Après la chute de Tripoli en septembre 2011 grâce à l’engagement militaire de la France – que Doha aurait financé, selon un document publié hier par Blast -, le Qatar a écrit le scénario de la chute espérée d’un autre dictateur, Bachar El-Assad, en présence d’un surprenant envoyé de la France : Bernard-Henri Lévy. C’est ce qu’indique un nouveau compte-rendu des autorités qataries, dont nous révélons le contenu.
Pousser son avantage… Dans les écoles de guerre, la règle est d’or : avancer et imprimer le mouvement, quoi qu’il en soit, dès que la brèche est ouverte, pour profiter du contexte et marquer les esprits. Le 15 septembre 2011, quand il vient en Libye célébrer la prise de Benghazi, Nicolas Sarkozy l’a-t-il en tête, cette doctrine conquérante ?
Ce jour-là, accompagné de David Cameron, le Premier ministre britannique, et d’Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, le chef de l’Etat français est aussi flanqué d’un autre homme. Son rôle justifie sa présence. L’homme s’est beaucoup démené pour convaincre le président de la République d’engager la France dans cette aventure. Bernard-Henri Lévy est aussi celui qui a préparé les esprits, multipliant les interventions dans les médias, où il a micro ouvert.
Ce jeudi 15 septembre 2011, à Benghazi, dans l’effervescence d’une «libération », le philosophe/cinéaste/homme d’affaires jubile. Quelques jours plus tard, un convoi est intercepté sur la route de Syrte : le 11 octobre 2011, le « frère guide » Mouammar Kadhafi achève dans des conditions sur lesquelles la lumière n’a jamais été faite un parcours entamé quelques kilomètres plus loin, au milieu du désert où il est né 69 ans plus tôt. Pour la présidence française, le triomphe est total. Pour quel avenir ? C’est une autre histoire. Et en ces de jours de gloire, les parrains et financiers de l’opération libyenne, en France comme au Qatar, regardent vers un nouvel objectif.
Le 15 septembre 2011, après un discours, le président Nicolas Sarkozy s’offre un bain de foule. A ses côtés, Bernard-Henri Lévy savoure également le moment. Image France 3.
Un homme connu
Le nouveau document que nous révélons est aussi un compte-rendu de réunion, comme celui sur le déjeuner de l’Elysée de novembre 2010. Il porte une date, le 20 septembre 2011, mais ne précise pas en revanche où elle s’est tenue.
Cette rencontre dont ce document fait état réunit le chef du gouvernement de Doha et un émissaire de Paris. L’homme qui fait face au Sheikh Hamad Bin Jassem Bin Jabr Al-Thani, président du conseil des ministres (et ministre des Affaires étrangères) est présenté comme étant le « conseiller et envoyé spécial de son Excellence le président Français Nicolas Sarkozy ». Il s’appelle… Bernard-Henri Lévy ! Le même homme présent à Benghazi 10 mois plus tôt. Et celui qui affirmait en avril dernier, alors que Blast venait de publier un premier document évoquant sa relation avec Doha, n’avoir « jamais eu le moindre contact, d’aucune sorte, avec le Qatar ».
Sous la mention « Très confidentiel », la première des 5 pages du « Rapport de réunion » livre le nom des deux participants, dont celui du « conseiller et envoyé spécial » ainsi que la date de cette rencontre. Document Blast.
Au nom du « partenariat »
La surprise, forcément, est de taille, d’autant que BHL avait également demandé à la justice de censurer notre enquête – une démarche soldée par un échec devant la 17ème chambre du tribunal de justice de Paris1.
Et les propos prêtés au globe-trotter écrivain par le procès-verbal que nous rendons public aujourd’hui ont de quoi donner le tournis : « Nous sommes fiers de notre partenariat avec vous, peut-on lire dans ce compte-rendu dans une intervention attribuée au médiatique philosophe. Nous avons réussi à atteindre nos buts communs en Lybie. La France n’oubliera pas l’énorme rôle qu’a joué le Qatar en vue d’assurer l’approvisionnent de l’Europe en énergie pour des décennies à venir, ni le rôle qu’il continue de jouer pour soutenir les révoltes des pays dans leur lutte pour la liberté et la démocratie et la construction d’un nouveau Moyen-Orient exempt de toute forme de dictature ».
C’est au nom de ce « partenariat » que l’hôte du chef du gouvernement qatari pose, si on donne foi à ce procès-verbal, la prochaine étape : « Et il n’y aura de nouveau Moyen-Orient ni de stabilité qu’avec le départ du Président Al Assad et des autres régimes dictatoriaux de la région. »
Après quelques mots de bienvenue, « l’invité » du premier ministre qatari – comme le rapport de réunion désigne BHL – passe aux choses sérieuses. Et désigne la cible : le « Président Al Assad », dont il faut obtenir « le départ ».
(edit) je m'empresse de préciser la source. Certains flics du net jouant aux kgb ne pardonneraient pas l'oubli :
https://french.almanar.com.lb/2188650
Pousser son avantage… Dans les écoles de guerre, la règle est d’or : avancer et imprimer le mouvement, quoi qu’il en soit, dès que la brèche est ouverte, pour profiter du contexte et marquer les esprits. Le 15 septembre 2011, quand il vient en Libye célébrer la prise de Benghazi, Nicolas Sarkozy l’a-t-il en tête, cette doctrine conquérante ?
Ce jour-là, accompagné de David Cameron, le Premier ministre britannique, et d’Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, le chef de l’Etat français est aussi flanqué d’un autre homme. Son rôle justifie sa présence. L’homme s’est beaucoup démené pour convaincre le président de la République d’engager la France dans cette aventure. Bernard-Henri Lévy est aussi celui qui a préparé les esprits, multipliant les interventions dans les médias, où il a micro ouvert.
Ce jeudi 15 septembre 2011, à Benghazi, dans l’effervescence d’une «libération », le philosophe/cinéaste/homme d’affaires jubile. Quelques jours plus tard, un convoi est intercepté sur la route de Syrte : le 11 octobre 2011, le « frère guide » Mouammar Kadhafi achève dans des conditions sur lesquelles la lumière n’a jamais été faite un parcours entamé quelques kilomètres plus loin, au milieu du désert où il est né 69 ans plus tôt. Pour la présidence française, le triomphe est total. Pour quel avenir ? C’est une autre histoire. Et en ces de jours de gloire, les parrains et financiers de l’opération libyenne, en France comme au Qatar, regardent vers un nouvel objectif.
Le 15 septembre 2011, après un discours, le président Nicolas Sarkozy s’offre un bain de foule. A ses côtés, Bernard-Henri Lévy savoure également le moment. Image France 3.
Un homme connu
Le nouveau document que nous révélons est aussi un compte-rendu de réunion, comme celui sur le déjeuner de l’Elysée de novembre 2010. Il porte une date, le 20 septembre 2011, mais ne précise pas en revanche où elle s’est tenue.
Cette rencontre dont ce document fait état réunit le chef du gouvernement de Doha et un émissaire de Paris. L’homme qui fait face au Sheikh Hamad Bin Jassem Bin Jabr Al-Thani, président du conseil des ministres (et ministre des Affaires étrangères) est présenté comme étant le « conseiller et envoyé spécial de son Excellence le président Français Nicolas Sarkozy ». Il s’appelle… Bernard-Henri Lévy ! Le même homme présent à Benghazi 10 mois plus tôt. Et celui qui affirmait en avril dernier, alors que Blast venait de publier un premier document évoquant sa relation avec Doha, n’avoir « jamais eu le moindre contact, d’aucune sorte, avec le Qatar ».
Sous la mention « Très confidentiel », la première des 5 pages du « Rapport de réunion » livre le nom des deux participants, dont celui du « conseiller et envoyé spécial » ainsi que la date de cette rencontre. Document Blast.
Au nom du « partenariat »
La surprise, forcément, est de taille, d’autant que BHL avait également demandé à la justice de censurer notre enquête – une démarche soldée par un échec devant la 17ème chambre du tribunal de justice de Paris1.
Et les propos prêtés au globe-trotter écrivain par le procès-verbal que nous rendons public aujourd’hui ont de quoi donner le tournis : « Nous sommes fiers de notre partenariat avec vous, peut-on lire dans ce compte-rendu dans une intervention attribuée au médiatique philosophe. Nous avons réussi à atteindre nos buts communs en Lybie. La France n’oubliera pas l’énorme rôle qu’a joué le Qatar en vue d’assurer l’approvisionnent de l’Europe en énergie pour des décennies à venir, ni le rôle qu’il continue de jouer pour soutenir les révoltes des pays dans leur lutte pour la liberté et la démocratie et la construction d’un nouveau Moyen-Orient exempt de toute forme de dictature ».
C’est au nom de ce « partenariat » que l’hôte du chef du gouvernement qatari pose, si on donne foi à ce procès-verbal, la prochaine étape : « Et il n’y aura de nouveau Moyen-Orient ni de stabilité qu’avec le départ du Président Al Assad et des autres régimes dictatoriaux de la région. »
Après quelques mots de bienvenue, « l’invité » du premier ministre qatari – comme le rapport de réunion désigne BHL – passe aux choses sérieuses. Et désigne la cible : le « Président Al Assad », dont il faut obtenir « le départ ».
(edit) je m'empresse de préciser la source. Certains flics du net jouant aux kgb ne pardonneraient pas l'oubli :
https://french.almanar.com.lb/2188650