Bonjour 
J’ai lu la tragédie de Sophocle, Oedipe roi (souvent considérée comme l’exemple par excellence du genre).
C’est une pièce intéressante philosophiquement et anthropologiquement. Elle soulève des questions, surtout pour un lecteur moderne.
Par exemple il faut bien souligner, contre Freud, que Oedipe n’avait pas le « complexe d’Oedipe ». Il ne voulait pas de toute évidence tuer son père et épouser sa mère. Il voulait même absolument l’éviter, et c’est la raison pour laquelle il a fui la demeure de ses parents adoptifs (qu’il croyait être ses parents biologiques). Est-ce qu’on va reprocher à Oedipe d’avoir commis des crimes qu’il a tout fait pour éviter, compte tenu de son ignorance?
C’est d’ailleurs la principale bizarrerie de la pièce : Oedipe se sent coupable pour des crimes qu’il n’a pas commis intentionnellement. Il ne l’a « pas fait exprès » pour parler comme les enfants. L’époque de Sophocle avait une perception bien différente de la faute, en particulier ce qui relevait de la transgression de tabous (parricide, inceste). Apparemment, la culpabilité découlait automatiquement de l’acte dans sa matérialité, sans considérations pour les motifs ou ce que l’auteur de l’acte pouvait ignorer. Dans la modernité, on en est plus là. D’un autre côté, est-on si différent? Mettez-vous à la place d’Oedipe : même en sachant qu’il n’a pas commis ses crimes intentionnellement, ce genre de faute est tellement hideux que n’importe qui avec une conscience se sentirait très coupable... malgré l’irrationalité (considérée abstraitement) de ce sentiment. La conscience morale est donc pas toujours « logique ».
Oedipe est néanmoins coupable réellement d’avoir tué Laïos, de façon tout à fait injustifiée, simplement dans un accès de colère (qu’importe qu’il ait cru que ce n’était pas son père). C’est bien là son véritable crime.
Dans un autre ordre d’idées, si Oedipe avait vraiment eu des filles et des fils de sa propre mère, ils seraient lourdement handicapés, et cela aurait pu soulever des interrogations.
L’autre chose est qu’il me paraît peu plausible qu’une femme qui sans doute avait plus de 40 ans accouche coup sur coup de quatre enfants. C’est pas absolument impossible, mais c’est peu crédible.
@ienouchka
J’ai lu la tragédie de Sophocle, Oedipe roi (souvent considérée comme l’exemple par excellence du genre).
C’est une pièce intéressante philosophiquement et anthropologiquement. Elle soulève des questions, surtout pour un lecteur moderne.
Par exemple il faut bien souligner, contre Freud, que Oedipe n’avait pas le « complexe d’Oedipe ». Il ne voulait pas de toute évidence tuer son père et épouser sa mère. Il voulait même absolument l’éviter, et c’est la raison pour laquelle il a fui la demeure de ses parents adoptifs (qu’il croyait être ses parents biologiques). Est-ce qu’on va reprocher à Oedipe d’avoir commis des crimes qu’il a tout fait pour éviter, compte tenu de son ignorance?
C’est d’ailleurs la principale bizarrerie de la pièce : Oedipe se sent coupable pour des crimes qu’il n’a pas commis intentionnellement. Il ne l’a « pas fait exprès » pour parler comme les enfants. L’époque de Sophocle avait une perception bien différente de la faute, en particulier ce qui relevait de la transgression de tabous (parricide, inceste). Apparemment, la culpabilité découlait automatiquement de l’acte dans sa matérialité, sans considérations pour les motifs ou ce que l’auteur de l’acte pouvait ignorer. Dans la modernité, on en est plus là. D’un autre côté, est-on si différent? Mettez-vous à la place d’Oedipe : même en sachant qu’il n’a pas commis ses crimes intentionnellement, ce genre de faute est tellement hideux que n’importe qui avec une conscience se sentirait très coupable... malgré l’irrationalité (considérée abstraitement) de ce sentiment. La conscience morale est donc pas toujours « logique ».
Oedipe est néanmoins coupable réellement d’avoir tué Laïos, de façon tout à fait injustifiée, simplement dans un accès de colère (qu’importe qu’il ait cru que ce n’était pas son père). C’est bien là son véritable crime.
Dans un autre ordre d’idées, si Oedipe avait vraiment eu des filles et des fils de sa propre mère, ils seraient lourdement handicapés, et cela aurait pu soulever des interrogations.
L’autre chose est qu’il me paraît peu plausible qu’une femme qui sans doute avait plus de 40 ans accouche coup sur coup de quatre enfants. C’est pas absolument impossible, mais c’est peu crédible.
@ienouchka