Râbi'ah al 'adawiyyah (d.180 ou 185)

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اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Al Hâfiz Shams Ud Dîn Adh Dhahabî a dit d’elle dans son Siyar A’lâm In Nubalâ° :
" Râbi’ah Al ‘Adawiyyah de Bassora, l’ascète, l’adoratrice pleine de crainte révérencielle, Ummu ‘Amr, Râbi’ah fille de Ismâ’îl, liée aux ‘Atakî. Ibn Al Jawzî composa un ouvrage traitant de sa vie. "
Et le Shaykh Farîd Ud Dîn Al ‘Attâr a dit dans son Tadhkirat Ul Awliyâ° :

" On rapporte que lors de la nuit où sa mère l’a mise au monde, il n’y avait aucun drap pour l’envelopper, ni assez d’huile pour allumer la lampe [et ainsi éclairer la pièce]. Son père, qui avait déjà trois filles, en eut désormais quatre. La mère de Râbi’ah dit à son mari :" Va chez notre voisin et demande-lui de l’huile de l’une de ses lampes et reviens. " Mais le père de Râi’ah s’était promis de ne jamais rien demander à une quelconque créature. Il se leva donc, partit jusqu’à la porte d’entrée du voisin, puis revint chez lui en disant que tout le monde dormait. Il alla ensuite se coucher, triste de n’avoir que des filles, et s’endormit. C‘est alors qu’en rêve, il vit le Messager d’Allâh (ﷺ) lui dire : " Ne sois pas triste d’avoir cette fille, car assurément, 70 000 parmi ceux de ma communauté qui seront sous sa protection et qui bénéficieront de son intercession. " Puis le Prophète (ﷺ)dit :" Demain, dès l’aube, rends-toi chez ‘Îsâ Ibn Zâdhân, le gouverneur de Bassora, et dis-lui que le Prophète (ﷺ) te dit : "Tu faisais chaque nuit 100 prières sur moi et 400 lors de la nuit du vendredi. Cependant, tu l’as oublié hier soir. "Et sa réparation est qu’il te donne 400 dinars. " Lorsqu’il se réveilla, le père de Râbi’ah pleura et écrivit les paroles qu’il avait entendu du Messager d’Allâh (ﷺ), et cela figurait également parmi ses recommandations (ﷺ). Il donna le messagele lendemain à l’un des portiers de ‘Îsâ qui le lui remit. Et lorsque ‘Îsâ prit connaissance du contenu du message, il donna en aumône 2000 dinars à destination des pauvres afin de rendre grâce à Allâh du fait que le Prophète (ﷺ) l’ait mentionné, et il donna à cet homme les 400 dinars, et c’est lui même en personne qui vint jusqu’à lui. Il dit : " Il est le messager du Messager d’Allâh (ﷺ) envoyé vers moi, il est donc impératif pour moi de le vénérer et de l’honorer. " Puis il jura afin que tout besoin de cet homme lui soit soumis. Ainsi, il récupéra les dinars et les dépensa dans les besoins de la fille qui venait de naître, entre autres.
 
Comme mentionné plus haut par Adh Dhahabî, l’Imâm Abu-l-Faraj Ibn Al Jawzî consacra un livre entier retraçant la vie de Sayyidah Râbi’ah, qu’il intitula Manâqib Râbi’ah Al ‘Adawiyyah. Il écrivit également le même type de livre sur d’autres soufis comme Ma’rûf Al Karkhî, Ibrâhîm Ibn Ad-ham, Bishr Al Hâfî et plusieurs autres. L’Imâm Ibn Al Jawzî rédigea aussi une brève biographie remplie d’anecdotes à son sujet dans son abrégé du Hilyat Ul Awliyâ° de l’Imâm Abû Nu’aym, intitulé Sifat UsSafwah. Il a dit ainsi :
" ‘Abdu Llâh Ibn ‘Îsâ a dit : " Alors que j’étais entré chez Râbi’ah, j’ai vu son visage illuminé.

Elle avait la larme facile. Lorsqu’un jour un homme récita un verset du Qur°ân mentionnant l’Enfer pendant qu’elle chez elle, elle poussa un petit cri, puis s’évanouit. "
Masma’ Ibn ’Âsim et Riyâh Al Qaysî rapportèrent : " Nous avons vu Râbi’ah Al ‘Adawiyyah se voir offrir par un homme une somme de 40 dinars en lui disant : " Utilise-les pour subvenir à tes besoins. " Elle se mit alors à pleurer en disant la tête levée vers le ciel : " Il sait que j’ai honte de Lui demander ce bas-monde alors qu’Il le possède, comment pourrais-je don le prendre auprès de celui qui ne le possède pas ?! ".

Muhammad Ibn ‘Amr a dit : " Je suis allé chez Râbi’ah alors qu’elle était une vieille dame de près de 80 ans. Elle ressemblait à une petite outre usée sur le point de fléchir. J’ai vu dans sa chambre une natte en fibres de palmier et une penderie perse en roseaux longue de deux coudées. Le rideau de sa chambre était fait de cuire, voir de joncs. Il y avait aussi une grande jarre et un tapis en laine qui lui servait à la fois de couche et de tapis de prière. Elle avait mis son linceul sur la penderie de roseaux. Lorsqu’elle se rappelait de la mort, elle s’agitait et tremblait. Lorsqu’elle passait devant des gens, ils ne pouvaient s’empêcher de voir la manifestation de la dévotion en elle. "

Un jour, quelqu’un lui demanda : "Prie pour moi ! " Elle se colla au mur et répondit : " Mais qui suis-je ?! Qu’Allâh te fasse miséricorde ! Obéis plutôt à ton Seigneur et invoque-Le, Il répond assurément à ceux qui se trouvent dans la détresse......
 
Sajaf Ibn Mansûr a dit quant à lui : " Je suis allé chez Râbi’ah tandis qu’elle était en train de se prosterner. En se rendant compte de ma présence, elle leva sa tête et je vis que l’endroit où elle était prosternée était semblable à une petite flaque d’eau à cause de ses pleurs. Elle clôtura [sa prière] puis se tourna vers moi, me disant : " Ô mon fils, veux-tu quelque chose ? " Je répondis : " Je suis venu simplement pour te saluer. " Elle se mit à pleurer et dit : " Ô mon Dieu, protège-moi. " Elle fit ensuite d’autres invocations, puis se leva et fit à nouveau la prière. "

Et Al ‘Abbâs Ibn Al Walîd a dit aussi : " Râbi’ah disait : " Je demande pardon à Allâh (glorifié et exalté soit-Il) pour mon manque de sincérité lorsque je dis " je demande pardon à Allâh. ". "

Azhar Ibn Marwân a dit : " Râbi’ah reçut un jour la visite de Riyâh Al Qaysî, Sâlih Ibn ‘Abd Il Jalîl et Qilâb. Ils discutèrent de ce bas-monde et le critiquaient. Râbi’ah dit quant à elle : " Moi, ce que je vois est que les quatre coins du monde sont dans votre coeur ! " Ils dirent : " Comment es-tu certaine de cela ? " Elle dit : " Vous n’avez que fait de regarder les choses les plus présentes dans vos coeurs puis vous êtes mis à parler d’elles… ". "

Ja’far Ibn Sulaymân a dit : " Sufyân Ath Thawrî me prit un jour par la main et me dit : " Viens avec moi visiter cette éducatrice qui, après à chaque fois que je la quitte, je ne trouve personne d’autre avec qui partager la sérénité ! " Une fois entré chez elle, Sufyân leva ses mains et s’exclama : " Mon Dieu ! Je t’implore de me gratifier de la salvation ! " Râbi’ah se mit alors à pleurer. Il demanda : " Qu’est-ce qui te fait pleurer ? " Elle dit : " C’est toi qui me fait pleurer. " Il dit : " Comment ça se fait ? " Elle répondit : " Ne sais-tu pas que la salvation dans ce monde implique d’abandonner tout ce qu’il contient ? Mais qu’en est-il te concernant alors que tu es éclaboussé par lui [étant donné tes gratifiant postes d’enseignant et théologien reconnu] ? ". "

Ja’far Ibn Sulaymân a dit à ce titre : " J’ai entendu Râbi’ah dire à Sufyân : " Tu n’es qu’une somme de jours bien peu nombreux. Lorsqu’un jour passe, une partie de toi est passée aussi. Il se peut que lorsqu’une partie de toi disparaîtra, c’est le tout dans son ensemble qui disparaîtra. Tu es bien au courant de cela, alors œuvre en conséquence ! ". "
 
Et ‘Abîs Ibn Maymûn Al ‘Attâr a dit : " ‘Abdah Bint Abî Shawwâl, une des plus méritantes parmi les servantes qui travaillaient au service de Râbi’ah, m’a dit :

" Râbi’ah priait tout le long de la nuit, et lorsque l’aube arrivait, elle faisait une légère sieste là où elle priait jusqu’à ce que le soleil apparaisse. Je l’entendais dire lorsqu’elle se réveillait : " Ô âme, combien dors-tu, quand vas-tu donc te lever ?! Il se pourrait bien que tu dormes d’un sommeil dont tu ne te réveilleras pas jusqu’au grand cri survenant lors de la résurrection ! " Telle était son habitude jusqu’à sa mort.

Lorsqu’elle était sur le point de mourir, elle m’appela et me dit : " Ô ‘Abdah ! N’informe personne de ma mort et habille-moi avec cette robe que voici. " C’était une robe faite de poils d’animaux qu’elle mettait lorsqu’elle veillait en prière tandis que les gens dormaient. Nous l’avons donc habillé de cette robe et d’un voile en laine qu’elle avait l’habitude de porter.

Un an plus tard, je l’ai vu en rêve, habillée d’une robe de brocart vert et d’un voile en soie de couleur verte, je n’avais jamais rien vu de plus beau. Je lui demandais : " Ô Râbi’ah ! Qu’est devenue la robe dont nous t’avions habillé ainsi que le voile en laine ? " Elle répondit : " Ils m’ont été enlevés et remplacés par ce que tu vois. Mon linceul fut plié, scellé et élevé jusqu’au ‘Illiyyîn afin d’y être récompensée lors du joru de la résurrection. " Je dis : " C’est pour cela que tu oeuvrais durant tous ces jours de cette vie d’ici-bas. " Elle dit : " Telle est la générosité d’Allâh à l’égard de Ses amis. " Je lui dis : " Qu’est devenue ‘Abdah Bint Abî Qilâb ? " Elle répondit : " Elle nous a précédée dans les plus hauts degrés. " Je dis : " Et comment a-t-elle pu atteindre cela alors que tu étais bien plus dévote qu’elle selon l’avis des gens ? " Elle répondit : " Elle ne se préoccupait pas de la situation dans laquelle elle se levait le matin, ni dans ce dans quoi elle était lorsque tombait la nuit au sein de ce bas-monde. " Je dis : " Et Abû Mâlik, qu’est-il devenu ?! " (et elle entandait par là Dhaygam). Elle répondit : "Il rend visite à Allâh comme bon lui semble. " Je lui dis : " Et Bishr Ibn Mansûr ?! " Elle répondit : " Il a reçu encore plus que ce qu’il espérait. ". "

Je me contenterai de ces quelques récits concernant Râbi’ah étant donné que je lui ai consacrée un livre entier au sein duquel j’ai compilé ses paroles et des anecdotes à son sujet. "

Et Al Hâfiz Adh Dhahabî a dit :

" Elle vécut 80 ans. Elle décéda en l’an 180. "

Al Hâfiz ‘Imâd Ud Dîn Ibn Kathîr a dit quant à lui dans son Al Bidâyah Wa An Nihâyah qu’elle décéda en 185 H. D’autres avancèrent la date de 135 H., ce qui paraît peu probable. Elle est enterrée au Mont des Oliviers de Jérusalem en Palestine.

Qu’Allâh agrée cette noble sainte qui a marqué la Ummah de son empreinte par sa spiritualité et sa splendide affirmation du tawhîd, et lui accorde le plus haut degré du Paradis pour demeure éternelle dans la contemplation parfaite de son Seigneur et Maître (exalté soit-Il). Allâhumma âmîn.

http://www.at-tawhid.net/biographie...-rabi-ah-al-adawiyyah-d-180-ou-185__1142.html
 
Tu es mon repos

"Mon repos, ô frères, est dans ma solitude,
Mon Aimé est toujours en ma présence.
Rien ne peut remplacer l'amour que j'ai pour Lui,
Mon amour est mon supplice parmi les créatures.
Partout où j'ai contemplé sa beauté,
Il a été mon mihrab et ma qibla.
Si je meurs de cet amour ardent et s'il n'est satisfait,
Oh, cette peine aura été mon malheur en ce monde!
Ô médecin du coeur, Toi qui est tout mon désir,
Unis-moi à Toi d'un lien qui guérisse mon âme.
Ô ma joie, ô ma vie pour toujours!
En toi mon origine, en Toi mon ivresse.
J'ai abandonné entièrement les créatures dans l'espoir
Que Tu me lies à Toi. Car tel est mon ultime désir."
 
Le Cheikh de Basra et Râbîah

Le Cheikh de Basra alla un jour auprès de Râbîah, et il lui dit :

" Ô toi qui connais tout ce qui concerne l'amour divin ! apprends-moi une sentence que tu ne tiennes de personne, que tu n'aies dite à personne et que tu n'aies pas vue se vérifier. Dis-moi ce que tu as trouvé clair de soi-même, car le je désire ardemment."

Râbîah lui dit : "Ô Cheikh du temps ! j'avais tressé quelles pièces de corde ; je les portai au marché, je les ai vendues et j'ai été contente de ma vente, car j'ai gagné deux pièces d'argent ; mais je n'ai pas mis ces deux pièces dans une seule main.

J'en ai pris une dans une main et l'autre dans l'autre main, parce que si les deux pièces avaient été ensemble, je n'aurais pas dormi de la nuit, dans la crainte des voleurs.

L'homme du monde place son esprit et son coeur dans le sang ; il place des milliers de filets de différentes sortes jusqu'à qu'il soit injustement en possession d'un grain d'or ; lorsqu'il l'a obtenu , il meurt et bonsoir.
Cet or devient légitime pour son héritier, tandis qu'à cause de cet or il est dans les tourments."


Ô toi qui vend le Simorg pour de l'or, et qui as enflammé ton coeur comme la bougie par l'amour de ce métal ! si tu n'entres pas du tout dans la voie que je t'indiques, tu ne pourras acquérir la moindre parcelle du trésor qu'on y trouve , ni voir la face de son or.

Si tu poses le pied dans le chemin comme la fourmi, on te prendra par force par ta taille, fine comme un cheveu ; mais lorqu'on ne ressent pas le moindre amour, on n'ose pas aborder cette route.


(Le langage des oiseaux - Farîd-Ud-Dîn ATTAR)
 
Mahmoud et Le renard sans pattes


Mahmoud ne sait comment mener sa vie. Il prend conseil auprès d’un sage : « Va dans la forêt, Mahmoud. Prends exemple sur la nature qui te donnera une leçon de vie » Mahmoud obéit. Près d’un buisson se prélasse un renard, la panse rebondie. Pourtant il n’a pas de pattes. Mahmoud est intrigué. « Comment ce renard fait-il pour se nourrir ? » Bien décidé à en avoir le cœur net, il fait le guet. Peu après, un ours abat une gazelle, la dévore bruyamment et abandonne la carcasse.


Alors le renard sort du buisson, rampe jusqu’à la proie pour grignoter les restes. « Voilà une leçon bien facile à comprendre » se dit Mahmoud. Sûr de son fait, il quitte la forêt, bien décidé à tirer parti de cette excellente leçon de vie. Deux ans plus tard, un clochard famélique toque à la porte du sage . Sous ses haillons crasseux, le sage reconnaît Mahmoud qui pleurniche : « Ton conseil ne m’a pas aidé, la nature m’a donné une mauvaise leçon, gémit-il. Je suis allé dans la forêt, j’ai vu un renard sans pattes, grâce à l’ours il ne manquait de rien. Comme le renard je me suis assis sans rien faire pour attendre les cadeaux de la vie.


Mais rien de bon ne m’est arrivé, et à présent je suis misérable, malade et sans ressources » Le sage hoche la tête : « La leçon était parfaite, c’est l’élève qui était mauvais. Tu as des pattes, pourquoi imiter le renard ? Ton modèle était l’ours. Sers-toi de tes pattes pour te nourrir et pour nourrir les faibles. »

Dans l’enseignement spirituel, chaque élève reçoit les conseils et les leçons appropriées à son cas et à son degré de développement. Les contes , constituent la clé de voûte de cette spiritualité profonde. Dans le Mesnevi de Rumi ou encore dans le Langage des oiseaux de Attar on peut y trouver un tas de contes pleins de richesses spirituels et d'enseignements pour faire grandir chacun d'entre nous.
 
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