Le "CRIF musulman" pourrait voir le jour dans le sud de la France
LE MONDE | 09.05.09 | 13h50 •
Mis provisoirement en sommeil au niveau national, le projet de "CRIF musulman", une structure laïque à vocation culturelle représentant les musulmans de France, pourrait voir le jour dans le sud de la France.
Parmi les porteurs de ce projet figure un industriel d'origine algéro-marocaine de 50 ans résidant à Cannes (Alpes-Maritimes). Azzédine Zaïm Bouamama, qui se définit comme "musulman laïc", multiplie les rencontres avec les autorités de l'Etat, les responsables politiques et les différentes communautés religieuses. Après des contacts noués au niveau régional avec le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), considéré comme un modèle à suivre, il doit rencontrer prochainement à Paris le président de l'organisation juive, Richard Prasquier. Son ambition est de lancer, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) l'expérience pilote d'un "CRIF musulman", avant une déclinaison au niveau national.
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Eclairage A la recherche d'interlocuteurs modérés
Reprenant l'intitulé de "Fédération nationale représentative des Français d'origine arabe ou de sensibilité musulmane", M. Bouamama revendique, pour cette future structure, une complémentarité avec les instances religieuses existantes, notamment le Conseil français du culte musulman (CFCM), dans son dialogue avec l'Etat. Souhaitant limiter la reconnaissance accordée à des "mouvements intégristes", les pouvoirs publics se montrent régulièrement demandeurs d'interlocuteurs "musulmans non religieux", à l'image des responsables laïcs de la communauté juive, rassemblés au sein du CRIF. Ces derniers voient d'ailleurs d'un bon oeil l'émergence d'un alter ego musulman.
"Je veux donner la possibilité à une majorité silencieuse de musulmans laïcs de s'exprimer", indique M. Bouamama. Par la rédaction d'une charte, il entend promouvoir un "respect scrupuleux des lois de la République et souhaite privilégier des actions de proximité", notamment sur l'éducation et le logement, en s'appuyant sur le tissu associatif de la région PACA. Si elle n'affiche pas de dimension politique, cette Fédération entend favoriser l'intégration des musulmans de France, encore "trop liés" selon M. Bouamama à leurs pays d'origine, Maroc et Algérie, principalement.
Pour le financement, M. Bouamama est en contact avec des mécènes arabo-musulmans. Une charte sera signée avec ces donateurs étrangers qui n'auront aucun droit d'ingérence. Un représentant de l'Etat français sera chargé de vérifier la transparence et l'origine des fonds, ajoute-t-il.
Localement, ce "CRIF musulman" bénéficie du soutien du vice-président du CRCM, Conseil régional du culte musulman, Abderrahman Ghoul : "Je suis favorable à cette institution culturelle dans laquelle souhaitent se rassembler depuis 2003 les musulmans laïcs. Elle permettra de structurer culturellement la communauté musulmane." Un soutien que l'on ne retrouve pas au niveau national, exception faite de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, liée à l'Algérie.
L'industriel est conscient que son projet risque de heurter une partie des musulmans, attachés à une représentation strictement religieuse, et de susciter les critiques de ceux qui voient dans ce type de structure un risque accru de communautarisme.
Les divers projets similaires lancés depuis 2003 se sont enlisés, minés par les divisions au sein de la communauté musulmane. Les divergences de vue entre les responsables musulmans d'origine algérienne, d'autant plus favorables à ce type d'instance qu'ils ont perdu en juin 2008 la mainmise sur la représentation religieuse nationale, et ceux d'origine marocaine, qui s'y montrent plutôt hostiles, pourraient compliquer le montage de ce nouveau projet.
Paul Barelli (Nice, correspondant) et Stéphanie Le Bars
LE MONDE | 09.05.09 | 13h50 •
Mis provisoirement en sommeil au niveau national, le projet de "CRIF musulman", une structure laïque à vocation culturelle représentant les musulmans de France, pourrait voir le jour dans le sud de la France.
Parmi les porteurs de ce projet figure un industriel d'origine algéro-marocaine de 50 ans résidant à Cannes (Alpes-Maritimes). Azzédine Zaïm Bouamama, qui se définit comme "musulman laïc", multiplie les rencontres avec les autorités de l'Etat, les responsables politiques et les différentes communautés religieuses. Après des contacts noués au niveau régional avec le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), considéré comme un modèle à suivre, il doit rencontrer prochainement à Paris le président de l'organisation juive, Richard Prasquier. Son ambition est de lancer, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) l'expérience pilote d'un "CRIF musulman", avant une déclinaison au niveau national.
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Reprenant l'intitulé de "Fédération nationale représentative des Français d'origine arabe ou de sensibilité musulmane", M. Bouamama revendique, pour cette future structure, une complémentarité avec les instances religieuses existantes, notamment le Conseil français du culte musulman (CFCM), dans son dialogue avec l'Etat. Souhaitant limiter la reconnaissance accordée à des "mouvements intégristes", les pouvoirs publics se montrent régulièrement demandeurs d'interlocuteurs "musulmans non religieux", à l'image des responsables laïcs de la communauté juive, rassemblés au sein du CRIF. Ces derniers voient d'ailleurs d'un bon oeil l'émergence d'un alter ego musulman.
"Je veux donner la possibilité à une majorité silencieuse de musulmans laïcs de s'exprimer", indique M. Bouamama. Par la rédaction d'une charte, il entend promouvoir un "respect scrupuleux des lois de la République et souhaite privilégier des actions de proximité", notamment sur l'éducation et le logement, en s'appuyant sur le tissu associatif de la région PACA. Si elle n'affiche pas de dimension politique, cette Fédération entend favoriser l'intégration des musulmans de France, encore "trop liés" selon M. Bouamama à leurs pays d'origine, Maroc et Algérie, principalement.
Pour le financement, M. Bouamama est en contact avec des mécènes arabo-musulmans. Une charte sera signée avec ces donateurs étrangers qui n'auront aucun droit d'ingérence. Un représentant de l'Etat français sera chargé de vérifier la transparence et l'origine des fonds, ajoute-t-il.
Localement, ce "CRIF musulman" bénéficie du soutien du vice-président du CRCM, Conseil régional du culte musulman, Abderrahman Ghoul : "Je suis favorable à cette institution culturelle dans laquelle souhaitent se rassembler depuis 2003 les musulmans laïcs. Elle permettra de structurer culturellement la communauté musulmane." Un soutien que l'on ne retrouve pas au niveau national, exception faite de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, liée à l'Algérie.
L'industriel est conscient que son projet risque de heurter une partie des musulmans, attachés à une représentation strictement religieuse, et de susciter les critiques de ceux qui voient dans ce type de structure un risque accru de communautarisme.
Les divers projets similaires lancés depuis 2003 se sont enlisés, minés par les divisions au sein de la communauté musulmane. Les divergences de vue entre les responsables musulmans d'origine algérienne, d'autant plus favorables à ce type d'instance qu'ils ont perdu en juin 2008 la mainmise sur la représentation religieuse nationale, et ceux d'origine marocaine, qui s'y montrent plutôt hostiles, pourraient compliquer le montage de ce nouveau projet.
Paul Barelli (Nice, correspondant) et Stéphanie Le Bars