Procédure de régularisation peut être remise en cause ?

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Ben
  • Date de début Date de début
Chaos dans la procédure de régularisation



Le Conseil d’État a annulé l’instruction relative à la procédure de régularisation. Le Conseil d’État a ainsi suivi l’avis émis par l’auditeur. Cela pourrait créer un chaos juridique et de terribles injustices entre ceux qui viennent d’être régularisés et ceux dont le dossier resterait gelé à l’Office.
Archive Le Soir, © Tonneau
Selon le Conseil d’État, il ne revenait pas au gouvernement mais bien au parlement de prévoir une note d’instruction pour la régularisation, et ce via une modification législative.

Interrogé mardi dernier à propos de cet avis de l’auditeur, le secrétaire d’État Melchior Wathelet avait déclaré que le gouvernement garantissait la sécurité juridique à tous ceux qui ont introduit une demande ou à tous ceux qui en introduiront une.

C’est le Vlaams Belang qui avait introduit une procédure devant le Conseil d’État à propos de cette instruction.

L’arrêt n’a pas encore été officiellement notifié au gouvernement.

Le Conseil pourra-t-il poursuivre l’examen des dossiers déjà rentrés ?
Oui, dit-on chez Wathelet. Alexis Deswaef, avocat spécialisé en droit des étrangers, est très sceptique.

« Cela pourrait créer un chaos juridique et de terribles injustices entre ceux qui viennent d’être régularisés et ceux dont le dossier resterait gelé à l’Office. Pourquoi cet avis maintenant, à quelques jours de la fin de l’opération ?, s’interroge Alexis Deswaef. J’espère que le Conseil d’État aura la sagesse de rendre son arrêt après le 15 décembre. »

C’est fondé ?
Le 6 octobre 1999, le Conseil d’État avait annulé l’arrêté royal du ministre de l’Intérieur de l’époque, qui créait la procédure de la première opération de régularisation. Le gouvernement Verhofstadt avait dû faire voter à toute vitesse une loi par le Parlement. Un premier avertissement dont on n’a pas tenu compte ? Pour l’avocat Michel Kayser, les choses ne sont pas tout à fait comparables. En 1999, les critères de régularisation retenus étaient très différents de ceux contenus dans la loi. « Ici, on peut considérer que le ministre ne fait que donner des règles d’interprétation de sa propre compétence. » En d’autres termes, la note d’instruction serait une circulaire interprétative et pas normative. Mais il y a des limites à ce raisonnement, reconnaît Michel Kayser : le fait de vouloir faire passer les cas litigieux devant une Commission, c’est bien une nouvelle règle. Et tout le dispositif sur la régularisation par le contrat de travail aussi. « Et comment justifier que les critères devraient être interprétés de telle manière entre le 15 septembre et le 15 décembre et plus après ? », s’interroge Alexis Deswaef.

C’est réparable ?
Melchior Wathelet l’assure « le gouvernement s’adaptera ». Comment ? En faisant voter une loi en extrême urgence ? Pas exclu. En démontrant que le ministre ne fait qu’exercer son pouvoir discrétionnaire, prévu dans la loi ? Pas évident. Tout dépend évidemment de l’arrêt : suspension, annulation totale, partielle…

La faute à qui ?
Le gouvernement a joué avec le feu. Tous les partis savaient que seule une modification de la loi allait apporter une réelle sécurité juridique. Mais politiquement, c’était inimaginable. La note d’instruction, difficile compromis après des mois de blocage au sein du gouvernement, est une solution plus bancale encore qu’une circulaire ministérielle : sa durée de vie peut être limitée à la durée de fonction du ministre compétent. Si depuis des années, toute la politique des étrangers s’élabore à coup de circulaires, c’est toujours pour les mêmes raisons : la crainte de voir des divisions au sein de la majorité sur la question hypersensible de l’immigration, et la hantise côté flamand (surtout au VLD) de se faire étriller par le Vlaams Belang ou la Lijst Dedecker. Le risque de voir le Belang gagner à nouveau auprès du Conseil d’État existait. Pari pris, pari perdu ?


source: Le soir.
 
Retour
Haut