Quand la peur des musulmans nourrit la violence

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nadia2612

Ewa Kemel !
VIB
L'auteur des deux attaques sanglantes, Behring Breivik, est bel et bien un Norvégien blond de type parfaitement scandinave, un pur Viking, âgé de 32 ans, se décrit sur son profil Facebook comme « conservateur » et « chrétien », amateur de chasse et de jeux vidéo.

Dans un mémoire de 1500 pages publié sur Internet, le futur meurtrier avait détaillé ses préparatifs auxquels il travaillait depuis des années, et affirmé que le terrorisme était « un moyen d'éveiller les masses ».

Pour quoi faire ? D'abord pour combattre l'islam, mais aussi le « marxisme culturel » et le multiculturalisme, objets de violentes diatribes dans ce texte mais surtout dans une vidéo mise en ligne sur YouTube le jour même des attaques.

Contre l'islam qu'il considère comme « la principale idéologie génocidaire », le terroriste entendait engager « une croisade », mais il voulait aussi déclencher «une guerre préventive contre les régimes culturellement marxistes/multiculturalistes d’Europe» afin «de repousser, battre ou affaiblir l’invasion/colonisation islamique en cours, pour avoir un avantage stratégique dans une guerre inévitable avant que la menace ne se matérialise».

On dira que ce Behring Breivik est un fou. Il faut être fou en effet pour concevoir un tel projet. Mais ce fou a été capable de passer à l'acte avec une froide détermination.

Et, trop souvent, ce genre de fou inspire d'autres fous et fait des émules. En outre, ce fou se proclame « chrétien ». Et cela ne peut nous laisser indifférent. Déjà, sur Internet, trop souvent pourvoyeur de haine, les commentaires fleurissent qui accusent les religions en général, mais l'islam et le christianisme en particulier, d'être par essence, des facteurs de violence.

Il est urgent et impératif pour tous de réagir. Y compris pour les plus hauts responsables du christianisme, ceux du judaïsme et ceux de l’islam. Réagir, c’est-à-dire dénoncer à temps et à contretemps l’utilisation sacrilège du nom de Dieu par tous les fondamentalistes religieux quels qu’ils soient. La paix est le vrai nom de Dieu.

Ce tueur baigne depuis longtemps dans une mouvance d'extrême-droite xénophobe et particulièrement hostile aux musulmans. Il a d'ailleurs appartenu pendant sept ans au Parti du Progrès (PrP) formation populiste de droite surfant sur la vague de l'islamophobie, une formation qui a fait une percée électorale spectaculaire, ces dernières années, dans ce pays paisible où la majorité se situe traditionnellement au centre-gauche. Mais Breivik a quitté ce parti en 2006 parce qu'il le jugeait, écrit-il, trop ouvert aux «attentes multiculturelles» et aux «idéaux suicidaires de l’humanisme».

Aujourd'hui des partis semblables, plus ou moins virulents, se développent partout en Europe, de Scandinavie en Italie, de Grande-Bretagne en Hongrie, des Pays-Bas en Suisse et, bien sûr, en France avec le Front national. Alors que dans tout le Vieux Continent, la crise accroît les inégalités et fait les ravages que l'on sait, les populations prennent peur et se réfugient dans cette mouvance populiste, xénophobe et hostile à l'Union européenne, en espérant qu'elle les protégera......................................................
 
............................................... Toutes choses égales par ailleurs, cela commence à évoquer le climat des années 30 avec cette différence : le diable qui investit notre civilisation pour la détruire, n'est plus le juif mais le musulman. Notre propre pays, hélas, n’échappe pas aujourd’hui à cette utilisation, ô combien dangereuse, de la peur de l’autre.

Au sein de cette nébuleuse xénophobe et islamophobe, certains, comme le tueur norvégien, se disent chrétiens. Ils rêvent du « choc des civilisations ». Ils voudraient, comme naguère George Bush, défendre « l'Occident chrétien » en menant une «croisade contre l'islam ». Certains affirment même que « les musulmans mènent une guerre contre l'Occident » et que celui-ci doit y répondre par une guerre contre l'islam.

Mais les djihadistes, les terroristes islamistes ne sont qu'une toute petite minorité au sein de la grande masse des musulmans du globe. Certes, nombre de ces derniers ne portent pas l'Occident dans leur cœur. Ils ne lui pardonnent ni la colonisation, ni les guerres du Golfe, ni le soutien inconditionnel à Israël au mépris des droits des Palestiniens. Mais beaucoup aussi, surtout parmi les jeunes, rêvent de vivre en Occident, adoptent les mœurs occidentales et souhaitent voir leurs pays devenir des démocraties ainsi que l'a montré le printemps arabe.

Par Aimé Savard (24 juillet 2011)
 
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