Qu’importe le nombre d’itérations de l’expérience, seule la forme du récit change et aucune ne déroge à la règle « contexte, élément perturbateur, péripéties, dénouement ».
Or lorsque l’on suit l’Histoire de Moïse dans le Coran, la narration de son Histoire ne rentre absolument pas dans ce schéma (humain). L’Histoire de Moïse s’entrecroise avec les Histoires des autres prophètes, son récit n’est pas donné en un seul bloc mais petit à petit, parfois pour l’exemple, parfois pour l’instruction des croyants, parfois pour interpeller les gens du Livre. Le lecteur devra faire un travail d’assemblage rigoureux pour synthétiser l’Histoire coranique de Moïse en un chapitre condensé. Le but n’est pas ici de cerner la raison d’un tel schéma de narration mais de mettre en évidence le fait que ce schéma est unique en son genre : le Coran est en effet le seul Livre au monde à narrer l’Histoire de Moïse sans passer par une structure de type « contexte, élément perturbateur, péripéties, dénouement ».
Cet argument ne serait pas convaincant si seule l’Histoire de Moïse était sujette à ce phénomène, mais il se trouve que la totalité des sujets abordés par le Coran échappe à ce schéma narratif humain.
Outre la narration en elle-même, l’organisation thématique du texte défie toute comparaison avec les œuvres humaines. En effet, tout auteur, quelque soit le thème du livre, tendra inévitablement vers une structuration humainement logique des idées. En d’autres termes, il réunira toutes les idées liées entre elles via une organisation en chapitre ou en paragraphes. Par exemple, un historien découpera son livre d’Histoire en périodes, dans un ordre de préférence chronologique, allant de la préhistoire à l’époque contemporaine en se gardant bien d’inclure, par exemple, des évènements de la seconde guerre mondiale dans le chapitre du Moyen-âge. Or dans le Coran, ce rassemblement traditionnel des idées n’existe pas, il y’a certes des sourates qui portent une attention particulière à certains sujets comme la sourate an-nisa par exemple qui accorde une place notable aux femmes, mais quel humain aurait eu l’idée d’inclure un passage de l’Histoire de Moïse dans un « chapitre » nommé « Les femmes » ? L’Auteur du Coran en a eu l’idée : sourate an-nisa verset 153. Cet exemple illustre parfaitement le caractère unique du Coran dans son organisation.
L’unicité de la narration dans le Coran ainsi que l’unicité de la structuration des thèmes abordés sont donc démontrées. L’unicité étant une condition nécessaire mais non suffisante pour prouver l’inimitabilité d’une chose, il convient de compléter la réflexion en rappelant que, comme susmentionné, la narration et la structuration des thèmes dans le Coran sont uniques parce qu’elles défient tout cheminement psychologique humain. Aucun être humain n’a jamais produit d’œuvre similaire au Coran pour la simple raison que le texte Coranique bouleverse toute trame littéraire traditionnelle de par son atypisme. Ainsi, la structure du Coran échappe à la compréhension humaine. Le Coran est donc un texte unique en son genre et hors de la portée humaine. Toutes ces conditions forment donc un ensemble suffisant pour nous permettre, après cette analyse littéraire macroscopique du Coran, d’affirmer raisonnablement que le Coran est littérairement inimitable dans sa narration et sa structure.