CatZeyes
No Ordinary Love
Tel-Aviv sait qu'il peut compter sur Obama. Mais il faudra attendre le résultat des législatives israéliennes pour avoir des réponses précises quant aux relations entre les deux pays, estime le Jerusalem Post.
La une de The Jerusalem Post du 7 novembre 2008 et presque entièrement été consacrée à Obama
C'était le grand slogan de la campagne de Barack Obama, un slogan qui ne disait rien mais voulait tout dire : "Yes, we can". Aujourd'hui que l'élection est passée et que la longue et difficile campagne a pris fin, des millions de personnes, aux Etats-Unis et partout dans le monde, se demandent : "Pouvons-nous vraiment ?" ou, plus précisément, "Peut-il ?". Peut-il vraiment, comme il l'a promis, changer le système, remettre le monde sur pied et transformer la façon d'agir à Washington ? Israël est l'un des endroits dans le monde où cette question se pose avec un intérêt et une inquiétude particuliers, pour la simple raison que notre destinée et celle des Etats-Unis sont très étroitement liées. Ici, responsables gouvernementaux et Israéliens lambda se posent tous, chacun à sa façon, la même question : pouvons-nous compter sur Obama ? En d'autres termes et en premier lieu, pouvons-nous compter sur les Etats-Unis pour maintenir le même niveau de soutien et d'aide ?
Oui, nous le pouvons [Yes, we can]. Même si, selon le pire et le plus inimaginable des scénarios, Obama voulait modifier profondément les rapports israélo-américains, il n'est guère probable qu'il y parvienne. Pour Eran Lerman, directeur de l'antenne Israël et Moyen-Orient de l'American Jewish Committee, ce qu'Obama souhaite vraiment, c'est modifier en profondeur les Etats-Unis, réformer le pays. Pour ce faire, il va avoir besoin de chercher des soutiens au Congrès et de bâtir des coalitions. Or la constitution de coalitions à Washington est bénéfique pour Israël, car Tel-Aviv compte à Capitol Hill de nombreux amis qui ont de la suite dans les idées.
Pouvons-nous compter sur le gouvernement Obama pour faire front avec nous en ces temps difficiles ? Oui, nous le pouvons. A moins, bien sûr, que nous élisions un gouvernement d'extrême droite qui, sans la moindre provocation, déclenche une guerre contre tout le monde arabe. Pouvons-nous survoler l'espace aérien irakien pour aller frapper les installations nucléaires iraniennes ? Non, nous ne le pouvons pas. Pouvons-nous demander aux Etats-Unis de regarder ailleurs pendant que nos avions rejoignent l'Iran par un autre chemin ? Non, nous ne le pouvons pas. Pouvons-nous attendre des Etats-Unis qu'ils fassent le boulot pour nous en Iran ? Non, nous ne le pouvons pas.
Pouvons-nous compter sur les systèmes d'alerte avancée américains pour nous prévenir en cas de lancement de missiles iraniens ? Oui, nous le pouvons. D'ailleurs, ils existent déjà. Mais nous pouvons aussi faire confiance aux 120 militaires américains qui font fonctionner ces systèmes pour garder l'œil sur notre propre aviation afin d'éviter toute surprise.
Pouvons-nous nous attendre à ce que les Etats-Unis négocient avec l'Iran sans conditions préalables ? Oui, nous pouvons, et cela ne va pas nous plaire. D'ailleurs, les premières manifestations publiques de mécontentement à ce sujet sont apparues. Ce jeudi 6 novembre, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni a clairement fait comprendre qu'Israël était opposé pour l'heure à l'instauration de ce dialogue direct. Elle a déclaré sur Israel Radio que la disposition affichée d'Obama à entamer le dialogue avec l'Iran était potentiellement nuisible aux efforts faits pour convaincre Téhéran de revenir sur son programme nucléaire.
Pouvons-nous compter sur les Etats-Unis pour qu'ils poursuivent leurs efforts afin d'imposer des sanctions à l'Iran ? Oui, nous le pouvons : certains assurent même que la menace de sanctions sera bien plus efficace si c'est Obama lui-même (et non Bush) qui la brandit.
Pouvons-nous espérer la même tolérance si Israël continue à traîner les pieds dans le démantèlement de colonies afin d'éviter la confrontation avec les colons d'extrême droite ? Non, nous ne le pouvons pas. Il est peu probable que le nouveau gouvernement américain se montre aussi patient et modéré face à l'incapacité d'Israël à respecter les promesses qu'elle a faites aux Américains.
Pouvons-nous nous attendre à ce qu'Obama s'engage dès le début de son mandat sur la question du processus de paix israélo-palestinien ? Oui… et non. Le nouveau président américain mettra en place une équipe chargée du Moyen-Orient vraisemblablement assez vite, mais il est peu probable qu'il ait beaucoup à faire avant la fin du printemps ou le début de l'été, essentiellement parce qu'il devra attendre de connaître l'issue des élections israéliennes.
Amir Mizroch et Herb Keinon
Jerusalem Post
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=91387
La une de The Jerusalem Post du 7 novembre 2008 et presque entièrement été consacrée à Obama
C'était le grand slogan de la campagne de Barack Obama, un slogan qui ne disait rien mais voulait tout dire : "Yes, we can". Aujourd'hui que l'élection est passée et que la longue et difficile campagne a pris fin, des millions de personnes, aux Etats-Unis et partout dans le monde, se demandent : "Pouvons-nous vraiment ?" ou, plus précisément, "Peut-il ?". Peut-il vraiment, comme il l'a promis, changer le système, remettre le monde sur pied et transformer la façon d'agir à Washington ? Israël est l'un des endroits dans le monde où cette question se pose avec un intérêt et une inquiétude particuliers, pour la simple raison que notre destinée et celle des Etats-Unis sont très étroitement liées. Ici, responsables gouvernementaux et Israéliens lambda se posent tous, chacun à sa façon, la même question : pouvons-nous compter sur Obama ? En d'autres termes et en premier lieu, pouvons-nous compter sur les Etats-Unis pour maintenir le même niveau de soutien et d'aide ?
Oui, nous le pouvons [Yes, we can]. Même si, selon le pire et le plus inimaginable des scénarios, Obama voulait modifier profondément les rapports israélo-américains, il n'est guère probable qu'il y parvienne. Pour Eran Lerman, directeur de l'antenne Israël et Moyen-Orient de l'American Jewish Committee, ce qu'Obama souhaite vraiment, c'est modifier en profondeur les Etats-Unis, réformer le pays. Pour ce faire, il va avoir besoin de chercher des soutiens au Congrès et de bâtir des coalitions. Or la constitution de coalitions à Washington est bénéfique pour Israël, car Tel-Aviv compte à Capitol Hill de nombreux amis qui ont de la suite dans les idées.
Pouvons-nous compter sur le gouvernement Obama pour faire front avec nous en ces temps difficiles ? Oui, nous le pouvons. A moins, bien sûr, que nous élisions un gouvernement d'extrême droite qui, sans la moindre provocation, déclenche une guerre contre tout le monde arabe. Pouvons-nous survoler l'espace aérien irakien pour aller frapper les installations nucléaires iraniennes ? Non, nous ne le pouvons pas. Pouvons-nous demander aux Etats-Unis de regarder ailleurs pendant que nos avions rejoignent l'Iran par un autre chemin ? Non, nous ne le pouvons pas. Pouvons-nous attendre des Etats-Unis qu'ils fassent le boulot pour nous en Iran ? Non, nous ne le pouvons pas.
Pouvons-nous compter sur les systèmes d'alerte avancée américains pour nous prévenir en cas de lancement de missiles iraniens ? Oui, nous le pouvons. D'ailleurs, ils existent déjà. Mais nous pouvons aussi faire confiance aux 120 militaires américains qui font fonctionner ces systèmes pour garder l'œil sur notre propre aviation afin d'éviter toute surprise.
Pouvons-nous nous attendre à ce que les Etats-Unis négocient avec l'Iran sans conditions préalables ? Oui, nous pouvons, et cela ne va pas nous plaire. D'ailleurs, les premières manifestations publiques de mécontentement à ce sujet sont apparues. Ce jeudi 6 novembre, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni a clairement fait comprendre qu'Israël était opposé pour l'heure à l'instauration de ce dialogue direct. Elle a déclaré sur Israel Radio que la disposition affichée d'Obama à entamer le dialogue avec l'Iran était potentiellement nuisible aux efforts faits pour convaincre Téhéran de revenir sur son programme nucléaire.
Pouvons-nous compter sur les Etats-Unis pour qu'ils poursuivent leurs efforts afin d'imposer des sanctions à l'Iran ? Oui, nous le pouvons : certains assurent même que la menace de sanctions sera bien plus efficace si c'est Obama lui-même (et non Bush) qui la brandit.
Pouvons-nous espérer la même tolérance si Israël continue à traîner les pieds dans le démantèlement de colonies afin d'éviter la confrontation avec les colons d'extrême droite ? Non, nous ne le pouvons pas. Il est peu probable que le nouveau gouvernement américain se montre aussi patient et modéré face à l'incapacité d'Israël à respecter les promesses qu'elle a faites aux Américains.
Pouvons-nous nous attendre à ce qu'Obama s'engage dès le début de son mandat sur la question du processus de paix israélo-palestinien ? Oui… et non. Le nouveau président américain mettra en place une équipe chargée du Moyen-Orient vraisemblablement assez vite, mais il est peu probable qu'il ait beaucoup à faire avant la fin du printemps ou le début de l'été, essentiellement parce qu'il devra attendre de connaître l'issue des élections israéliennes.
Amir Mizroch et Herb Keinon
Jerusalem Post
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=91387