Jean-Pierre Mustier n'était pas réapparu en public depuis le procès de l'ex-trader. Lors d'un colloque à l'Ecole des mines, ce haut dirigeant de la Société Générale, aujourd'hui chez Unicredit a stupéfait son auditoire en s'abstenant de toute langue de bois sur la gravité de la crise financière.
Cétait une première pour lEcole des Mines : une journée consacrée à des débats sur linnovation financière responsable. La troisième table ronde, en ce début daprès-midi du 30 novembre, portait sur les rémunérations et les bonus dans les banques. A 14 heures, lauditoire sendormait un peu alors que Pascal Canfin (député européen) et Nicolas Veyron (économiste) parlaient de régulation. Puis, Jean-Pierre Mustier prit la parole et ce fut comme un coup de tonnerre dans un ciel dété : les quatre-vingt personnes présentes ont levé la tête et tendu loreille.
Jusque-là, le banquier, ex-patron de Jérôme Kerviel à la Société Générale, sétait contenté de pianoter sur son Blackberry et de revoir sur sa tablette les grandes lignes de son exposé. A peine avait-il maugréé un chiffre lorsque Pascal Canfin avait évoqué lexposition de la Société Générale à feu lassureur AIG : 25 milliards deuros avait dit le député "Non,8" avait corrigé Mustier sans lever la tête. "Non, 25", "Non, 8". Léchange sétait arrêté là.
"Notre monde pourrait disparaître"
Mais pour faire son exposé, cet homme, pourtant glacial et discret, sest déployé comme un aigle, faisant de grands gestes avec ses bras pour appuyer ses propos. Le public était dautant plus attentif, que, depuis le procès Kerviel, ce banquier à lair rogue nétait pas réapparu en public. "Il faudrait peut-être parler des vrais sujets, lance-t-il en anglais, langue obligatoire de la journée. Les bonus, cest bien gentil, mais je crois que vous ne vous rendez pas compte que dici deux jours, ou une semaine, notre monde pourrait disparaître. Cest Armageddon".
Autrement dit, la bataille finale quil ne faut pas perdre, sous peine de perdre la guerre. Pas encore la fin du monde donc, mais plus très loin. "Nous sommes tout prês dune grande révolution sociale", lance encore celui qui est devenu en 2011 patron de lactivité de Banque de Financement et dInvestissement (BFI) dUnicredit, banque italienne qui a annoncé 10 milliards deuros de pertes pour le seul troisième trimestre.
"Les banques ont dégagé des taux de rentabilité trop importants"
La responsabilité de la catastrophe incombe dabord aux Etats, qui se sont surendettés et ont manqué totalement de discipline. Puis ensuite aux régulateurs, qui prennent de mauvaises décisions et ne font quaggraver la situation. Et aussi, aux banques, reconnaît Mustier: "Jai discuté récemment avec Michael Milken qui est un très brillant esprit, même sil na pas fait que des choses bien." Milken est linventeur des Junk Bonds, qui fut condamné à dix ans de prison et en fit deux. "Il ma rappelé que la formule la plus importante dAlbert Einstein nétait pas e=mc2 mais celle des intérêts composés".
Cétait une première pour lEcole des Mines : une journée consacrée à des débats sur linnovation financière responsable. La troisième table ronde, en ce début daprès-midi du 30 novembre, portait sur les rémunérations et les bonus dans les banques. A 14 heures, lauditoire sendormait un peu alors que Pascal Canfin (député européen) et Nicolas Veyron (économiste) parlaient de régulation. Puis, Jean-Pierre Mustier prit la parole et ce fut comme un coup de tonnerre dans un ciel dété : les quatre-vingt personnes présentes ont levé la tête et tendu loreille.
Jusque-là, le banquier, ex-patron de Jérôme Kerviel à la Société Générale, sétait contenté de pianoter sur son Blackberry et de revoir sur sa tablette les grandes lignes de son exposé. A peine avait-il maugréé un chiffre lorsque Pascal Canfin avait évoqué lexposition de la Société Générale à feu lassureur AIG : 25 milliards deuros avait dit le député "Non,8" avait corrigé Mustier sans lever la tête. "Non, 25", "Non, 8". Léchange sétait arrêté là.
"Notre monde pourrait disparaître"
Mais pour faire son exposé, cet homme, pourtant glacial et discret, sest déployé comme un aigle, faisant de grands gestes avec ses bras pour appuyer ses propos. Le public était dautant plus attentif, que, depuis le procès Kerviel, ce banquier à lair rogue nétait pas réapparu en public. "Il faudrait peut-être parler des vrais sujets, lance-t-il en anglais, langue obligatoire de la journée. Les bonus, cest bien gentil, mais je crois que vous ne vous rendez pas compte que dici deux jours, ou une semaine, notre monde pourrait disparaître. Cest Armageddon".
Autrement dit, la bataille finale quil ne faut pas perdre, sous peine de perdre la guerre. Pas encore la fin du monde donc, mais plus très loin. "Nous sommes tout prês dune grande révolution sociale", lance encore celui qui est devenu en 2011 patron de lactivité de Banque de Financement et dInvestissement (BFI) dUnicredit, banque italienne qui a annoncé 10 milliards deuros de pertes pour le seul troisième trimestre.
"Les banques ont dégagé des taux de rentabilité trop importants"
La responsabilité de la catastrophe incombe dabord aux Etats, qui se sont surendettés et ont manqué totalement de discipline. Puis ensuite aux régulateurs, qui prennent de mauvaises décisions et ne font quaggraver la situation. Et aussi, aux banques, reconnaît Mustier: "Jai discuté récemment avec Michael Milken qui est un très brillant esprit, même sil na pas fait que des choses bien." Milken est linventeur des Junk Bonds, qui fut condamné à dix ans de prison et en fit deux. "Il ma rappelé que la formule la plus importante dAlbert Einstein nétait pas e=mc2 mais celle des intérêts composés".