Outre le côté informatif et qui fait plaisir de l'article pour les auteurs reconnus venant d'horizons divers, je ne peux pas m'empêcher de voir un jeu de fléchettes chaque fois que les américains parlent de la culture française et vice versa. A la limite c'est même très rigolo ...
Courrier international (traduction du Wall Street journal, Europe)
• “La patrie d’un écrivain, c’est sa langue”
A en croire certains, la littérature hexagonale ne serait plus à la hauteur de sa réputation et de son histoire. Un jugement que dément le nombre d’écrivains d’origine étrangère qui choisissent le français pour écrire.
Enfant, Mohammed Moulessehoul, qui vivait alors dans la petite ville de Kenadsa, dans le Sahara algérien, rêvait d’être un poète arabe. Bédouin d’origine, il avait été éduqué en arabe. Il était capable de lire des livres en français mais ne se sentait pas assez à l’aise pour écrire dans cette langue. Aujourd’hui, Moulessehoul est plus connu sous son nom de plume* de Yasmina Khadra, pseudonyme adopté alors qu’il était officier dans l’armée algérienne, pour échapper à la censure militaire. Il a dévoilé sa véritable identité en 2001, après avoir quitté l’armée et s’être réfugié en France. Il est l’auteur de vingt-deux romans, essais et recueils de nouvelles, tous rédigés en français, et son œuvre a été traduite dans plus d’une trentaine de langues. Son dernier livre publié, Ce que le jour doit à la nuit, une fresque amoureuse qui se déroule en Algérie durant la longue guerre d’indépendance contre la France, s’est vendu à 230 000 exemplaires. Et le magazine littéraire Lire l’a salué comme le meilleur livre de l’année 2008.
Comment un aspirant poète arabe est-il devenu l’un des romanciers francophones contemporains les plus lus ? “Le tournant dans ma vie, c’est quand j’ai lu L’Etranger, d’Albert Camus”, déclare Moulessehoul, aujourd’hui âgé de 54 ans. “Je me suis aperçu que le génie de Camus résidait dans sa simplicité. Camus a le don de rendre compréhensible l’absurdité humaine avec des mots simples à comprendre et avec une fluidité extraordinaire. C’est ce qui m’a tout d’abord encouragé à penser que je pouvais écrire en français et devenir romancier. (...) "
"“Par définition, les écrivains étrangers qui ont choisi le français ont une plus grande ouverture d’esprit que les écrivains français autochtones, parce qu’ils viennent d’ailleurs”, assure Nancy Huston, dont le dernier roman, Lignes de faille – qui suit une famille sur quatre générations –, a remporté le prix Femina en 2006. “Ils considèrent la France comme un pays parmi d’autres et vivent sur une faille identitaire qui les prédispose à se projeter dans l’esprit des autres.” Mercedes Deambrosis, dont le dernier roman, Juste pour le plaisir, a pour cadre la Seconde Guerre mondiale, estime que l’acte d’écrire en français la libère en tant que romancière. “Bien que je sois totalement bilingue, je n’arrive pas du tout à écrire mes romans en espagnol, explique-t-elle. La seule chose que j’arrive à écrire directement en espagnol, c’est de la poésie. Bizarrement, je ne suis jamais arrivée à écrire de la poésie en français.” (...)
"L’égocentrisme de ces auteurs ennuie les lecteurs
Le succès des Bienveillantes en France montre qu’il y a là un public qui n’est pas satisfait par les auteurs français”, constate Jorge Semprun, écrivain d’origine espagnole, membre du jury Goncourt, qui écrit tantôt en français, tantôt en espagnol. “La plupart des jeunes écrivains français d’aujourd’hui sont nombrilistes, rien ne les intéresse tant que d’écrire sur leurs propres problèmes. C’est une sorte de naturalisme égocentrique, symptomatique d’un malaise français plus profond. Les romans d’écrivains comme Atiq Rahimi ou Jonathan Littell sont beaucoup plus tournés vers l’extérieur que ceux qu’écrivent les Français.” (...)
http://www.courrierinternational.org/
Courrier international (traduction du Wall Street journal, Europe)
• “La patrie d’un écrivain, c’est sa langue”
A en croire certains, la littérature hexagonale ne serait plus à la hauteur de sa réputation et de son histoire. Un jugement que dément le nombre d’écrivains d’origine étrangère qui choisissent le français pour écrire.
Enfant, Mohammed Moulessehoul, qui vivait alors dans la petite ville de Kenadsa, dans le Sahara algérien, rêvait d’être un poète arabe. Bédouin d’origine, il avait été éduqué en arabe. Il était capable de lire des livres en français mais ne se sentait pas assez à l’aise pour écrire dans cette langue. Aujourd’hui, Moulessehoul est plus connu sous son nom de plume* de Yasmina Khadra, pseudonyme adopté alors qu’il était officier dans l’armée algérienne, pour échapper à la censure militaire. Il a dévoilé sa véritable identité en 2001, après avoir quitté l’armée et s’être réfugié en France. Il est l’auteur de vingt-deux romans, essais et recueils de nouvelles, tous rédigés en français, et son œuvre a été traduite dans plus d’une trentaine de langues. Son dernier livre publié, Ce que le jour doit à la nuit, une fresque amoureuse qui se déroule en Algérie durant la longue guerre d’indépendance contre la France, s’est vendu à 230 000 exemplaires. Et le magazine littéraire Lire l’a salué comme le meilleur livre de l’année 2008.
Comment un aspirant poète arabe est-il devenu l’un des romanciers francophones contemporains les plus lus ? “Le tournant dans ma vie, c’est quand j’ai lu L’Etranger, d’Albert Camus”, déclare Moulessehoul, aujourd’hui âgé de 54 ans. “Je me suis aperçu que le génie de Camus résidait dans sa simplicité. Camus a le don de rendre compréhensible l’absurdité humaine avec des mots simples à comprendre et avec une fluidité extraordinaire. C’est ce qui m’a tout d’abord encouragé à penser que je pouvais écrire en français et devenir romancier. (...) "
"“Par définition, les écrivains étrangers qui ont choisi le français ont une plus grande ouverture d’esprit que les écrivains français autochtones, parce qu’ils viennent d’ailleurs”, assure Nancy Huston, dont le dernier roman, Lignes de faille – qui suit une famille sur quatre générations –, a remporté le prix Femina en 2006. “Ils considèrent la France comme un pays parmi d’autres et vivent sur une faille identitaire qui les prédispose à se projeter dans l’esprit des autres.” Mercedes Deambrosis, dont le dernier roman, Juste pour le plaisir, a pour cadre la Seconde Guerre mondiale, estime que l’acte d’écrire en français la libère en tant que romancière. “Bien que je sois totalement bilingue, je n’arrive pas du tout à écrire mes romans en espagnol, explique-t-elle. La seule chose que j’arrive à écrire directement en espagnol, c’est de la poésie. Bizarrement, je ne suis jamais arrivée à écrire de la poésie en français.” (...)
"L’égocentrisme de ces auteurs ennuie les lecteurs
Le succès des Bienveillantes en France montre qu’il y a là un public qui n’est pas satisfait par les auteurs français”, constate Jorge Semprun, écrivain d’origine espagnole, membre du jury Goncourt, qui écrit tantôt en français, tantôt en espagnol. “La plupart des jeunes écrivains français d’aujourd’hui sont nombrilistes, rien ne les intéresse tant que d’écrire sur leurs propres problèmes. C’est une sorte de naturalisme égocentrique, symptomatique d’un malaise français plus profond. Les romans d’écrivains comme Atiq Rahimi ou Jonathan Littell sont beaucoup plus tournés vers l’extérieur que ceux qu’écrivent les Français.” (...)
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