Le 10 février 2025, l’Autorité palestinienne avait décrété la fin des allocations aux familles des prisonniers et tués par l’État d’Israël. Il va de soi qu’une telle mesure vise à affaiblir la résistance en Cisjordanie. Il n’est pas inutile de souligner que ce décret répond à une demande de longue date faite par les États-Unis.
La nomination en 2024 d’un nouveau Premier ministre par Mahmoud Abbas sous la pression des pays occidentaux fut accueillie par une forte opposition du Hamas, du Jihad islamique palestinien et du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, marxiste), en des termes sans équivoque : «former un nouveau gouvernement sans consensus national va aggraver les divisions».
Dans un communiqué conjoint, ces organisations ont souligné «la profonde crise au sein de l’Autorité palestinienne et sa déconnexion de la réalité» tout en mettant en exergue le «fossé entre l’Autorité et le peuple».
Le vendredi 15 mars 2025, le Fatah de Mahmoud Abbas, a accusé le Hamas «d’avoir causé le retour de l’occupation israélienne de Gaza» en «entreprenant l’aventure du 7 octobre 2023» qui a mené à une «catastrophe [nakba, en arabe] encore plus horrible et cruelle que celle de 1948».
Mahmoud Abbas passe sous silence la colonisation sioniste qui continue son œuvre d’expropriation de terre et d’assassinat avec la complicité tacite de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Sous la pression des États arabes et des puissances occidentales, un nouveau Premier ministre, en la personne de Mustapha, est nommé par Abbas, toujours, «accroché à une branche pourrie», afin qu’il soit plus crédible pour administrer un futur État palestinien à Gaza et en Cisjordanie. Un État sous tutelle arabe sur le plan financier et sous contrôle politique israélien.
Il va de soi qu’un tel objectif présuppose l’éradication de la résistance palestinienne et à Gaza et en Cisjordanie.
Mais pour préparer et faire accepter par le peuple palestinien l’avènement d’une telle situation, il faut au préalable créer l’atmosphère politique adéquate. Le porte-parole, Mounther al-Hayek du parti du président palestinien Mahmoud Abbas a abondé dans ce sens en déclarant que «le Hamas doit faire preuve de compassion pour Gaza, ses enfants, ses femmes et ses hommes. Nous mettons en garde contre des jours difficiles, rudes et pénibles pour les habitants de la bande de Gaza».
Quant à l’État Jordanien, il propose dans la première étape, l’exil des membres du Hamas et de désarmer la Résistance et l’expulsion de 3000 membres du Hamas, y compris des dirigeants militaires et civils, de la bande de Gaza. Cette position jordanienne a été suivie d’une multiplication des frappes aériennes d’Israël à Gaza et d’interventions militaires terrestres.
Aussi ce n’est nullement anodin de souligner que le plan de paix proposé par la Ligue arabea au moins un point de convergence avec celui de D. Trump soutenu par l’État sioniste : le désarmement de la résistance.
Reste à légitimer aux yeux du monde et des peuples arabes cette première étape pour pouvoir mettre en place la deuxième étape, à savoir l’effacement politique du peuple palestinien et réduire la question palestinienne à une simple question humanitaire dans un premier temps, suivie de la mise en place d’une administration palestinienne pour gérer le quotidien des Palestiniens, demeurant encore en Cisjordanie et à Gaza… Dans tous les cas, les manifestations à Gaza contre le Hamas servent à disqualifier cette organisation. Aussi, des différentes déclarations et du porte-parole de Abbas et de l’État jordanien, citées ci-dessus, on ne peut qu’émettre l’hypothèse suivante : l’Autorité palestinienne et les États jordanien et égyptien tentent de mettre en place les conditions favorables à la réalisation de la première étape, en organisant des manifestations palestiniennes à Gaza contre le Hamas.