Questions aux linguistes

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Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
Je ne sais pas s’il y a des linguistes ici ou pas, en tous cas je tente. Certains mots me tracassent, je voudrais autant que possible éviter d’en faire des usages qui risqueraient d’induire en erreur.

Je pensais que le concept de signifiant pouvait s’appliquer à un mot, par exemple simplement dire qu’un mot (ex. une entrée dans un dictionnaire) est un signifiant. Mais d’après un site que je lis (*), l’idée de signifiant s’applique plutôt à des unités plus larges, comme une phrase toute entière, je ne me doutais pas de ça. Est‑il correcte ou pas de quand‑même parler d’un mot comme d’un signifiant ? Ça s’applique quand‑même aux petites unités ? Il existe le mot lexème, mais je le trouve trop intimidant. Ce que j’aime avec le mot signifiant, c’est qu’il est évocateur, contrairement à lexème qui a tout de suite l’air plus technique et moins immédiatement compréhensible. Qu’en penser ?

Concernant le mot sème, je me demande s’il est correcte de l’utiliser pour parler des éléments constituant une définition. Je peux parler de la définition d’un mot comme d’une liste de sèmes ? Ce n’est pas trompeur, ce serait un usage correcte ? J’appellerais le mot, le signifiant et son signifié ou sa définition, serait présentée comme étant une liste de sèmes, ces derniers pouvant eux‑même renvoyer à des signifiants. Ça resterait assez fidèle à l’esprit de ces mots ou ça peut aboutir à des incompréhensions ?

Une configuration sémantique, c’est la même chose qu’un contexte d’interprétation ?



(*) Cette page Glossaire de Linguistique Computationnelle — lettre S (ldelafosse.pagesperso-orange.fr).
 
Ça m’a lair de coller. Je viens de lire ceci ailleurs (*) : « le sémème est le signifié d’un morphème ». La phrase me semble juste parler de morphème comme d’autres parleraient de lexème. Comme la page liée plus haut dit qu’un sémème est un faisceau de traits et donne comme exemple une liste composée de sèmes, je crois que ça colle et que c’est assez correcte de dire qu’une définition est un ensemble de sèmes. Pour le fait de parler de signifiant pour un mot, je crois que je m’inquiète pour rien et que c’est correcte, vu qu’on peut parler de sémantique pour une phrase et un texte, mais autant pour un mot, toujours d’après la même page.

S’il y a d’autres avis, ne pas se priver pour autant …

(*) Cette page : La sémantique interprétative (signosemio.com).
 
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Hibou57,
L’analyse sémique doit être jugée en fonction de ses objectifs et non de ceux de la grammaire générative, qui lui sont étrangers. Notamment le processus d’insertion des « items lexicaux » est discutable dans son principe même, quelle que soit la profondeur où on le situe . Les items lexicaux ne sont pas des pierres de taille qu’il suffirait d’empiler pour construire une église. Les règles syntaxiques profondes ne leur préexistent pas. D’ailleurs, ils sont eux-mêmes structurés par des relations microsémantiques du même type que celles que l’on identifie en syntaxe phrastique, voire en analyse textuelle. L’analyse sémique permet justement, en formulant des règles d’isotopie, de penser ensemble syntaxe et lexique, au lieu de perpétuer, même par les règles d’insertion, la fiction de leur indépendance.
 
Hibou57,
L’analyse sémique doit être jugée en fonction de ses objectifs et non de ceux de la grammaire générative, qui lui sont étrangers. Notamment le processus d’insertion des « items lexicaux » est discutable dans son principe même, quelle que soit la profondeur où on le situe . Les items lexicaux ne sont pas des pierres de taille qu’il suffirait d’empiler pour construire une église. Les règles syntaxiques profondes ne leur préexistent pas. D’ailleurs, ils sont eux-mêmes structurés par des relations microsémantiques du même type que celles que l’on identifie en syntaxe phrastique, voire en analyse textuelle. L’analyse sémique permet justement, en formulant des règles d’isotopie, de penser ensemble syntaxe et lexique, au lieu de perpétuer, même par les règles d’insertion, la fiction de leur indépendance.
Ah oui, je n’ai pas précisé le contexte. Je cherchais seulement à donner à des choses, un nom approprié et évocateur. C’est pour un domaine qui ressemble beaucoup‑beaucoup à la sémantique, mais appliqué à des langages formels, pas à des langues naturelles. Justement à ce sujet et en marge, je me disais que je crois que ce qui caractérise les langages formels, c’est qu’ils n’ont pas de morphèmes, ils n’ont que des lexèmes (libres ou liés, ils ont quand‑même les deux). … quoique, mais bon, ce n’est pas la question.
 
Pour les gens du domaine : ça vous semble perturbant ou pas, l’idée qu’un sème puisse renvoyer à un sémème ? Et l’idée que ces deux là encore, apparaissent toujours associés à un contexte sans lequel ils ne peuvent pas avoir de sens concret, ça vous semble perturbant ou pas ?

— Édit — Zut, je crois que ça ne va pas, un sème dans un contexte, s’appel apparemment une actualisation, et ce mot n’est pas évocateur.
 
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Permettez-moi d'apporter quelques corrections à ça.
Le signifiant est avec le signifié les deux faces du signe linguistique chez Ferdinand de Saussure.

Le signifiant correspond à l'image acoustique du signe, alors que le signifié renvoie au "sens" du concept.

Le signifiant de "chaise" est la suite des sons qui le composent, plus précisément l'image mentale qu'on peut se faire de cette suite de sons, sans forcément la verbaliser. Le signifié de "chaise" est par contre le concept auquel le signifiant renvoie.
Le signifiant de chaise est ce qui est retranscrit ainsi en API (alphabet phonétique international) : \ʃɛz\.

Ensuite le sens du concept est décrit à travers l'analyse sémique ( c'est loin d'être la seule façon de le faire, il existe plusieurs autres théories, bien plus élaborées: sémantique du prototype, sémantique modale, théorie des blocs sémantiques, sémantique des possibles argumentatifs...).

La chose est simple. Le sens d'un mot est un ensemble de sèmes (plus petites unités de sens). C'est cet ensemble qu'on appelle sémème. Autrement dit, un sémème est un faisceau de sèmes.

La différence entre le sémème de "chaise" et celui de "tabouret" par exemple est que le sémème du premier contient un sème que le second n'a pas. Le sème en question est "ayant un dossier", alors que les deux ont en commun d'autres sèmes comme " ayant quatre pieds", "ayant une assise"...
On peut alors schématiser en disant que le sens de chaise = le sémème de tabouret + le sème "ayant un dossier".

C'est vulgairement le structuralisme en linguistique, où chaque signe se définit par rapport à ses voisins sémantiques.
 
Permettez-moi d'apporter quelques corrections à ça.
Le signifiant est avec le signifié les deux faces du signe linguistique chez Ferdinand de Saussure.

Le signifiant correspond à l'image acoustique du signe, alors que le signifié renvoie au "sens" du concept.

Le signifiant de "chaise" est la suite des sons qui le composent, plus précisément l'image mentale qu'on peut se faire de cette suite de sons, sans forcément la verbaliser. Le signifié de "chaise" est par contre le concept auquel le signifiant renvoie.
Le signifiant de chaise est ce qui est retranscrit ainsi en API (alphabet phonétique international) : \ʃɛz\.

Ensuite le sens du concept est décrit à travers l'analyse sémique ( c'est loin d'être la seule façon de le faire, il existe plusieurs autres théories, bien plus élaborées: sémantique du prototype, sémantique modale, théorie des blocs sémantiques, sémantique des possibles argumentatifs...).

La chose est simple. Le sens d'un mot est un ensemble de sèmes (plus petites unités de sens). C'est cet ensemble qu'on appelle sémème. Autrement dit, un sémème est un faisceau de sèmes.

La différence entre le sémème de "chaise" et celui de "tabouret" par exemple est que le sémème du premier contient un sème que le second n'a pas. Le sème en question est "ayant un dossier", alors que les deux ont en commun d'autres sèmes comme " ayant quatre pieds", "ayant une assise"...
On peut alors schématiser en disant que le sens de chaise = le sémème de tabouret + le sème "ayant un dossier".

C'est vulgairement le structuralisme en linguistique, où chaque signe se définit par rapport à ses voisins sémantiques.
Je n’avais pas vu ta réponse, désolé de l’avoir lu si tardivement.

Oui, ça correspond bien à ce que j’en comprends, alors ça doit aller. Il y a juste une différence, c’est que c’est à propos de quelque chose où les sèmes n’ont de sens que étant donné un contexte, et sans ce contexte, ils sont juste des symboles ou des écritures vides de sens effectif mais avec un sens potentiel quand‑même.

Je suis revenu sur ce topic parce que je me pose encore une question de vocabulaire. Je me demande s’il est correcte de dire qu’une définition est une règle qui est potentiellement sous des hypothèses. Pour le dire peut‑être plus clairement, une règle serait plus immédiatement concrète qu’une définition qui serait sous réserves. J’ai besoin de pouvoir faire cette distinction, mais je me demande si faire porter cette distinction par les mots règle et définition, est correcte ou s’il est trompeur. Ou peut‑être que ce serait plus correcte en permutant ces deux mots ? En même temps ce choix m’ennuie dans les deux cas, parce que ce qui serait appelé règle, je préférerais l’appeler définition, parce que sémantiquement ça colle mieux, mais alors je n’aurais pas de mot pour dire une définition sous hypothèses. À moins qu’il n’existe un mot que je ne connais pas ? À moins que le mot concept ne convienne bien pour dire une définition hypothétique ? Ça me semble pouvoir coller, mais je n’arrive pas à être sûr.

Bien nommer les concepts, ce n’est que des tracasseries… surtout quand c’est dans un cadre bien précis.
 
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