Le chaud et le froid, mais bien plus de froid que de chaud… Depuis février dernier, les relations entre la France et le Maroc battent de l’aile, et rien ne semble devoir aplanir les différends, qui augmentent et s’aggravent.
Dernier épisode en date : la sortie remarquée du ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad contre le classement du Maroc parmi les pays à risques par le ministère français des Affaires étrangères, suite à l’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel en Algérie, le 24 septembre dernier. Hassad, très énervé, déclare à nos confrères de l’Economiste, que la France s’est complètement fourvoyée en appelant ses ressortissants à faire montre de vigilance sur nos terres.
Mohamed Hassad se lâche…
Hassad ne se contente pas de dénoncer l’attitude française mais, piqué au vif par ce qu’il doit considérer comme une forme de condescendance de la France à l’égard du Maroc, attaque bille en tête. « Nous sommes mieux que plusieurs pays européens, y compris la France. Les loupés, c’est en France qu’on les trouve », assène-t-il, rappelant le cas de ce Marocain marié à une Française, mis sous surveillance en France, mais qui est parvenu à s’en échapper pour venir au Maroc en compagnie de ses deux fillettes, préparant son voyage pour le Moyen-Orient ; Hassad rappelle que c’est la France qui l’a laissé partir, mais que c’est au Maroc qu’il a été appréhendé !
Le ministre de l’Intérieur, par oubli ou par gentillesse, n’a pas évoqué l’incroyable cafouillage en France, quand trois djihadistes étaient revenus en France voici quelques semaines, ont passé les contrôles de police aux frontières, puis se sont évaporés, avant de se constituer eux-mêmes prisonniers… la police de France et de Navarre était devenue la risée, inquiète et nerveuse, du monde en général, et de sa propre population en particulier…
Pour preuve de ses propos, Hassad indique, avec une ironie perfide, que les Français eux-mêmes font peu de cas des conseils de vigilance de leur ministère, eux qui sont venus au Maroc en septembre, plus nombreux qu’au cours du même mois en 2013. Le ministre de l’Intérieur demande donc à réparer cette injustice, cette erreur devrait-il dire… et rappelle que le président François Hollande, lui-même, en marge de l’inauguration de l’exposition Maroc contemporain à Paris, avait admis qu’ « il n’y a aucun danger à se rendre au Maroc, que deux millions de Français vont au Maroc chaque année et que 80.000 l’ont choisi comme terre de résidence
… et fait écho à Mezouar
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar avait franchi un pas supplémentaire dans l’escalade verbale et diplomatique, accusant la France de se comporter comme une puissance animée par une nostalgie coloniale. Très peu diplomatique pour un chef de la diplomatie,
mais la sortie de Hassad, bien plus sérieux, montre que les choses, malgré ce qu’on dit ici et là, sont loin de se clamer.
La France d’en haut veut apaiser
Et pourtant, avant les propos de Hollande, c’était le Premier ministre Manuel Valls qui avait affirmé, lors de sa visite à l’ambassade du Maroc à Paris à l’occasion de la fête du Trône, que « il nous faut, grâce au dialogue, à la confiance mutuelle, à la qualité et à la force de nos liens, mettre derrière nous cette période (…).Nous avons en effet décidé d’avancer ensemble. Et je vous serais reconnaissant, monsieur l’Ambassadeur, de rapporter à votre gouvernement la volonté du président de la République, de moi-même et de l’ensemble des autorités françaises, de clore cet épisode, en apportant les légitimes réponses à vos préoccupations (…). Nous pouvons – et nous devons – reprendre le cours de notre coopération et de notre partenariat d’exception« Les légitimes réponses à vos préoccupations »… La phrase est passée inaperçue mais évoque le cœur du problème. En effet, la brouille de février, devenue différend en avril pour devenir une véritable froideur plus tard, vient de la descente musclée de policiers français, en février, à la résidence de l’ambassadeur Benmoussa, pour lui remettre une convocation au nom d’Abdellatif Hammouchi, directeur de la DST, aux fins de répondre de plaintes de tortures (Hammouchi vient d’ailleurs d’être décoré par l’Espagne, de la croix honorifique du mérite policier, avec distinction rouge, pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme). Le Maroc avait en conséquence suspendu la coopération, et les conventions, judiciaires liant les deux pays, et a demandé à les réviser en supprimant toute possibilité de convoquer des hauts responsables d’un pays par la justice de l’autre. Mais une telle démarche pourrait être rejetée par la majorité socialiste à l’Assemblée nationale, une majorité frondeuse, faut-il rappeler…
Le Maroc d’en haut campe sur ses positions
On se rappelle du discours rugueux adressé par Mohammed VI à la communauté internationale en septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations-Unis à New York ; le roi avait eu des mots très durs à l’encontre des colonisateurs, ces gens qui ont pillé, tué, ruiné, qui se sont enrichis et qui donnent aujourd’hui des leçons à leurs anciennes possessions coloniales.
On se rappelle aussi le discours royal d’Abidjan, en février dernier, quand Mohammed VI disait, à un auditoire essentiellement francophone, donc anciennement colonisé par la France : « L’Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n’est plus un continent colonisé (…), une Afrique dynamique et développée. Ce n’est pas un simple rêve pour demain. Cela peut être une réalité d’aujourd’hui, mais à la condition d’agirEt pour agir, le Maroc agit ; le bras de fer a encore de beaux jours devant lui, semblerait-il, donc…
http://www.panorapost.com/que-se-passe-t-il-au-juste-entre-rabat-et-paris/
Dernier épisode en date : la sortie remarquée du ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad contre le classement du Maroc parmi les pays à risques par le ministère français des Affaires étrangères, suite à l’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel en Algérie, le 24 septembre dernier. Hassad, très énervé, déclare à nos confrères de l’Economiste, que la France s’est complètement fourvoyée en appelant ses ressortissants à faire montre de vigilance sur nos terres.
Mohamed Hassad se lâche…
Hassad ne se contente pas de dénoncer l’attitude française mais, piqué au vif par ce qu’il doit considérer comme une forme de condescendance de la France à l’égard du Maroc, attaque bille en tête. « Nous sommes mieux que plusieurs pays européens, y compris la France. Les loupés, c’est en France qu’on les trouve », assène-t-il, rappelant le cas de ce Marocain marié à une Française, mis sous surveillance en France, mais qui est parvenu à s’en échapper pour venir au Maroc en compagnie de ses deux fillettes, préparant son voyage pour le Moyen-Orient ; Hassad rappelle que c’est la France qui l’a laissé partir, mais que c’est au Maroc qu’il a été appréhendé !
Le ministre de l’Intérieur, par oubli ou par gentillesse, n’a pas évoqué l’incroyable cafouillage en France, quand trois djihadistes étaient revenus en France voici quelques semaines, ont passé les contrôles de police aux frontières, puis se sont évaporés, avant de se constituer eux-mêmes prisonniers… la police de France et de Navarre était devenue la risée, inquiète et nerveuse, du monde en général, et de sa propre population en particulier…
Pour preuve de ses propos, Hassad indique, avec une ironie perfide, que les Français eux-mêmes font peu de cas des conseils de vigilance de leur ministère, eux qui sont venus au Maroc en septembre, plus nombreux qu’au cours du même mois en 2013. Le ministre de l’Intérieur demande donc à réparer cette injustice, cette erreur devrait-il dire… et rappelle que le président François Hollande, lui-même, en marge de l’inauguration de l’exposition Maroc contemporain à Paris, avait admis qu’ « il n’y a aucun danger à se rendre au Maroc, que deux millions de Français vont au Maroc chaque année et que 80.000 l’ont choisi comme terre de résidence
… et fait écho à Mezouar
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar avait franchi un pas supplémentaire dans l’escalade verbale et diplomatique, accusant la France de se comporter comme une puissance animée par une nostalgie coloniale. Très peu diplomatique pour un chef de la diplomatie,
mais la sortie de Hassad, bien plus sérieux, montre que les choses, malgré ce qu’on dit ici et là, sont loin de se clamer.
La France d’en haut veut apaiser
Et pourtant, avant les propos de Hollande, c’était le Premier ministre Manuel Valls qui avait affirmé, lors de sa visite à l’ambassade du Maroc à Paris à l’occasion de la fête du Trône, que « il nous faut, grâce au dialogue, à la confiance mutuelle, à la qualité et à la force de nos liens, mettre derrière nous cette période (…).Nous avons en effet décidé d’avancer ensemble. Et je vous serais reconnaissant, monsieur l’Ambassadeur, de rapporter à votre gouvernement la volonté du président de la République, de moi-même et de l’ensemble des autorités françaises, de clore cet épisode, en apportant les légitimes réponses à vos préoccupations (…). Nous pouvons – et nous devons – reprendre le cours de notre coopération et de notre partenariat d’exception« Les légitimes réponses à vos préoccupations »… La phrase est passée inaperçue mais évoque le cœur du problème. En effet, la brouille de février, devenue différend en avril pour devenir une véritable froideur plus tard, vient de la descente musclée de policiers français, en février, à la résidence de l’ambassadeur Benmoussa, pour lui remettre une convocation au nom d’Abdellatif Hammouchi, directeur de la DST, aux fins de répondre de plaintes de tortures (Hammouchi vient d’ailleurs d’être décoré par l’Espagne, de la croix honorifique du mérite policier, avec distinction rouge, pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme). Le Maroc avait en conséquence suspendu la coopération, et les conventions, judiciaires liant les deux pays, et a demandé à les réviser en supprimant toute possibilité de convoquer des hauts responsables d’un pays par la justice de l’autre. Mais une telle démarche pourrait être rejetée par la majorité socialiste à l’Assemblée nationale, une majorité frondeuse, faut-il rappeler…
Le Maroc d’en haut campe sur ses positions
On se rappelle du discours rugueux adressé par Mohammed VI à la communauté internationale en septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations-Unis à New York ; le roi avait eu des mots très durs à l’encontre des colonisateurs, ces gens qui ont pillé, tué, ruiné, qui se sont enrichis et qui donnent aujourd’hui des leçons à leurs anciennes possessions coloniales.
On se rappelle aussi le discours royal d’Abidjan, en février dernier, quand Mohammed VI disait, à un auditoire essentiellement francophone, donc anciennement colonisé par la France : « L’Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n’est plus un continent colonisé (…), une Afrique dynamique et développée. Ce n’est pas un simple rêve pour demain. Cela peut être une réalité d’aujourd’hui, mais à la condition d’agirEt pour agir, le Maroc agit ; le bras de fer a encore de beaux jours devant lui, semblerait-il, donc…
http://www.panorapost.com/que-se-passe-t-il-au-juste-entre-rabat-et-paris/