Politkovskaïa : les trois principaux accusés acquittés

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Les deux Tchétchènes et l'ancien policier accusés d'avoir participé à l'assassinat de la journaliste russe ont été relâchés. Les proches de la victime dénoncent une enquête baclée. Le procureur fait appel.

Trois mois de procès et un retour à la case départ. C'est un peu ce qui ressort du verdict du procès des trois principaux accusés de complicité dans le meurtre de la journaliste russe Anna Politkovskaïa, tuée par balle le 7 octobre 2006 à Moscou. Ils ont été acquittés jeudi par les jurés. Alors que le tireur court toujours et que le commanditaire n'est pas connu, tout reste à faire dans cette enquête. Le jury a uniquement reconnu l'évidence : la journaliste a bien été tuée.

Djabraïl et Ibraguim Makhmoudov, deux frères tchétchènes, étaient soupçonnés d'avoir surveillé les déplacements d'Anna Politkovskaïa et d'avoir conduit le tueur présumé, leur frère Roustam, toujours en fuite, sur les lieux du crime le soir du meurtre. L'ancien policier Sergueï Khadjikourbanov, était lui accusé d'avoir organisé la logistique de l'assassinat. Les trois suspects ont été immédiatement libérés.

Le principal avocat de la défense Mourad Moussaïev s'est félicité : «La justice l'a emporté. Les jurés ont prouvé qu'ils avaient des principes, on a un verdict honnête». Au cours du procès, la défense avait notamment insisté sur le fait que l'ADN des prévenus n'avait pas été retrouvé sur l'arme du crime, et que les relevés des conversations téléphoniques des accusés ne permettaient pas de conclure qu'ils étaient présents sur les lieux du meurtre.

Le procureur a immédiatement indiqué qu'il fera appel du verdict. Il a soulevé «des infractions qui ont eu lieu durant les audiences». Le procès avait en effet tourné à la farce, en novembre 2008. Le juge avait prononcé le huis clos en justifiant sa décision par une demande des jurés qui soit-disant craignaient pour leur sécurité. Mais l'un d'entre eux, surpris de ne voir aucun journaliste assister à la première audience, était ensuite intervenu dans les médias, assurant que jamais ses collègues et lui n'avaient présenté une telle demande.

Le mystère demeure sur le meurtre

Le fils de la victime, Ilya, a affirmé que la famille Politkovskaïa respecterait ce verdict. «Nous approuvons la décision du jury parce que l'accusation a été incapable de les convaincre», explique-t-il. Pour la famille de la victime, les trois hommes présents dans le box ne sont de toute façon « que des sous-fifres ». La famille dénonce sans cesse le fait que l'enquête n'a jamais mis en évidence l'identité du commanditaire du meurtre, ni le motif du crime. «Tout est encore devant nous, et désormais le Parquet va devoir activer son action», lance l'avocate de la famille de la journaliste, Karinna Moskalenko. Elle dénonce une enquête «injuste».

Pour Reporters sans Frontières (RSF), le verdict est «la conséquence d'une enquête incomplète et transmise prématurément à la justice». «Les irrégularités, les incohérences et l'opacité observées lors de ce procès, (…) interdisent de considérer l'affaire comme résolue», ajoute l'organisation de défense la liberté de la presse. RSF rappelle que la Russie est au 141e rang du classement 2008 pour la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Vingt journalistes y ont perdu la vie en raison de leur activité professionnelle depuis mars 2000. Anna Politkovskaïa, journaliste du bi-hebdomadaire d'opposition Novaïa Gazeta était l'une des rares à avoir couvert la guerre en Tchétchénie et les violations des droits de l'Homme.

http://www.lefigaro.fr/internationa...a-les-trois-principaux-accuses-acquittes-.php
 
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