence d'une culture africaine
Les peuples colonisés conquièrent leur indépendance là est lépopée, lindépendance acquise, commence la tragédie. Aimé Césaire
►Pour lire la premier partie :
http://www.alterinfo.net/Plaidoyer-pour-l-emergence-d-une-culture-africaine_a34676.html
► Le passage intéressant pour moi la deuxième partie :
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Dans toute cette atmosphère délétère où lAlgérie donne limpression de sinstaller dans les temps morts, une bouffée dair frais : on apprend que le 13 juillet, un accord a été signé pour la fourniture en électricité de lEurope. Des dizaines de centrales solaires seront implantées tout autour du Sahara, qui enverraient une partie de leur électricité vers l'Europe : c'est le projet démesuré baptisé Desertec, lancé par des industriels allemands, qui se réunissent aujourd'hui.
Une trentaine d'installations seraient réparties en bordure des zones désertiques, essentiellement en Afrique du Nord et au Proche-Orient. En tout, ces centrales couvriraient des milliers de kilomètres carrés. Pour 400 milliards d'euros, cette réalisation pharaonienne pourra fournir 15% de l'énergie consommée en Europe en 2025. Un petit calcul montre que partant du fait que la puissance électrique de lEurope serait autour de 5000 twh, les 15% de lélectricité saharienne équivalent à 750 TWh, soit 25 fois la consommation actuelle de lAlgérie.
Pour Malik Rebrab, président du directoire de Cevital, il est temps que chacun simplique dans la protection du climat, afin que les futures générations disposent des mêmes conditions de vie que nous. Cest la raison pour laquelle nous croyons que cette initiative peut donner beaucoup de nouvelles impulsions à la région EUMENA. Voilà, de notre point de vue, une initiative qui va dans le sens dune réelle indépendance, dune capitalisation dun savoir-faire et dune contribution remarquable si elle aboutit vers lavènement dune indépendance énergétique tournant le dos à la malédiction du pétrole.
Cette initiative ne saurait masquer létat général danomie. Où en sommes-nous en ce 47e anniversaire ? Je dis, à linstar du regretté cheb Hasni : Mazal lespoir. Pourtant, jai beau prospecter des signes avant-coureurs dune sortie du tunnel, je nen vois pas. Mieux : lun des derniers bastions de la cohérence est en train dêtre laminé pour, nous dit-on, aller à lexcellence, avec laide désintéressée de lancienne puissance coloniale qui, faut-il le rappeler, a tout de même produit un millier de diplômés au nom de la positivité de la colonisation, dont justement 4 ingénieurs.
LÉcole Polytechnique d'Alger, qui a formé 10 000 ingénieurs de rang honorable dans la hiérarchie mondiale et dont une immense majorité se retrouve outre-Méditerranée, va être reformatée pour, nous dit-on, devenir excellente !!! Cela participe assurément du laminage des défenses immunitaires du pays qui sinstallera définitivement dans la fatalité, devenant un pays levantin qui vit dune rente imméritée, qui pompe dune façon frénétique le patrimoine énergétique de générations futures et qui ne sait plus rien faire.
À bien des égards, notre indépendance, dont nous étions si fiers, seffrite inexorablement par une dépendance économique avérée et surtout par une dépendance mentale qui revient en force. En fait, nous faisons tout pour augmenter notre dépendance, sous le regard désespéré de cette jeunesse
en panne despérance.
Pis encore, il est sacrilège de parler de patriotisme, de valeurs à défendre, de réhabilitation de leffort. La diversion va jusquà convoquer des Algériens expatriés que lon présente comme les sauveurs du pays aux lieu et place des laissés-pour-compte que sont les cadres universitaires algériens. Nous continuons à persister dans lerreur, faisant croire au peuple avec ses deniers que le miracle viendra des sauveurs estivaux.
Au lieu de réhabiliter leffort et daller vers un développement endogène à marche forcée, on sen remet aux Chinois, aux Français, aux Turcs et autres Jordaniens pour nous nourrir, nous transporter, nous soigner...
LAlgérie devra tourner plus que jamais le dos à la rente. Cest à une vision densemble du futur que jinvite les Algériens à se réapproprier, ce faisant, leur destin.
Professeur Chems eddine Chitour
Ecole Polytechnqiue Alger